Chapitre 26

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PDV Ethan


Malgré le chauffage dans la voiture, je grelotte. De froid, à cause de ma petite tenue, mais surtout de stress. Mon estomac est en bouillie. Cette nuit est ma dernière, j'en suis certain. 

J'aurais au moins voulu mourir après avoir réussi à dénoncer toutes ces pourritures, mais ma mort sera définitivement vaine. Il faut croire que je n'ai rien d'un héros de cinéma. Un enchevêtrement d'essais ratés et de tentatives pour exister. On a qu'une vie, une seule, moi j'ai gâché la mienne. Aussi courte qu'inutile... J'aurais connu l'amour, sans même avoir eu le temps de lui dire adieu.

Ryan, mon chéri, je suis désolé. Mon cœur se serre en pensant à ma mère. Que lui dira-t-on à mon sujet ? Je ne veux pas qu'elle croit au mensonge qu'on lui sortira, à I-code, qu'elle soit déçue de moi. Maman, je serais déjà parti sans t'avoir embrassé une dernière fois... S'il te plaît, pardonne-moi. Je ferme les yeux, aussi terrifié qu'accablé par les remords.

L'horreur prend forme lorsque nous arrivons face à une grille bien gardée. La voiture entre et se gare dans un entrepôt. Des hommes en uniformes noirs et armés discutent et marchent en groupe. Je m'agite à nouveau et me rive sur Aleksi en le suppliant à travers le ruban de ne pas me livrer. S'il m'avait laissé parler, je lui aurais offert toute ma fortune sans hésiter.

Il m'effleure la joue avec son sourire de cinglé et sort de la voiture, puis fait le tour et ouvre ma portière pour venir me récupérer. Je hurle et me débats, mais il me soulève avec une facilité déconcertante et me jette sur son épaule pour m'emmener à l'intérieur du bâtiment. Quoique je fasse, il sera toujours plus fort que moi.

Un des groupes le salue et nous sommes escortés dans un couloir humide. Mon sort est scellé.

Nous entrons dans une sorte de garage truffé de cartons et il me dépose au centre sur le sol glacé, devant deux hommes aux allures de politicards véreux. Voici donc les dirigeants de LDX... Plusieurs personnes m'encerclent désormais, toutes armées jusqu'aux dents. Je frissonne, terrorisé. Aleksi s'accroupit devant moi.

― Ah, mon petit Ethan... On va enfin pouvoir passer un moment intéressant tous les deux.

Je le foudroie du regard. Il glisse les doigts dans mes cheveux et me souffle à l'oreille :

― Tout à l'heure, c'était pas un courant d'air...

Mes yeux s'écarquillent. Son air lubrique se passe d'explications. Alors, il nous espionnait... Je n'arrive pas à y croire. J'ai l'impression d'avoir affaire à une autre personne.

― Les gens se focalisent sur leur première fois, poursuit-il avec la même malice, mais je trouve que la dernière est bien plus précieuse.

Ces mots me pétrifient. Que veut-il dire par là ? Je refuse de comprendre... Non, c'est impossible. Un frisson glacé me fait tressaillir. Je tourne la tête pour fuir sa main et m'écarte de lui avec les pieds.

― C'est ça, le PDG d'I-code ? C'est rien qu'un gosse, lance l'un des deux hommes, affligé.

― J'ai du mal à croire que c'est ce morveux qui nous a tant causé d'ennuis.

― Ne vous y trompez pas, c'est loin d'être un gamin, les corrige Aleksi. Il est aussi têtu qu'une mule et très intelligent. J'ai appris à le connaître... et il me tarde de le connaître plus en profondeur, dit-il en finissant dans un murmure.

Je serre les dents, le cœurbattant à tout rompre.

― Donc on le descend et on fait comme prévu ? Les risques ne seront pas trop grands ? C'est quand même l'héritier Silverwood, ils vont mettre le FBI à sa recherche.

― Les Lennox feront traîner les recherches, voire les suspendront, avec un peu de chance.

Les Lennox ?

― Il nous faut toujours sa signature.

Ils baissent les yeux sur moi et l'un d'eux s'accroupit à mes pieds, une cigarette au bec. Il me crache sa fumée au visage.

― Monsieur Silverwood, nous allons avoir besoin de votre coopération pour certains documents. A notre grand regret, ce sont des choses que l'on ne peut pas falsifier.

Pardon ? Ha ! S'ils pensent que je vais leur offrir quoique ce soit, ils se mettent le doigt dans l'œil. Je suppose que ces documents serviront d'ailleurs à m'accuser de crimes que je n'ai pas commis et salir mon nom pour les blanchir en retour ; voire à leur offrir le pouvoir sur un plateau d'argent. Soyez sûrs que vous n'obtiendrez rien de moi ! Aleksi me retire l'adhésif au moment où l'on me tend un dossier.

― Vous rêvez si vous croyez que je vais vous aider à couvrir vos crimes !

Je crache aux pieds du fumeur.

― En effet, il y a du caractère. Peut-être plus que ce froussard de Mark, après tout.

L'autre répond par un rire cynique.

― Pourquoi parlez-vous de mon père ?

Le fumeur se relève et laisse tomber sa cendre juste sous mon nez.

― Votre père avait des ambitions, mais il manquait de cran. Quand il a appris dans quoi il avait réellement été impliqué, il n'a pas assumé.

― Mon... mon père ne savait pas pour le vol de données ?

― Notre plan complet n'a volontairement pas été exposé de manière très « limpide ». L'argent a suffi à balayer ses réticences, mais il a préféré déléguer à d'autres personnes pour garder bonne conscience.

Je baisse la tête, dépité par la lâcheté de mon père, mais soulagé, au fond, qu'il n'ait pas été le chef d'orchestre dans cette affaire. J'imagine bien à quel point il a dû regretter son avarice, en apprenant dans quoi il s'était fourré. Oh, papa, quelle déception...

― Il n'y a que Tim Lennox qui a toujours eu les couilles de faire le ménage chez I-code lorsque certains ont voulu parler.

Et dire que mon père était ami avec ce type.

― Si vous prévoyez de me tuer, faites-le tout de suite parce que je ne vous donnerai rien.

Ils échangent quelques mots dans une langue inconnue et l'un d'entre eux s'empare de son téléphone.

― Ne vous en faites pas, je vais le faire changer d'avis. Faire craquer les gens, c'est mon péché mignon.

Un large sourire fend son visage en deux. Je recule avec les pieds pour m'éloigner de ce fou, mais il me tire par la cheville et je m'étale sur le sol humide. Il me traîne jusqu'à lui et se positionne au-dessus de moi, puis replace l'adhésif sur ma bouche. Je lui grogne dessus et le fusille d'un œil noir.

― La prochaine fois que je lui retirerai, il acceptera de coopérer. Si ce n'est pas le cas, il le fera au second round.

Il sort un couteau de son pantalon et le glisse sous mon short, puis le déchire d'un coup sec. Mon cœur s'emballe, les larmes échauffent mes joues. Il s'approche et me susurre à l'oreille :

― En toute honnêteté, j'espère que tu vas faire traîner les choses...

Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant