Chapitre 19.1

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PDV Ryan


Je me plie à ses ordres sans broncher. Je me déshabille et m'allonge sur le lit, mais en le voyant attraper l'un de nos lubrifiants et un gode, la tension monte soudain au creux de mon estomac.

― Qu'est-ce que tu fais ?

― Tu as tout fait, pas vrai ? me demande-t-il.

― Oui.

― Absolument tout ?

― Oui.

― Donc moi aussi, je peux tout te faire tout ?

― ... Oui.

Mon manque d'enthousiasme est évident. Il s'installe entre mes jambes et m'embrasse.

― Ryan, chéri, tu n'as pas envie de ça avec moi ?

― C'est pas toi, c'est juste que... depuis Chris, soupiré-je, j'ai du mal à recevoir plus qu'un ou deux doigts. Mais je sais que je dois passer outre.

Ce fou m'a dégoûté de tant de choses... Avant lui, le sexe était un défouloir indispensable pour moi. Je n'avais aucune limite et je cumulais les partenaires à n'en plus pouvoir les compter. J'ai tout testé, tout vu, tout connu. Je prenais beaucoup de plaisir à dominer mes amants et je n'avais aucune crainte non plus à être pénétré, même par plusieurs hommes à la fois. J'adorais le sexe sous toutes ses formes.

Mais depuis cette année de cauchemar, j'ai perdu confiance en moi. J'ai même posé de nombreux lapins à des gars, par peur de les décevoir. Espérer la meilleure séance BDSM de sa vie et tomber sur un maître aux mains tremblantes ? C'était hors de question.

Ryan Lennox, le meilleur coup des bars et clubs gays de Washington, ce titre n'est plus qu'un souvenir nostalgique.

― Est-ce que tu veux « passer outre » avec moi ? me demande Ethan.

Je pose mon front contre le sien.

― S'il y a bien une personne avec qui je le peux, c'est avec toi.

― Pourquoi moi ?

Deux tempéraments enflammés n'ont jamais fait bon ménage, chez moi. Avec mon putain de caractère, il faut quelqu'un de calme et tempéré pour ne pas partir au clash. Et aujourd'hui, pour me réconcilier avec la sodomie.

― Parce que tu seras doux et que j'ai confiance en toi.

― Et qu'on s'équilibre parfaitement, pas vrai ? ajoute-t-il avec un air complice.

J'acquiesce dans un sourire. Ethan est le seul à m'avoir vu sans ma carapace d'épines, dès le premier soir. Je me suis montré tel que j'étais et lui ai offert le véritable moi, sans même le réaliser. J'ai beau tenir le reste du monde à l'écart par mon hostilité, moi aussi, j'ai besoin d'amour. Moi aussi, j'ai besoin d'être choyé. Ne jamais pleurer ou fuir les gens ne fait pas moins de moi un être humain.

Avant Ethan, je refoulais toutes mes faiblesses et mes vulnérabilités. Je n'étais qu'un bloc de marbre, fissuré de l'intérieur. Il est la seule personne à m'avoir mis à nu et à pouvoir me toucher au plus profond de moi, sentimentalement comme physiquement.

― Vas-y, je suis à toi. Tu as tous les pouvoirs sur moi.

― Dis-moi si quelque chose te dérange, d'accord ?

Je hoche la tête. Il dépose un long et tendre baiser sur mes lèvres. Je laisse ses doigts enduits de gel caresser mon anus et s'infiltrer doucement. Il prend son temps, à l'écoute de mes réactions et de celles de mon corps. Tel que je l'imaginais, il prend mille précautions. Je peux me détendre.

Je ferme les yeux et le sens me pénétrer, peu à peu, tourner et bouger ses doigts en moi pour m'élargir. Il ne lésine pas sur le lubrifiant et en remet, sans doute par peur de me blesser. Une fois qu'il me pense assez ouvert, il attrape le gode en métal et l'enfonce petit à petit, sans aucune difficulté.

Je lâche de brefs soupirs. Malgré la fraîcheur du métal, la chaleur commence à monter. Il entame des va-et-vient qui me font frémir.

― Ethan...

Je me mets à haleter. Il s'arrête et me pince le menton du bout des doigts avec son petit air autoritaire, le sourcil relevé.

― Je n'ai pas bien entendu.

Je me mords la lèvre.

― Monsieur... Monsieur Silverwood, c'est bon...

― Mmh, c'est mieux.

Il plonge le jouet en moi plus profondément. Je gémis à chaque fois qu'il me l'enfonce. De fins éclairs de plaisir me transpercent. Il s'interrompt pour récupérer une cravate, laissée au bout du lit, et la tend à deux mains devant moi.

― Tes poignets, Ryan.

Cette manière avec laquelle il me commande, d'une voix sulfureuse, ferme mais posée, me donne envie de m'abandonner à lui corps et âme. Je joints les poignets devant lui et il les attache avant de serrer d'un coup sec.

― Ça ne fait pas mal ?

― Non, Monsieur.

― Bien.

Il me dévore de ses magnifiques yeux lagon. Encore habillé entre mes jambes, une nouvelle érection tirant sur son caleçon, il me domine de toute sa hauteur avec un regard mi-clos de désir. Le tissu contre son gland s'humidifie tant il goutte d'envie.

Il écarte mes cuisses autour de lui et reprend ses pénétrations, lentes et profondes. Je pousse un long râle et tire sur la cravate. Ses doigts redessinent mes abdominaux et remontent jusqu'à ma poitrine pour faire rouler mes tétons sous leur pulpe. Je lâche un bruyant soupir.

― On est sensible ici, hein ?

Je me pince les lèvres et me crispe. Plus il pince et titille mes mamelons, plus je me resserre autour du gode.

― Aah, Monsieur, je... je vais jouir...

― Tu jouiras quand je te l'autoriserai. Retiens-toi, c'est un ordre.

― Et si je n'y arrive pas ?

Il se penche à mon oreille et m'arrache un couinement en m'enfonçant le gode d'un geste brusque.

― Je devrai sévir. Tous les jours, au bureau, où que nous soyons. Tu porteras le plug vibrant et, moi, assis sur mon fauteuil en cuir, je te regarderai souffrir de plaisir, debout, immobile derrière la vitre, alors que les gens passeront devant toi. Puis, j'augmenterai la force jusqu'à te savoir en train de jouir dans ton pantalon. Tu trembleras tellement que tu viendras me supplier de te le retirer, à genoux, sous le bureau... Combien de fois tu pourras mouiller ton caleçon en une journée, tu crois ?

Je le fixe avec degrands yeux, à la fois surpris et... très excité. J'ai l'impression que sonnouveau statut a enflammé son côté dominant. Si le pouvoir rend les gens exécrables,lui, il le rend très coquin.

Au fond de moi, c'est tout ce que j'attendais. Un homme qui me donne envie de perdre le contrôle et puisse me mater à nouveau. Avec lui, pour la première fois de ma vie, j'arrive à m'oublier. Il a su me diriger dès le premier jour sans me heurter. Je suis heureux de le servir, de jour comme de nuit. Au bureau comme au lit.


Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant