Chapitre 27

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PDV Ryan


J'enfonce presque la porte du loft de Gilliane en entrant, Mike et Jason sur les talons.

― Vous foutez quoi ?! Faut que j'fasse tout sauter pour que vous bougiez ?

Elle accourt dans l'entrée en pyjama, ses lunettes sur le nez et son téléphone à la main. Deux types armés sont à ses côtés. Elle s'active à joindre l'équipe que j'ai demandé, c'est au moins ça.

Déjà deux heures trente qu'Ethan a disparu. Je dois intervenir au plus vite, mais nous ne sommes pas dans un film où trois couillons neutralisent une centaine de mecs à eux seuls. Pour le ramener en vie, j'ai besoin d'hommes.

― Vous savez qu'ils veulent le tuer, hein ? Vous le savez, non ?

― Ryan, les renforts arrivent, calmez-vous.

― Que je me calme ? Votre neveu va sûrement se faire tuer et vous, vous arrivez à rester calme ?!

Jason pose une main sur mon épaule.

― Mec, détends-toi.

J'inspire et fais un pas vers elle.

― Ecoutez-moi, Gilliane...

L'un des gardes s'interpose. Je m'adresse à lui sans le regarder.

― Mon gars, t'as trois secondes pour reculer avant que j'te pète les dents.

Il fait un pas de côté dès que je termine ma phrase.

― Ryan, vous imaginez bien qu'une enquête va être menée et que toutes sortes d'informations peuvent ressortir, reprend Gilliane. S'ils le tuent, ils courent à leur propre perte, un meurtre est bien plus grave qu'un enlèvement.

― Bien plus grave que tout ce qu'il veut révéler ? Parce que c'est ce qui se produira si la police le retrouve vivant, vous vous en doutez.

Ses lèvres se froissent.

― Vous et moi ne sommes pas directement concernés.

― Parlez pour vous. Je finirai enterré vivant si les Lennox sont exposés. Il n'y a pas de condamnation pour les assassins comme moi.

Le garde me lorgne de biais au mot « assassin ». Gilliane pousse un soupir nerveux.

― J'aurais dû l'enlever moi-même et tout plaquer quand il en était encore temps.

― L'enlever vous-même ? s'écrie-t-elle, suffoquée. Non mais vous vous entendez parler ? Quoiqu'il arrive, vous auriez fini incarcéré.

― Y'a que moi qui ai jamais pris sa sécurité au sérieux, c'est grâce à ça qu'on sait où il se trouve, grâce à la puce que je lui ai implanté dans le bras.

Elle me dévisage.

― Vous êtes complètement fou...

― Si j'suis fou, vaut mieux pas attendre que ma folie s'aggrave.

Je désigne les hommes avec elle du bout du menton.

― Vous avez que ces deux-là ?

― Les autres sont...

Son téléphone sonne dans sa main.

― Ils viennent d'arriver. Ils sont dans un fourgon, en bas. Je n'ai pas prévenu la police, comme vous me l'avez demandé. J'espère que vous savez ce que vous faites...

Je fais un signe de tête et les deux hommes sortent de l'appartement pour se calquer à mes ordres.

― Ramenez-le moi ici, Ryan. Ici et pas ailleurs, vous m'avez bien compris ? S'il disparaît après ça, je vous colle toute la police des Etats-Unis sur le dos et vous ne reverrez pas la lumière du jour.

― J'en doute pas une seconde.

Me pourchasser à travers le monde lui ferait beaucoup trop plaisir ;une chose que mon père et elle ont en commun. Je m'élance dans le couloir et nous dévalons les escaliers en trombe.


Nous pénétrons sur la propriété après quelques balles en pleines têtes et des nuques brisées. Jason nous couvre depuis un toit et fait tomber les gardes qu'il aperçoit comme des mouches grâce à ses talents de tireur, tandis que Mike, en bon sergent, dirige les troupes derrière moi d'une main de maître.

Les hommes répondent à notre intrusion dans le bâtiment en nous canardant et nous devons raser les murs pour progresser dans la pénombre, munis de nos lunettes infrarouges. Je prie pour qu'Ethan soit toujours en vie. Mon doux petit ange...

― Couloirs vides, m'informe Jason depuis le toit. Mais t'as du mouvement dans le hangar, ils sont en train de fuir.

― On y va ! Jason, suis-nous.

Je défonce la porte d'un grand coup de talon et nous entrons en force dans un grand garage dont les rideaux métalliques sont retroussés face à un fourgon, prêt à partir. Quelques hommes nous braquent, mais nous sommes plus rapides qu'eux. La plupart tombent sous nos balles, les derniers se réfugient dans le camion. Puis, j'aperçois Ethan. Mon Ethan, ligoté entre les bras d'Aleksi, une arme pointée sur sa tempe.

Sa bouche est scotchée, des mèches de ses cheveux sont collées par le sang sur son front, son t-shirt est abîmé par des traces de chaussures et son short est en lambeaux par terre. Mes yeux s'écarquillent et remontent dans le regard rieur d'Aleksi.

― Comment t'es arrivé aussi vite, mon p'tit Ry' ? Nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour nous amuser, lui et moi.

― Pourquoi tu lui as fait du mal ?! L'argent te suffisait pas ? Fils de pute !

― Il n'était pas obéissant, j'ai dû sévir... répond-t-il en reniflant ses cheveux.

Ethan ferme les yeux et tourne la tête. J'écume de rage. Cet enfoiré ! Je vais le dépecer vif ! Je braque mon révolver sur lui tout en avançant.

― A l'instant où tu tireras, je lui fais exploser le crâne, dit-il en reculant vers le fourgon.

Je murmure dans mon oreillette.

― Jay'.

Le temps d'un battement de cil et Aleksi se fait transpercer la tête par Jason depuis les toits. Le sang gicle sur le visage d'Ethan et le corps du traître retombe au sol.

― On décolle ! hurlent les gars dans le fourgon, en panique.

Le véhicule démarre sur les chapeaux de roues. Alors que mes équipiers le poursuivent et font pleuvoir les balles, je me précipite vers Ethan et il s'effondre à genoux dans mes bras, sous le choc. Je lui retire l'adhésif et il reprend sa respiration avant d'éclater en sanglots. Je le serre contre moi et le berce doucement.

― Je suis là, maintenant, petit cœur... Je suis là.

Je tranche les liens qui lui cisaillent les poignets à l'aide du couteau que j'ai à la ceinture, le soulève dans mes bras et nous quittons l'entrepôt au pas de course, escortés par Mike et son M249.

Arrivés au van, je l'installe sur mes genoux et nous démarrons dans lafoulée, une fois tout le monde revenu. Il tremble de la tête aux pieds... Je retire mon blouson tactique pour le draper dedans et le réchauffe du mieux que je peux.

― Comment il va ? me demande Jason.

Je caresse son visage, enfoui dans mon cou. Il est mal en point. Je fixe mes deux amis avec un air grave et garde le silence.

 

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