Même une fois à la maison, je reste vigilant à son état. Il part s'enfermer à la salle de bain et je colle l'oreille contre la porte.
― Tu m'appelles si tu as besoin, hein ?
― Mmh. T'inquiète.
Comment pourrais-je ne pas m'inquiéter... Je soupire et m'en retourne à ma chambre pour enfiler une tenue décontractée, puis descends préparer mon lait. J'ouvre le frigo, examine toute la nourriture intacte à l'intérieur, et me remplis un verre. Si j'avais su cuisiner, je lui aurais préparé quelque chose de réconfortant.
J'avale mon lait, pensif. Une petite pâtisserie, peut-être ? C'est toujours plus touchant que commander un gâteau déjà fait. D'ailleurs, à part qu'il raffole du poulet frit et des tartes aux pommes aux épices, je ne connais même pas ses goûts alors qu'il connaît les miens par cœur. Honte à moi.
Un bruit m'interpelle. Le son résonne dans toute la maison. Je repose mon verre, déjà vide, et reprends les escaliers. Ces sonorités... Le piano. Il sait donc en jouer ?
Je cours me poster à l'entrée de la pièce et l'observe, ébahi. Clair de lune, de Debussy. A ma grande surprise, il joue le morceau comme s'il en était le compositeur. Ses doigts glissent avec grâce et raffinement sur les touches, souples et habiles.
La mélodie chagrine, nuancée par un florilège de sentiments, fait monter en moi l'émotion. Ma gorge se serre. C'était l'une des musiques préférées de ma grand-mère, elle fait partie de ma jeunesse.
J'avance à pas lents pour ne pas le perturber, même si, avec son talent et son hypervigilance, je me doute qu'il s'est déjà aperçu de ma présence. Je m'arrête à deux mètres de lui et me laisse bercer, paupières closes, par les dernières notes, aussi légères que des plumes.
Un silence paisible retombe. Aucun d'entre nous ne parle. Nous nous comprenons à travers ce que la musique représente pour nous : l'expression silencieuse de nos maux profonds. Si les autres ne voient qu'un pianiste, moi, je vois une explosion colorée de sentiments, l'aura magnifique et puissante de son identité.
Je m'installe à côté de lui, sur le banc de velours, et il se décale légèrement pour me laisser le côté gauche du piano. S'il maîtrise aussi bien Debussy, il aime donc les grands maîtres.
Quelques secondes de réflexion, puis j'entame Mariage d'amour, composé par Paul de Senneville. Un morceau en G mineur, aussi éloquent dans son sens qu'empreint d'une intense mélancolie.
D'une main douce et aérienne, je laisse traîner l'écho des notes par quelques effleurements sur la pédale de sustain. Une douce tristesse se grave dans l'air et s'ancre en nous. Puis, je marque une pause en levant les mains quelques instants dans les aigus, dans l'espoir qu'il poursuive avec moi sur la deuxième partie où le tempo s'emballe et les émotions fulgurent.
Pour mon plus grand bonheur, il répond à ma demande et ses doigts se déposent sur les touches. Du coin de l'œil, je discerne le sourire ému qui se dessine sur ses lèvres. Mes yeux s'embuent.
Dans un accord parfait, nous continuons le morceau alors qu'il s'approprie un accompagnement dans les tonalités plus aigues afin de me suivre et me compléter. La fusion est magique, l'harmonie parfaite. C'est comme si nous avions joué ensemble toute notre vie.
Lorsque viennent les dernières cascades de notes, coulant avec finesse et fluidité sur le côté droit du piano, nos doigts s'entremêlent avec tout le naturel du monde et il termine dans une délicatesse divine. Le final éthéré de notre union mélodieuse.
Nos doigts glissent des touches pour retomber sur nos cuisses et nous prenons un moment pour apprécier l'instant où les émotions nous possèdent encore avant de nous regarder dans les yeux. Son regard est plein d'étoiles, un émerveillement voilé par le chagrin indescriptible qui ronge son cœur.
Je lui renvoie un sourire plein de tendresse et caresse son visage avec l'illusion de pouvoir décrypter les tréfonds secrets de son âme. Il penche la tête sur le côté pour épouser ma paume sans me lâcher des yeux.
Sa fragilité m'apparaît plus palpable que jamais, m'imprègne et me bouleverse. J'ai le sentiment qu'il m'offre bien plus que ce que j'imagine, sans pour autant poser les mots.
Mes rêves de romances me murmurent que ce morceau vient de marquer les prémices de quelque chose de plus grand que nous. Plus fort et plus beau. Un symbole qui se graverait un jour dans l'or et le temps.
Avez-vous aimé ? Les musiciens auront sans doute mieux senti l'ambiance, mais j'ai fait au mieux dans mes descriptions pour toucher et immerger tout le monde... 🙏🏻🤞🏻
Question : comprenez-vous le sens du morceau choisi par Ethan et de ses derniers mots ? 💛
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Double jeu (MxM)
RomanceGARDE DU CORPS x PDG 🔞 Ethan, jeune Coréo-américain, se voit forcé d'hériter de la multinationale de son père. Il se retrouve enchaîné par un mystérieux contrat à Ryan, un garde du corps cynique, sans scrupules et misanthrope. Malgré son caractère...