Chapitre 3

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PDV Ryan


La soirée a épuisé mon jeune patron, il s'endort à moitié dans la berline. Il faut dire que cette A8 est plus que confortable. Je le contemple dans le rétroviseur central. Un sourire pique le coin de ma lèvre.

C'était une rencontre on ne peut plus instructive. Ethan semble loin de ces gosses de riches qui traitent le personnel comme des êtres inférieurs. Combien de fois est-ce que j'ai eu envie d'encastrer l'un de ces mômes dans un mur ?

Pour une fois, je pense que le travail sera facile. Du moins, si les clauses de mon contrat s'arrêtent à celles de son père, mais je ne préfère pas penser à cette éventualité.

Je tourne à un virage et pénètre dans un quartier calme où plusieurs milliardaires ont fait construire leurs maisons de luxe, ces dernières années. Ethan remue à l'arrière, mais se ne réveille toujours pas. Il a l'air d'un gamin que je ramène d'une cérémonie scolaire.

Je hausse un sourcil et m'accoude au bord de la vitre. Tant de vautours convoitent ce trône que lui-même considère comme une tare. Et un accident est si vite arrivé, dans ce milieu, surtout lorsque de puissantes organisations tirent les ficelles, dans l'ombre. Un jeune tel que lui sera bientôt une cible facile pour des gens qui sont habitués à éliminer tout ce qui se trouve en travers de leur route.

I-code n'est pas juste la plus grande entreprise d'intelligence artificielle mondiale, c'est également une belle façade alimentée par des affaires bien plus sordides. Si Ethan avait su ce qui se tramait réellement dans l'ombre de son père, je ne sais pas s'il se serait engagé. Il a littéralement vendu son âme au Diable.

Nous arrivons sur le parking sablonneux de sa nouvelle maison. Un parc fleuri entoure la villa à deux étages. Une terrasse surplombe la végétation et mène jusqu'à l'entrée, dotée d'une magnifique fontaine. Standing classique pour un type comme lui.

Je descends de la voiture pour lui ouvrir et il manque de tomber lorsque j'ouvre la portière. Je le rattrape par l'épaule de justesse et il se réveille en sursaut.

― Je... je me suis endormi ?

― Excusez-moi, j'aurais dû vous avertir que nous étions arrivés.

Il secoue la tête et se frotte les yeux en baillant, puis sort de la voiture, encore groggy. Il se fige et contemple la villa avec un air ahuri. Là, il est bien réveillé.

― Que... c'est où, ici ?

― Chez vous, Monsieur.

Il me jette un regard hébété, presque anxieux. Je l'accompagne, chargé de ses affaires. C'est tout juste s'il n'allait pas prendre ses sacs lui-même.

― Oh, une fontaine ! Ryan, il y a une fontaine !

Il se penche au-dessus de l'eau scintillante, un sourire jusqu'aux oreilles. Plus ça va, plus il ressemble à un enfant. En même temps, il avait dix-neuf ans, hier encore. Une fois dans la maison, il examine les lieux à pas timides. Je le dévisage en coin tout en verrouillant la porte. Est-ce qu'ils sont sûrs de ne pas s'être trompés d'héritier ?

― Monsieur, vous n'étiez vraiment jamais venu ? Vous semblez très... perturbé par les lieux.

― Je savais juste que cette maison existait. C'est... enfin, c'était une résidence secondaire de mon père, dit-il en laissant traîner ses doigts sur l'un des canapés en cuir écru. En fait, je n'ai connu qu'un appartement de centre-ville et deux écoles privées, lorsque je vivais aux Etats-Unis. Mon père m'emmenait à son bureau, parfois, pour essayer de me donner le goût de son travail, mais cela ne fonctionnait pas et je passais mon temps le nez contre la baie vitrée pour admirer la vue sur les buildings. Tout ça... c'est vraiment nouveau pour moi.

Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant