Chapitre 2.2

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― Monsieur.

Le garde du corps.

― Laissez-moi, s'il vous plaît... j'ai besoin de...

De fuir. D'être libéré.

Je prends de grandes inspirations, mais ma gorge est nouée. La honte, l'anxiété du réveil au coucher... Je ne peux pas répondre à leurs attentes, je cours à la catastrophe et à l'humiliation publique !

Les larmes montent et je me mords la joue pour les chasser. En vain. Le garde du corps se plante à mes côtés.

― Permettez-moi de vous aider, Monsieur.

― Si vous voulez m'aider, faites-moi sortir d'ici.

Je prononce ces mots sans même les réaliser. Il me tourne vers lui et attrape le col de ma chemise. Je referme la main sur la sienne et le fixe avec de grands yeux.

― Que... que faites-vous ?

D'un geste délicat et pour ne pas entrer en contact avec la peau de mon cou, il dénoue légèrement mon nœud papillon et je retrouve aussitôt une sensation de fraîcheur. Puis il détend mon col de quelques centimètres et m'examine avec attention.

― Ça va mieux ?

― Je... un peu, oui. Merci.

― Ne me remerciez pas, je suis à votre service.

Je fronce un sourcil, perplexe.

― Je ne comprends pas.

― Qu'est-ce que vous ne comprenez pas ?

― Eh bien, quand quelqu'un vous aide, vous ne le remerciez pas, vous ?

Son regard s'agrandit et il me fixe de longues secondes avant de réprimer un léger sourire en coin.

― Vous ne venez pas de ce monde, je me trompe ?

Je me tourne vers la salle avec une moue froissée et soupire, dépité.

― Ça se voit donc à ce point...

― Je cerne vite les gens. Mais vous, ça a quand même l'air d'être un sérieux niveau, plaisante-t-il.

Je pose une main sur la rambarde et me prend le front dans l'autre paume.

― Je ne vais pas y arriver, vraiment pas... murmuré-je, à fleur de peau. Qu'on me sorte de là, je n'ai rien à faire ici.

― Pardonnez-moi, Monsieur, je n'aurais pas dû me montrer condescendant envers vous.

― Vous avez juste vu la vérité, monsieur Lennox. Je ne suis qu'un imposteur.

Je l'entends dissimuler un rire dans son poing et relève la tête vers lui. Se moquerait-il de moi ? Ou aurais-je encore été maladroit ?

― Quoi ? Qu'est-ce que j'ai encore dit ?

― Monsieur, appelez-moi par mon prénom tout simplement.

― Ah oui, je suis désolé.

― Et ne vous excusez pas auprès de moi en public comme ça, ajoute-t-il sur un ton secret.

― Ah ! Vous êtes un être humain, pas un animal, protesté-je. En plus, je m'excuse même auprès de mon chat. Et des meubles contre lesquels je me cogne. Vous allez devoir faire avec, mons... Ryan.

Je me triture les doigts et me rive sur le jardin pour ne pas affronter son regard rieur, mais du coin de l'œil, je perçois le large sourire sur son visage. Il se tourne dans la même direction que moi, face au grand jardin pourvu d'arbres.

Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant