Chapitre 16.1

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Ethan PDV


La journée s'est écoulée dans le calme le plus complet. La paix de la maison, le chant subtil des oiseaux et du vent dans les feuillages me conviennent beaucoup mieux que le brouhaha de fond des bureaux.

La nuit est tombée et je suis toujours dans ma chambre à travailler sur mon ordinateur, à mon bureau. Ma tante m'avait donné cette journée pour me reposer, mais j'ai préféré m'occuper l'esprit pour oublier la douleur qui pèse sur ma poitrine.

Je suis satisfait d'avoir aussi productif dans mes objectifs, mais je me sens de plus en plus faible. Je laisse retomber mon front dans ma main. Peut-être est-ce parce que je n'ai avalé qu'un café aujourd'hui ? Je frotte mon ventre et caresse mes côtes.

Combien de kilos ai-je perdu en deux semaines ? Ce constat m'inquiète. Le stress me coupe l'appétit, je mange comme un moineau.

Ryan frappe à la porte avant de l'ouvrir sans attendre ma réponse.

― Est-ce que je t'ai permis d'entrer ?

― Tu m'aurais envoyé chier.

― Et c'est ce que je vais faire. Dégage de ma chambre.

― T'as rien mangé depuis hier après-midi et ce n'était qu'un en-cas, dit-il en s'avançant vers moi. Tu dois manger.

― Je fais ce que je veux. Bonne nuit, à demain.

― Je suis responsable de ta santé. Je vais pas te laisser mourir de faim.

― Tu vas me forcer à manger ? Ou me manipuler pour ça ? T'en serais bien capable.

Je sens son regard peser sur moi alors qu'il reste immobile au centre de la pièce. Il baisse la tête.

― Si j'avais su que ça aurait eu tant d'impact sur toi, je t'aurais jamais touché.

Je me lève brusquement de mon siège et le fusille d'un œil noir.

― Tu m'as volé ma première fois pour assouvir tes fantasmes ! Et en plus de ça, tu me parles comme à un chien ! Comment est-ce que tu crois que je vais réagir, hein ? Ha ! Ton p'tit Sujin... Putain, tu me dégoûtes.

Son regard roule vers le bas, chargé de tristesse. Mes propres mots me fissurent le cœur. Tant de méchanceté ne me ressemble pas, mais sa présence est trop douloureuse. Je ne supporte pas de lire la douleur sur son visage alors qu'il est celui qui m'a blessé. A travers son silence, encore et toujours, je sens le poids de tant de choses qu'il n'exprime pas.

― Va-t'en, fais-je en m'en retournant à mon bureau.

Ma tête se met à tourner au bout de quelques pas et je vacille.

― Ethan ?

Mes jambes tremblent. Pourquoi est-ce que je me sens si mal ? Je finis par tomber à genoux, vidé de mes forces. Ryan se jette à mes pieds, mais dès qu'il me touche je rejette sa main.

― Laisse-moi !

― Si ça continue, tu vas te retrouver à l'hôpital, c'est ce que tu veux ?

Mon cœur cogne fort dans ma poitrine, même lui semble fatigué de battre. Mon souffle est court, mes yeux se ferment tout seul. J'aimerais qu'on me laisse dormir sans jamais plus me réveiller.

― Ethan, je suis désolé, tout est de ma faute, se navre-t-il. Je t'en supplie, avale quelque chose...

― Tu me supplies, vraiment ? Tu as peur pour ton contrat, tout à coup ?

― Putain, je m'en branle de ce contrat ! S'il te plaît, écoute-moi.

― Non, je ne vais pas me laisser manipuler encore une fois.

― Je ne veux plus rien obtenir de toi. Mais si je peux améliorer la situation... je voudrais au moins... t'offrir un petit bout de vérité.

Je relève le nez vers lui. Il paraît réellement déconfit. Je ne l'avais encore jamais vu dans cet état d'inquiétude.

― Je ne pourrai pas te parler de la « logistique » qui entoure mon contrat, tu le sais.

― Pourquoi ?

― Parce que je suis tenu au secret, c'est dans les clauses que j'ai signé.

Je fais la moue, mais finis par acquiescer.

― Mais sache que si je ne dois pas être proche de toi, si je t'ai fait souffrir, c'est à cause de mon père. S'il apprend que je suis tombé a...

Il s'interrompt.

― Si ta tante décidait de lui révéler ce qu'il passé entre nous, il me virerait sur-le-champ. Et selon ses propres mots, il me remplacerait par le gars le plus dur qu'il ait. Et crois-moi, ce ne serait plus un garde du corps, mais une prison ambulante que tu aurais avec toi. Enfin, tu si tu tiens toujours à te débarrasser de moi, maintenant, tu sais comment le faire.

― Pourquoi tous ces secrets au sujet de ma protection, depuis le début ? Je ne suis pas l'enfant du président des Etats-Unis, explique-moi parce que ça devient absurde.

― Ça non plus, je ne peux pas t'en parler.

Je lève les yeux au ciel. Je pense que je vais devoir aller chercher les explications par moi-même. Personne ne décidera de qui partage ma vie à ma place.

― Je peux juste te dire que certaines personnes dans l'entourage personnel de ton père étaient dangereuses et qu'elles s'en prendront à toi si tu les dérange.

― Comment pourrais-je les déranger ? Qui sont ces gens ?

― Je ne peux pas t'en dire plus. Mais par respect pour toi et parce que je ne peux pas te laisser dépérir, je... je voulais être honnête, le plus que je pouvais.

Je soupire. Qu'est-ce que je vais de ces informations ? Il m'avait déjà parlé de la concurrence, mais je n'ai constaté aucun danger de ce côté-là. J'ai donc des réponses qui amènent encore plus de questions.


Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant