Chapitre 7.1

1.2K 131 32
                                    

PDV Ethan


Nous rentrons à la villa aux alentours de vingt heures, après avoir mangé au Burger King comme deux simples colocataires. C'est presque si je me suis encore endormi dans la voiture, tellement je suis épuisé.

Ryan a été efficace, durant le trajet. Il a commandé un service d'entretien pour la maison, déposé mes costumes au pressing et pris soin d'en réserver un pour demain matin.

Sur le retour, nous sommes passés chez lui récupérer quelques affaires afin de l'installer dans la pièce adjacente à ma chambre. Du moins, il est monté chez lui et je l'ai attendu sagement dans la voiture, portières verrouillées. Je me demande pourquoi il ne souhaite pas me montrer son appartement.

Pendant le temps où je prends une douche rapide, il fait un dernier tour de la maison pour s'assurer que volets, fenêtres et autres accès soient bien fermés avant de monter à l'étage prendre possession de sa nouvelle chambre. Sa présence me rassure, je ne veux pas qu'il parte. Cela fait-il de moi un petit garçon peureux ?

Selon Ryan, ma crainte d'être seul dans cette grande maison inconnue est naturelle. Mais depuis que je fréquente les gens d'I-code et toute la clique de milliardaires, j'ai l'impression d'avoir développé une sorte de complexe d'infériorité qui me fait sans cesse douter de mes réactions.

Je sors de la salle de bain, le corps encore chaud, vêtu d'un t-shirt XXL et d'un jogging. L'eau coule dans sa chambre, il doit prendre sa douche.

Je souris et m'en retourne à mes appartements pour aller chercher le grand paquet que j'ai caché sous mon lit. Au-delà de veiller sur moi, il me réconforte chaque fois qu'il me voit en situation de stress ou en train de m'accuser. Je me sens enfin soutenu...

Je pense pouvoir dire que j'étais un enfant comme les autres jusqu'à l'âge de onze ans, bien que mon père soit peu présent. C'est par la suite que je suis entré dans cette école prestigieuse de treize à dix-sept ans, avant d'être renvoyé en Corée.

J'avais beau travailler dur, puisque je refusais de prendre la relève, il était inutile pour mon père de me garder plus longtemps aux Etats-Unis.

Jusque-là, je pensais que ces études avaient simplement brisé ma jeunesse. Au lieu de me construire une vie sociale, d'avoir des amis et des premiers amours, j'étudiais tous les jours. Puis, à la fin de la journée, le chauffeur me reconduisait dans le loft moderne où mon père me faisait loger seul.

Cet endroit était froid, vide, silencieux. Car il n'y était jamais. Avait-il une maîtresse ou ne s'intéressait-il juste pas à moi ? Dans mon égoïsme, j'aurais préféré qu'il ait une maîtresse. 

Malgré tout, depuis que je suis à la tête d'I-code, je reconnais que mes connaissances s'avèrent d'une grande aide. Même si je n'ai pas un master en finances ou en gestion d'entreprise, j'ai acquis les bases du milieu et j'arrive à suivre la formation accélérée de Charles et Martha.

Une jeunesse ruinée et une famille dissoute pour faire perdurer le projet de mon père. Cela en valait la peine, il faut croire.

Je me dirige vers la chambre de Ryan et m'assois sur son lit pour patienter, le paquet sur les genoux. Ça m'est égal que mon garde du corps ne soit pas mon ami, tant qu'il apprécie ma compagnie, et ça m'est égal que mon entreprise le paie, tant qu'il est de confiance.

C'est peut-être ridicule, mais, en ce moment, je veux vivre dans l'illusion que je partage ma vie avec quelqu'un de proche. Quelqu'un de sincère qui m'apprécie pour ce que je suis.

― Vous préférez ma chambre ?

Je tourne la tête vers lui et reste bouche bée. Il me fixe, dans un simple boxer noir, l'eau coulant de ses cheveux mouillés sur son visage et son torse charpenté. Ses tatouages m'apparaissent enfin dans leur entièreté.

Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant