Double jeu (MxM)

Chapitre 10

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PDV Ryan

Je trouve Ethan particulièrement soucieux, ces derniers jours. Il passe son temps avec ce formateur ou à se renseigner sur la concurrence et décortiquer certains dossiers. Il a même demandé sa nouvelle assistante d'obtenir des informations sur un chef d'entreprise. Sa détermination est impressionnante, mais son niveau de stress augmente à vue d'œil.

Ce soir, nous sommes en pleine réception, à la villa. La seconde en une semaine. La première l'a déjà épuisé – il a dormi dix heures d'affilé après son insomnie de la veille –, je n'ose pas imaginer dans quel état nerveux il sera demain.

Il porte un magnifique costume aux nuances beige qui fait ressortir le bleu lagon de ses yeux en amande et la couleur de ses beaux cheveux noirs. Un véritable acteur de drama.

Les invités sont une vingtaine, en majorité des milliardaires et héritiers de riches familles. Des fonds d'investissement sur patte. Mais il y a aussi quelques personnes d'un des centres médicaux qu'I-code fournit. Renouvellement de contrat, je suppose. 

Quoiqu'il en soit, je suis impressionné par le comportement d'Ethan. Il est passé de jeune homme réservé et peu confiant à chef d'entreprise, mature, chaleureux et affirmé. Certes, ce changement est forcé par les circonstances et cette sociabilité lui est imposée, mais ses capacités d'adaptation n'en restent pas moins remarquables.

Malgré tout, son état m'inquiète. Il ne se détend plus, même lorsque nous sommes tous les deux à la maison, et ne fait que placarder des sourires courtois à tout va. Mes attentions et mon affection n'ont plus d'effet sur lui.

Je me sens impuissant. Ce travail le ronge déjà au bout d'un mois, je ne sais pas combien de temps il va tenir le coup.

Je l'observe, bras croisés contre un mur, analysant les allers et venues du personnel ainsi que l'attitude de chaque invité. Je reconnais l'un d'entre eux. Un contrat qui a mal tourné. Mon caractère et le sien étaient disons... incompatibles.

Par chance, la richesse fait perdre la mémoire et on ne reconnaît plus certaines personnes, lorsque leurs visages nous dérangent. Et le mien dérange pas mal de monde, je dois dire.

Moi, ça me convient. Moins je fréquente d'humains, mieux je me porte. Et si je peux faire chier mon père en lui ramenant des clients mécontents, c'est le combo gagnant.

― Ryan ?

Je me tourne vers le blond qui m'interpelle et me fige sur place. Non, dites-moi que je rêve...

― Ryan, quel plaisir !

Il m'enlace et je me crispe entre ses bras, aussi raide qu'un chat sur le point de feuler. Il me prend par les épaules et me dévisage de ses grands yeux bleus avec ce sourire angélique qui a causé ma perte. Je me dégage de sa prise.

― Qu'est-ce que tu fous là ?

― A ton avis ? Ton patron nous a invités, mon père et moi. Le tournage est en pause, alors j'en profite.

Sa voix sucrée me file la gerbe. Je croise les bras et détourne une moue aigrie, la lèvre retroussée.

― Toujours fidèle à toi-même, mon petit Ryan. Il arrive à te supporter, le petit Silverwood ?

― Ça matche très bien entre nous, figure-toi. Quand j'dois pas me farcir un connard, en fait, il paraît que je peux même devenir agréable.

― Wouah, agréable, carrément ? Remarque, c'est vrai que ça a toujours été agréable, avec toi...