Chapitre 15.2

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A mon grand dam, je ne peux pas aller à ce rendez-vous seul. Ryan me colle au train comme une mouche sur un pot de miel. Il est pire que tout depuis que j'ai mentionné Chris. Et d'un désagréable... Je vois enfin son vrai visage, celui qui fait sa réputation. Je ne me tromperai plus à son sujet, désormais.

― Ethan !

Chris me salue depuis l'étage du café, par-dessus la rambarde. Je secoue la main en sa direction et le gérant du petit établissement, décoré avec beaucoup de goût, m'escorte jusqu'à sa table pour m'installer face à lui. Que de gens distingués à cet endroit, nous ne serons pas embêtés. Chris porte un chapeau mais a posé ses lunettes de soleil sur la table. Sa peau pâle, ses longs cils et son visage radieux... Il est encore plus beau à la lumière du jour, admiré de près.

― Vous êtes encore d'une élégance, Ethan, regardez-moi à côté de vous avec mon jean déchiré et mon t-shirt taché de café, j'ai l'air d'un vieux routier, ha ha !

― Vous plaisantez ? J'ai juste une veste de costume, c'est une simple tenue casual chic. En plus, si je ne m'habille pas comme ça, je retombe à l'adolescence, ricané-je en me grattant la tête. Vous, vous êtes toujours resplendissant quoique vous portiez.

― Bah, bah, bah. L'admiration est aveugle, sourit-il dans un balaiement de la main. Merci infiniment d'avoir accepté mon invitation. J'espère que vous allez mieux, aujourd'hui ?

En le voyant s'attarder sur mes yeux, rougis par les larmes, je m'éclaircis la voix.

― Ce n'est rien d'important.

― Les sentiments sont toujours importants, répond-il avant de poser une main sur mon bras. Je suis à votre écoute si vous avez besoin de parler, sachez-le. Les gens comme nous doivent se soutenir entre eux, sinon, on se sent vite très seul.

Ce n'est que trop vrai. La solitude était terrible il y a encore à peine un mois. Qui ai-je maintenant que Ryan n'est plus là pour me soutenir ?

― Merci, vous êtes très gentil.

― Soyons plus familiers, ça te dit ?

Il me lance un clin d'œil. J'entends Ryan soupirer dans un bruyant râle, à quelques mètres derrière moi. Qu'est-ce qu'il m'agace... Je souris à Chris.

― Avec plaisir. Ce n'est qu'une simple petite peine de cœur, tu sais, comme beaucoup de gens, fais-je avec un sourire léger.

― Oh. L'amour peut être très douloureux, je compatis.

Je baisse la tête. S'il savait... Lorsque je relève les yeux, je le vois en train de regarder Ryan. Cet idiot ne serait quand même pas en train de le provoquer ?

― Ne fais pas attention à Ryan. Il est...

― Difficile, je te l'avais dit.

Je détourne une moue amère. Sa main tapote la mienne. Il se penche à mon oreille.

― Courage. Certaines personnes utilisent les autres sans scrupules. Lorsqu'on est quelqu'un d'entier et d'honnête, ce n'est jamais facile.

Je le dévisage avec un air grave. Aurait-il eu une relation similaire à la mienne avec Ryan ?

― As-tu vécu une expérience comme ça, toi aussi ? fais-je avec un mouvement de tête éloquent pour évoquer mon garde du corps.

L'attention de Chris se reporte sur lui, le temps d'une seconde.

― Il était à mon service, avant le tien, explique-t-il à voix basse. Je... ce n'est pas une bonne expérience, à vrai dire. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous, mais entre nous...

Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant