Chapitre 14

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La prochaine conversation va piquer, avec quelques révélations... 😬

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PDV Ryan

 

Une fois toutes les portes verrouillées et ma ronde de la maison terminée, je m'allume une cigarette près de l'entrée, devant la fontaine. Tiens, on dirait que tous les vautours ne sont pas encore partis, finalement.

― Qu'est-ce que vous faites encore là ?

― Je vais où bon me semble, dans cette maison.

― Pas vraiment, non.

Gilliane remonte les escaliers et vient s'allumer une cigarette à côté de moi. Elle croise les bras et relâche la fumée vers le ciel.

― Si tu ne mets pas un terme à cette relation, j'en parlerai à ton père.

― Il n'y a rien entre nous. Ne commencez pas à...

― Je suis une femme de quarante-huit ans, Ryan Lennox, s'agace-t-elle. Ce n'est pas moi que tu vas berner, alors cesse d'essayer, ça ne fait que m'énerver.

Je détourne un air renfrogné.

― Tu sais que tu as du culot ? Un autre type que toi, j'aurais juste pensé qu'il profitait de son corps, mais toi... toi, tu étais bien le pire sur qui il pouvait tomber.

― Ne faites pas comme si la morale vous importait, Gilliane.

Elle me jette une œillade de biais et crache un nouveau nuage de fumée.

― La morale est une chose, Ethan en est une autre. Il est mon neveu, il est mon sang. La famille est sacrée chez nous, même si nous ne sommes pas portés sur les marques d'affection. Mais je conçois que ce ne soit pas ton cas. Ton père a brisé ton rêve d'entrer dans la police, après tout, et il te tient en laisse par le chantage.

Je garde le silence. Ouais, un odieux chantage.

― Ethan s'est accroché à toi comme une bouée de sauvetage parce que c'est un gamin qui s'est toujours senti seul et que tu es la première personne depuis longtemps à lui accorder de l'attention et le chouchouter. Je suis même persuadée qu'il pense que votre amour est réciproque, dit-elle dans un rictus. Et toi, tu profites de la situation pour te le taper. Je n'ai jamais vu un homme aussi culotté et sans scrupules tel que toi.

― C'est pas vous qui vouliez le forcer à coucher pour un contrat ? Vous manquez pas d'air.

― J'ai dit ce que j'avais à dire, mais c'est à lui de choisir la voie qu'il empruntera. Il reste le patron et il est futé, il trouvera une solution. Ne compare pas à tes agissements répugnants avec un simple discours.

― Je tiens vraiment à lui et je le protège.

Elle éclate de rire, puis me foudroie du regard.

― Quel bel hypocrite. Nous savons tous les deux pourquoi tu es là. Pourquoi ne pas lui dire la vérité sur ta présence ? Pourquoi ne pas lui avouer que tu es là pour surveiller le moindre de ses faits et gestes ? Pour l'empêcher de mettre son nez dans les sales affaires d'I-code ?

Je la fixe de longues secondes, puis tourne la tête, honteux.

― Evite d'accuser les autres pour de petites erreurs lorsque tes mains sont tâchées de sang.

Mes poings se serrent. Elle souffle sa fumée avant de poursuivre sur un ton suspicieux.

― Mark avait peut-être confiance en ton père en vous confiant la vie de son fils, mais, moi, je me méfie des Lennox comme la peste. Contrairement à lui, je sais qui vous êtes vraiment...

Elle tapote sa cigarette et laisse tomber la cendre dans l'eau.

― Et si Ethan découvrait la vérité au sujet de la société-écran pour l'armée ? A son niveau, c'est accessible, vous seriez dans le viseur tout autant que les autres, chère Giliane. Ou bien à propos de NAMIE ? Ou de la « fuite » suspecte de données gouvernementales ?

― Cette fuite que votre boîte à elle-même couverte en faisant « disparaître » les personnes impliquées ?

Mon cœur fait un bond. Comment est-elle au courant de ça ? Les preuves de leur élimination n'étaient pas censées remonter à la surface et seul Mark était au courant...

― Je suis sûre que tu l'empêcheras de mettre son nez partout.

― Il finira un jour par trouver quelque chose et à ce moment-là... nous serons tous dans la merde.

Vous le serez. Je n'ai jamais rien eu à voir dans ces affaires, je n'ai jamais été décisionnaire, dans cette entreprise. Mais je les ai suivies d'un œil attentif. Je perdrais peut-être tout dans la chute d'I-code, certes, mais je n'irais pas en prison, contrairement à certaines personnes, dit-elle en me visant. Sais-tu ce que risquent ceux qui collaborent à voler le gouvernement américain ?

Oh oui, je le sais. Enfermé à vie sans plus revoir la lumière du jour, dans le meilleur des cas, la mort étant l'option la plus probable. C'est l'une des raisons pour lesquelles mon rôle est crucial et que mon père m'a ordonné de supprimer Ethan, en cas de nécessité. Ma nervosité monte d'un cran.

― Personne n'en saura jamais rien.

― Je veux bien te croire, très cher.

Elle écrase sa cigarette sur une poubelle de jardin avant de la jeter à l'intérieur.

― Tu ne veux pas tous vous condamner, après tout. La famille, c'est sacré...

Elle me renvoie un rictus forcé et redescend les escaliers pour rejoindre sa Mercedes. Mon menton retombe. Je laisse tomber ma clope et l'écrase négligemment sur le sol propre de la terrasse.

C'est vrai, je suis un putain de menteur qui n'est là que pour servir ses propres intérêts. Comment ai-je pu laisser Ethan tomber amoureux de moi ? Et comment ai-je pu moi-même tomber amoureux de lui, alors que j'ai été engagé en tant que principale menace pour sa vie ?

Je ferme les yeux, dents serrées. Je m'amuse à jouer les mecs normaux avec un garçon innocent, mais je ne suis qu'un assassin.

Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant