Chapitre 23

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PDV Ryan


Ethan passe la journée entre son smartphone, les ordinateurs et la salle d'archive, au premier étage. Personne n'est en costume ou en tailleur, à ce niveau, je lui ai donc conseillé de porter une tenue banale et de ne pas coiffer ses cheveux en arrière pour se fondre dans la masse.

Dans ce sweat gris Puma et avec sa tignasse ébouriffée à force de passer la main dedans, il ressemble à un lycéen en pleines révisions. Je souris et croise les bras, adossé au mur du tout petit bureau dans lequel il se trouve.

Les mecs traînent dans les couloirs et boivent des cafés tout en riant comme s'ils n'étaient que de simples salariés fainéants pour garder un œil sur les alentours. De mon côté, je réfléchis aux plans d'Ethan. Du peu que j'ai compris, il a ouvert sa propre entreprise : Code Science.

Au fond de moi, j'espère que ce projet l'écartera de sa quête de vérité – même si, le connaissant, cette option reste la moins probable.

Je m'approche de lui pour lui masser les trapèzes. Il baisse aussitôt le clapet de son ordinateur portable.

― Quoi ? Tu me fais pas confiance ? Tu sais que je t'empêcherai pas de bosser.

― Prends ça comme une surprise.

Intéressant. Ou inquiétant ? De sa part, je m'attends à tout. Je l'embrasse dans la nuque. La chair de poule file sur sa peau sensible, sous mes lèvres.

― Ne me déconcentre pas, s'il te plaît.

― Avec un simple bisou ?

― Tu sais que la nuque est mon point faible.

Je ricane et caresse ses cheveux avant de repartir à mon poste. Mon téléphone vibre. Appel masqué. Je décroche sur un ton mauvais.

― J'aime pas ceux qui se cachent.

― Vous savez, monsieur Lennox, si vous nous le livrez, vous n'aurez plus à manquer de rien.

Je me fige. Je regarde Ethan, toujours dans son insouciance, et fais quelques pas dans le couloir.

― T'es qui, connard ?

― Nous sommes des personnes très concernées.

― Si tu me crache pas un nom je raccroche dans deux secondes.

― LDX.

Je me frotte les yeux, en tension.

― Dix millions de dollars. C'est la somme que vous trouverez sur votre compte si vous nous donnez Ethan Silverwood. Nous vous laissons la semaine pour vous organiser, dimanche soir dernierdélais.

― Va chier.

Je lui raccroche au nez. Avant même d'avoir eu le temps de remettre mon téléphone dans ma poche, il sonne à nouveau.

― Quoi !

― Vous pensez que vos collègues diront la même chose ?

Je reste muet un instant, puis je me rappelle du salaire qu'Ethan va leur verser chaque mois.

― Ouais, ils diront la même chose. Rappelle-moi encore, fils de pute, et le jour où je te trouve, j'te coupe les couilles et j'les envoie à ta mère.

Je raccroche à nouveau. Une femme passe à côté de moi à ce moment-là et ralentit le rythme en me fixant avec un visage blême. Je me râcle la gorge.

― Ahh, ces ex collants...

Elle me renvoie un rictus nerveux et accélère le pas.

― Ry', on a eu un appel, me lance Aleksi.

― LDX ?

― Ouais.

― Vos réponses ?

― Tu les connais déjà.

Je hoche la tête. Je n'en doutais pas une seconde. Mon téléphone vibre. Un SMS, cette fois.

Je regarde le destinataire : mon père. Je lis en diagonale son énième message du jour et l'ignore, pour changer. Livrer Ethan ou le tuer, sans quoi, nous serons tous condamnés par le gouvernement ou exécutés dans le plus grand secret. En ce qui me concerne, si tout est dévoilé, je finirai plutôt six pieds sous terre.

Je rouvre la porte du bureau.

― Pourquoi tu restes à l'intérieur et pas dans le couloir ? me demande Aleksi.

Je jette un œil à mon petit trésor.

― Je veux plus le lâcher des yeux.

Un peu plus tard dans la journée, Ethan s'entretient avec Gilliane, toujours dans le petit bureau. A mon grand étonnement, il lui annonce quelque chose qui la met en joie. Elle quitte la pièce, la tête haute, et passe devant moi avec une satisfaction effrayante.

Je n'avais encore jamais vu un tel sourire sur le visage rigide de cette sorcière. En fait, je n'y avais jamais vu de sourire sincère, tout court. Cette réaction m'inquiète encore plus que la menace de LDX.

― Tout va bien ? demandé-je en entrant dans le bureau.

Ethan referme son ordi avant de faire craquer ses doigts avec un air radieux.

― Comme sur des roulettes.

Je suis perplexe. Plus le temps avance, moins je comprends ce qu'il se passe. J'espère qu'il ne va pas aggraver la situation.


Vous sentez cette bonne odeur de catastrophe et d'ascenseur émotionnel ? 🙃🙂🙃 (pour celles qui ont peur de mon langage emoji huhu)

Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant