Chapitre 21.2

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Nous avons quitté l'hôpital sans prévenir le personnel. C'est dans une nouvelle Audi berline que je fais la connaissance des trois amis de Ryan. Ils ont de sacrées carrures, comparé à la mienne. Le champion de MMA et l'ancien sergent, assis à l'arrière en ma compagnie, sont plus grands que Ryan et moi qui n'atteignons même pas les 1m80.

Mais malgré leurs physiques imposants, ils me mettent en confiance et sont très amicaux. Curieux comme je suis, je les incite à parler de leurs combats. Le plus souriant est le champion en titre, Aleksi, un Finlandais. Il me propose même des cours de self-défense, ce que j'accepte avec joie.

Ryan reste silencieux presque tout le long du trajet. J'ai prévenu ma tante de la tentative d'enlèvement et de notre plan de me cacher un moment. Bien sûr, mes projets personnels pour I-code resteront secrets. Ryan n'en connait que les prémices, mon plan entier ainsi que mon objectif final m'appartiennent.

Nous avons roulé longtemps avant d'arriver dans un grand chalet, au milieu d'une vallée, non loin d'un lac. Vu toutes les herbes hautes, l'habitation semble laissée à l'abandon depuis quelques mois. Ici, ils pourront surveiller facilement les alentours et nous serons en sécurité en dehors de la ville.

Je me demande combien de temps je vais devoir me cacher. L'idée de devoir quitter l'état – voire même le pays – durant un moment après le procès commence à m'effleurer. Et elle ne me plaît pas. 

Si j'avais su qu'à peine arrivé j'aurais déjà tout bouleversé... Moi qui ne me faisais jamais remarquer, je suis passé d'un extrême à l'autre en un mois.

Je m'installe dans une chambre double dotée d'un placard en bois massif ainsi que d'un coin WC sommaire avec un simple évier. J'aurais préféré venir dans le cadre de mes vacances. Ryan me rejoint alors qu'il glisse son arme dans son pantalon.

― Je ne pourrai pas tout le temps dormir avec toi.

― Je comprends.

― Au fait, tous nos téléphones sont désactivés. Si Gilliane veut te contacter, elle passera par moi et appellera sur un téléphone intraçable. Dans tous les cas, ici, tu ne crains rien.

― Comment se fait-il que tu connaisses aussi bien ma tante ?

― Les Lennox gérait la sécurité de l'immeuble d'I-code, quand ton père était encore en vie. J'ai connu Gilliane à ce moment-là.

― Je comprends mieux. Mais j'ai une question, pourquoi t'a-t-il choisi, toi, pour assurer ma protection ?

― Il me connaissait depuis plusieurs années. Sans doute qu'il avait confiance en moi...

Il détourne une moue honteuse. Encore des cachotteries... Je m'approche de lui.

― Ryan, si tu dois m'avouer certaines choses, c'est maintenant.

Il me dévisage avec un air torturé, puis s'en retourne vers la porte.

― Il n'y a plus rien à dire. Réfléchis à nouveau à tes plans de révélations, s'il te plaît.

Il me lance un regard grave.

― Je ne veux pas en arriver là.

― En arriver où ?

Il quitte la chambre sur ces mots. Ryan Lennox, ou le maître dans l'art des secrets.

― Un petit cours de self-défense avant que la nuit tombe, Monsieur Silverwood ? me demande Aleksi, à la porte.

― Je vous attends, dis-je en ouvrant les bras, un sourire au coin des lèvres.

Le cours débute sur l'explication et le détail de différentes actions possibles par l'assaillant. Je retire mon sweat pour rester en t-shirt et ne pas avoir chaud. Il me fait la démonstration de prises, de coups portés au visage et de saisie au ralenti, avant de me demander de l'attaquer pour me montrer les bonnes réactions.

Je me retrouve projeté à terre dans un mouvement lent pour ne pas me blesser. Il est très grand et je ne fais que 65 kilos tout mouillés. Tout ce que j'ai, ce sont des abdominaux et des biceps naturellement tracés. C'est clair que je ne fais pas le poids face à une armoire à glace qui tente de m'enlever ou de m'assassiner. Mais je me donne à fond et fais mon possible pour enregistrer un maximum de choses.

Au bout de cinquante minutes, à force d'être écrasé au sol, mes membres commencent à me faire souffrir. Il conclut la séance en me voyant me frotter les hanches.

― Nous en avons assez fait pour aujourd'hui. Vous allez avoir quelques bleus et je ne veux pas me faire arracher la tête par Ry', ricane-t-il.

― Il faut bien en passer par quelques bleus, ce n'est rien.

Le concerné entre à cet instant.

― Qu'est-ce que vous faites ?

― J'entraîne Monsieur Silverwood, comme il le désirait.

― Tu vas lui faire mal, ronchonne Ryan.

Il vient vers moi et découvre les rougeurs sur mes avant-bras.

― Bordel, t'y es allé trop fort !

― J'ai amorti toutes les chutes. Je devais au moins faire des saisies réalistes, Ry'.

Ryan grogne dans sa barbe.

― Va te reposer, me dit-il. Je veux dire...

Il s'interrompt en réalisant sa familiarité.

― C'est bon, sourit Aleksi, avec Mike, on a bien compris ce qu'il y a entre vous deux.

― Comment ça ?

― Mec, on t'a jamais vu préserver qui que ce soit ni prendre soin d'un autre être humain. Et là, t'es carrément aux petits oignons, c'est trop mignon.

― Casse-toi avant que j'te déglingue !

Aleksi repart en riant, les mains dans les poches.

― Putain, je voulais pas que ça se sache, de personne, maugrée Ryan. Je gère vraiment pas...

Il se laisse tomber sur le lit.

― Ryan chéri, ce sont tes amis, non ?

― Je m'en tape. Ce genre de choses, les sentiments... ça doit pas se savoir dans le métier. Deux personnes, bientôt trois au courant, c'est déjà beaucoup trop. Ah non, j'oubliais ta tante ! Allez, quatre.

― Déstresse, s'il te plaît, d'accord ? On est en sécurité ici, calme-toi.

Je m'agenouille devant lui pour capturer son regard.

― Tu veux que je détende ?

― Quoi ?

Je glisse ma main sur son entrejambe.

― Pas maintenant, Aleksi est dans la maison.

Je jette un œil par la fenêtre et lui désigne les trois hommes, en train de fumer ensemble.

― Je crois que c'est le moment...

 

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