Chapitre 8.6

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Je relève la tête vers lui, surpris par cette confession. Nos visages se retrouvent à quelques centimètres l'un de l'autre. Nos regards se happent, ses yeux coulent sur mes lèvres.

― Et moi, j'ai le droit de perdre le contrôle ? murmuré-je.

― Toi, tu as tous les droits. J'espère juste que tu le garderas...

― Sinon ?

Une bouffée de chaleur me monte au corps. J'approche ma bouche de la sienne, supprimant le peu de distance entre nous. Ses lèvres s'entrouvrent devant les miennes et sa respiration se raccourcit. Je plonge mes yeux dans les siens, voilés par l'envie.

En cet instant, je comprends que ce que je ressens pour lui n'est pas une simple attirance charnelle. C'est une alchimie profonde qui me consume et me dévore sans jamais s'arrêter. Une obsession, une ivresse, l'adrénaline merveilleuse et infinie qui manquait à ma vie.

Les mots me brûlent la langue, mais je n'ose pas les prononcer par peur de le faire fuir. Je glisse une main dans son cou et effleure ses lèvres du bout des miennes.

― Quand l'enfer me rattrapera... susurre-t-il.

Il pousse un soupir tourmenté, crispé de tous ses membres.

― Ryan, je ne veux pas te forcer...

― Tu ne comprends pas, dit-il, torturé. J'étais foutu dès le jour où je t'ai rencontré.

Je m'écarte légèrement pour respecter ses sentiments, mais il me retient contre lui et me fixe avec envie. Ses lèvres m'appellent, ses désirs sont clairs pour moi. Il ne m'en faut pas plus.

Je referme ma bouche sur la sienne et niche mes mains dans sa nuque pour appuyer le baiser. Tout mon être s'embrase durant ces courtes secondes. Lorsque je me décolle de lui pour voir sa réaction, elle ne se fait pas attendre.

Il se rue sur mes lèvres à son tour et m'embrasse avec passion, insère sa langue pour aller caresser la mienne et me presse contre lui. J'ai tant rêvé de ce moment... Ses mains se faufilent sous mon sweat et remontent le long de mes flancs jusqu'à ma poitrine. Je gémis de bien-être dans sa bouche lorsqu'il touche mes tétons. Nos respirations s'emballent ensemble.

Il me fait rouler sur le dos et retire mes vêtements pour me laisser en caleçon en-dessous de lui. Son regard s'attarde sur mon corps, roule de mon torse à mon ventre, jusqu'à mon entrecuisse. Le sang me monte aux joues. Suis-je assez bien pour lui ? Il m'a vu le provoquer et me crois vicieux, mais je n'ai aucune compétence à lui offrir...

― Est-ce que... est-ce que je suis à ton goût ?

Il me dévisage avec étonnement, puis retombe sur ses coudes pour effleurer mes pommettes.

― Si je n'aimais pas ton corps, je n'aurais jamais succombé. Tu es tout ce que j'aime. A l'intérieur comme à l'extérieur.

Je lui rends un grand sourire et l'attire contre moi en passant mes bras dans son cou, puis reprends possession de sa bouche. Le baiser s'intensifie vite, nos gémissements aussi. La chaleur grimpe à une vitesse folle. Il titille mes mamelons du bout des doigts et je me cambre contre lui. Je n'avais jamais connu cette sensation. Je n'imaginais pas qu'un homme puisse procurer tant de bien à un autre grâce à ses mamelons...

Lorsque je sens quelque chose de dur appuyer contre ma cuisse, je comprends qu'il est en pleine érection. Il me veut. Mon corps prend feu à cette pensée. Qu'est-ce que je disais à propos de coucher avec lui ? Mon cerveau vient de partir en congés.

Il pose mes mains sur son torse pour m'inciter à le toucher et laisse traîner la sienne sur mon ventre, jusqu'à soulever l'élastique de mon caleçon du bout des doigts. A l'idée qu'il me caresse, ici, je sens le désir tremper mon caleçon.

― On n'est pas obligés d'aller jusqu'au bout, OK ?

J'acquiesce, sans savoir vraiment ce que « au bout » inclus, exactement. Comme tout le monde, je sais que les hommes en passent par la sodomie, mais je n'ai jamais regardé de porno gay ou lu d'article informatif.

C'est là que je réalise qu'entre la séduction et la mise en pratique, il y a tout un monde. Il faut avoir le courage de se lancer et franchir le cap. L'ai-je réellement ? Je me sens tout petit...

Je l'embrasse à pleine bouche pour noyer mes doutes et il baisse mon sous-vêtement pour empoigner ma verge. Je sursaute dans une longue inspiration. Sa paume glisse sur moi de haut en bas et je plante mes ongles dans ses épaules. Dans mes fantasmes, c'était nettement moins intense... ! Mon cœur est déjà sur le point d'exploser.

― Ethan, ça va ?

― O-oui, bien sûr, continue.

Il me sourit et je me crispe contre lui alors qu'il me masturbe avec plus de vigueur.

― Tu peux me toucher aussi, tu sais.

Je déglutis. Le toucher ? Je n'ose pas, je n'ai jamais toucher un autre homme. Je ne connais pas la sensation d'un autre pénis entre mes mains, et puis, je ne sais pas quels gestes il préfère... 

Je descends ma main vers son entrejambe et l'effleure avec timidité. Je dois avoir plus d'assurance ou il comprendra vite que je ne suis qu'un gamin sans expérience. Vingt-ans et toujours puceau. Jamais de préliminaires, rien. Quelle honte, pour un homme.

S'il comprend que je suis le partenaire le plus fade et ennuyeux qu'il a jamais eu, il se désintéressera de moi et ne voudra plus que l'on soit proches, à l'avenir. Le malaise sera assuré, après une telle déception. Je ne peux pas en arriver là, pas avec ce que je ressens pour lui.

Je prends tout mon courage et le saisis dans ma main pour le caresser, tout comme il le fait pour moi. Il gémit doucement en se mordant la lèvre. Son expression de plaisir déclenche un feu d'artifice en moi. Je veux le voir prendre son pied, je veux être à l'origine de tous ses désirs et ses fantasmes.

Je m'applique davantage, avec des mouvements plus rapides et plus fermes, reproduisant mes propres moments solitaires. Malgré tout, la situation est bien différente. Entre la pression que je me mets et les sensations qu'il m'offre avec sa main, je n'ai jamais été aussi perturbé.

Je ferme les yeux, de plus en plus raide. L'orgasme s'annonce au creux de mon ventre. C'est là qu'il s'arrête pour tendre le bras vers son chevet et qu'il en ressort... un tube de lubrifiant.

― T'as vraiment jamais rien essayé avec un mec, c'est ça ?

Je déglutis. Un petit mensonge attrayant ou l'ennuyeuse vérité ?

― Ethan ?

― Pas... pas de sodomie.

Une vérité incomplète.

― OK, on va aller à ton rythme, quoiqu'il arrive. Si quelque chose te déplaît, tu t'exprimes. On est d'accord ?

J'acquiesce.

― Tu en as toujours envie ?

― O-oui, bien sûr !

J'en meurs d'envie, certes, mais en mon for intérieur, je suis surtout mort de peur.

Il enduit ses doigts de lubrifiant, replie mes jambes contre moi et s'insère entre elles, puis caresse mon entrée et appuie sur mon trou. Je me sens rougir. Ses doigts, à cet endroit... Je sais bien que ce sont des pratiques normales et que tout le monde rirait des émotions que je ressens, mais je n'y peux rien. Quel nul je fais... Mon estomac se tord.


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