Chapitre 11.1

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PDV Ethan

 

Grâce à Chris, j'éprouve enfin ma première joie sincère de la soirée. Participer au projet d'une série, ce n'est pas rien. Peut-être un jour aurais-je la chance de voir mon nom sur Netflix ?

Je sais que Ryan jugerait mon enthousiasme digne d'un adolescent, mais si je peux retirer des avantages personnels à ma situation, je n'hésiterai pas à m'offrir quelques plaisirs.

Le bonheur est devenu si rare, ces derniers temps. Je commence à comprendre pourquoi les gens fortunés font des folies pour fuir la réalité, ne serait-ce qu'un instant...

― Ethan, cher ami, je vous cherchais !

Et moi, je tentais de vous échapper... Pourvu que ma tante arrive vite pour s'occuper de cette femme. J'affiche un large et faux sourire à la quarantenaire pulpeuse qui me suit à la trace depuis une heure. Pire qu'un moustique en été.

Elle est la fille héritière d'une famille californienne qui possède l'une des plus grosses industries pharmaceutiques du pays. Les négociations sont en cours avec eux et une entente à long terme pourrait rapporter des milliards à I-code. Et, d'ici peu, c'est elle qui reprendra les rênes. En somme, une femme à choyer.

Vivement que cette soirée se termine, j'arrive à saturation.

― Pardonnez-moi, Maggie, je ne sais plus où donner de la tête, fais-je avec un rire forcé.

Elle s'enroule autour de mon coude.

― Vous ne m'aviez pas promis de me montrer la collection de maîtres de votre père ?

― Bien sûr, suivez-moi.

Elle enchaîne sur sa passion pour l'impressionnisme et la danse contemporaine, ne manquant pas de vanter ses propres exploits internationaux dans le domaine.

Je cherche Ryan du regard et finis par le trouver en pleine discussion avec Chris. Leur conversation a l'air houleuse. Je suppose que leur relation à dû très mal se terminer. Aux dires de Chris, de Martha et de ma tante, Ryan aurait un caractère atroce et ne serait pas quelqu'un de fréquentable.

Notre entourage, en général, a tendance à soutenir cette idée et lui-même ne nie pas leurs accusations. Je n'ai pourtant pas l'impression qu'il soit quelqu'un de difficile à vivre, au contraire. Certes, il est souvent vulgaire et très franc – voire insultant avec certains –, mais avec moi, il est respectueux, calme, attentionné et il me fait rire. Je sais qu'il peut se montrer intimidant et pétrifier une personne en quelques mots, mais cette hostilité fait partie de son métier.

Je ne comprends pas pourquoi les gens lui ont construit cette horrible réputation. Cacherait-elle une part de vérité ?

J'invite Maggie à pénétrer dans un long couloir habillé de meubles anciens et lui présente la collection de toiles exposée au mur. Elle s'extasie tout en déblatérant l'histoire de chaque tableau et je l'écoute d'une oreille en ponctuant ses phrases de « oh », « intéressant » et « vous savez tant de choses » faussement admiratifs. Même mon sourire s'affaisse. La fatigue ne sied guère à la flatterie.

― Voudriez-vous assister à l'une de mes représentations ? me demande-t-elle avec fierté.

Oh non, pitié, achevez-moi.

― Ce serait avec plaisir mais, vous savez, je n'ai que peu de temps pour...

― Et un show à Broadway ? dit-elle en revenant vers moi, encore plus enthousiaste à l'idée. Vous devez absolument aller à Broadway accompagné d'un ou d'une artiste, c'est indispensable.

Dès demain, je demande à mes équipes de me cloner. Il est hors de question que j'aille à Broadway avec cette femme, encore moins que je la revois dans le cadre privé. Je serais capable de décéder d'ennui sur un fauteuil.

― Pour être honnête, je ne suis pas amateur, fais-je en me frottant la nuque.

Elle me dévisage, songeuse.

― Ce n'est pas contre vous, Maggie, comprenez-le bien. J'admire vos talents.

― Je l'entends, mon ami, je l'entends, dit-elle en laissant glisser ses doigts sur le meuble près de nous. Je suppose que vous êtes un homme plus porté sur le... concret.

― J'ai... peur de ne pas vous comprendre.

Elle s'avance vers moi, ses yeux ancrés dans les miens. Sans le réaliser, je recule à mesure de ses pas et me retrouve acculé contre une console. Son sourire devient enjôleur. Elle approche son visage du mien, beaucoup trop près à mon goût.

― Vous êtes l'objet de toutes les convoitises, mon jeune Ethan, je crois que vous n'en avez toujours pas conscience. Il est temps de tisser des liens durables avec des partenaires de confiance, qu'en dites-vous ?


Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant