Chapitre 11.2

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Elle effleure ma joue du bout des lèvres et je me crispe contre le meuble.

― Avez-vous déjà connu des femmes d'expériences ?

Je la fixe, hébété. D'expérience ? L'instant d'après, elle referme ses lèvres sur les miennes et glisse ses mains dans mon cou. Je me tétanise. Elle me contemple avec un regard fiévreux et se lèche la lèvre.

― J'ai toujours préféré les hommes plus jeunes que moi. Mais vous, vous êtes si jeune...

Ses mains descendent de mon cou sur mon torse en direction de mon entrejambe. Mon Dieu, que dois-je faire ? Comment rejeter ses avances ? « Repoussez une dame pour une main baladeuse et vous pourrez dire adieu au contrat. »

Je me mords la lèvre. Si je la froisse, ce sont des milliards que je ferai perdre à I-code. Dois-je vraiment... Je sursaute lorsqu'elle empoigne mes parties et les malaxe. Je lui saisis le poignet.

― M-Maggie... !

Elle m'embrasse à nouveau et fourre sa langue dans ma bouche. Mon estomac se tord et mon cœur s'emballe. Mais le pire est de me sentir durcir entre ses doigts. Elle ne va jamais s'arrêter si elle pense que j'aime ça !

― Je vous en prie, ici c'est...

― Dites-moi, l'avez-vous déjà fait avec une femme ?

Je la regarde, le feu aux joues. Va-t-elle me trouver moins attirant si je lui réponds par l'affirmative ? A mon grand dam, mon hésitation parle à ma place et semble la réjouir.

― Oh, mon petit chéri... Je peux donc être votre première, s'émerveille-t-elle dans un souffle alangui.

Elle défait ma ceinture d'une main habile. Quelques secondes lui suffisent pour s'insérer dans mon caleçon. Je prends une grande inspiration et serre les dents. Peut-être ne me faudra-t-il endurer que ça ?

Elle prend ma main et la glisse dans son décolleté, pour lui pétrir les seins, mais je la retire aussitôt, effrayé. Elle hausse un sourcil, visiblement contrariée.

― Vous pensez sûrement que le corps d'une femme de mon âge n'est pas aussi galbé de ceux des jeunes filles de votre âge, mais laissez-moi vous montrer l'inverse.

Elle me tire à elle et nous enferme dans la première pièce qui lui tombe sous la main. Pour mon plus grand malheur, c'est une chambre d'amis. A la clarté de la lune, je la vois s'avancer vers moi d'un pas langoureux et recule en direction du lit, malgré moi.

En ce moment, tout ce qu'il me reste du PDG, ce sont les chaînes avec lesquelles on a étranglée ma personnalité et qui m'empêchent de la rejeter. Toute mon assurance, mon nom, mon rang, ma virilité, tout vient de s'envoler.

― S-s'il vous plaît, Maggie, ce soir, je ne suis pas...

― C'est normal d'être anxieux, souffle-t-elle en se déshabillant, laissez-moi faire, je vais m'occuper de tout.

Elle ôte sa robe devant moi et la laisse tomber sur le sol, révélant une poitrine généreuse, dénuée de soutien-gorge. Je tourne la tête, plus gêné qu'autre chose par cette vision. Cette femme me fait peur.

Elle se débarrasse de ma veste et de mon gilet et ouvre ma chemise avant de me pousser sur le lit et de s'allonger sur moi. Je ferme les yeux et déglutis.

― Tu as une capote ?

Les préservatifs ! C'est l'excuse parfaite !

― N-non. Je suis désolé, nous ne pouvons pas...

― Tu es vierge, tu me fileras rien.

J'ouvre de grands yeux. Et elle, que va-t-elle me transmettre ?! Elle fourre sa main dans mon caleçon pour me reprendre en main avec plus de vigueur, mais je la stoppe avec fermeté.

― Madame Johnson, je refuse de faire quoique ce soit sans préservatif !

― C'est bon, je suis clean.

Elle me musèle par un baiser et tente de me faire durcir, mais, cette fois, je rejette sa main et tente de me défaire de son emprise.

― Ethan, veux-tu une plainte pour harcèlement ? Ou pour agression ?

― P-pardon ?

― Je suis une femme mariée et cela fait un moment que nous sommes absents. Si l'envie me prend, je peux sortir maintenant de cette pièce en pleurant, dans cette tenue, et te plonger dans un gouffre sans fond, toi et I-code. Tu sais à quelle vitesse chutent les actions d'une entreprise dont l'image est ternie ?

Je reste sans voix. Pourquoi ? Pourquoi tant de méchanceté ? de sadisme ? Tout ça pour arriver à ses fins égoïstes ? Je ne mérite pas de vivre de telles horreurs, je ne peux pas !

L'adrénaline pulse dans mes veines. Je me relève d'un coup, trébuche sur sa robe, et quitte la chambre en panique. C'est là que je tombe sur Ryan, planté au beau milieu du couloir. Nous nous dévisageons de longs instants, puis je me précipite dans ma chambre et m'y enferme pour aller me réfugier derrière mon lit, les genoux repliés contre moi. Les larmes coulent à flot. Faites que tout ça s'arrête ! Je n'en supporterai pas davantage...


Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant