Chapitre 16.3

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Nous arrivons en bas de l'immeuble luxueux où le rendez-vous a été fixé. L'un des appartements qu'occupe souvent Chris dans le centre de Washington, selon Ryan.

Leur échange par SMS ne m'a pas convaincu, mais ce n'est qu'un début. J'ai constaté que l'acteur était très tendu par messages, ce qui ne joue pas en la faveur de Ryan. Selon ses dires, ce serait un parfait comédien dans la vie privée aussi. J'attends de voir ça.

Nous nous garons sur le parking devant l'immeuble et Ryan me laisse un Ipad sur lequel je pourrai visionner leur rencontre en direct. Il porte une chaîne en argent avec un pendentif doté d'une caméra minuscule et indétectable, et un micro invisible se trouve dans l'un des boutons de sa chemise. On utilise de la technologie de pointe, chez les Lennox.

Ryan met un long moment avant de se décider à ouvrir la portière. Ce rendez-vous a l'air de lui coûter beaucoup, je suis curieux d'avoir le fin mot de l'histoire.

― Tout ça, ce soir, ça fait pas partie du contrat. Si je fais ça, c'est uniquement pour te prouver que je ne t'ai jamais manipulé dans notre relation et que mes sentiments sont réels. Ne l'oublie pas.

Ses sentiments... Ai-je bien entendu ce mot ? Je me braque vers lui au moment où il quitte la voiture et le regarde partir en direction de la porte.

Il tape le code, marche dans le hall et appuie sur le bouton de l'ascenseur. Le stress augmente tout le temps où il monte jusqu'au penthouse. Avec cette caméra grand angle, je vois tout comme si j'y étais.

Lorsqu'il arrive sur le palier et sonne, je sens ma tension monter d'un cran. La porte s'ouvre.

― Alors tu es vraiment venu, seul.

Chris jette un œil dans le couloir et hoche la tête avant de l'inviter à entrer. Il est déjà en peignoir, prêt à se coucher. Ryan l'a visiblement dérangé dans sa soirée.

― Tu m'expliques ? fait Chris en se servant une coupe de vin rouge.

― Ethan m'a renvoyé. Grâce à toi.

L'acteur fige de grands yeux ahuris dans les siens.

― Moi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Je te signale que c'est toi qui lui as brisé le cœur, de ce que j'ai compris.

― Je l'ai blessé, c'est vrai, mais tu as tout fait pour détruire sa confiance en moi en bavant sur ma gueule. J'ai pas eu besoin d'entendre ce que tu as dit, je te connais par cœur.

― Et pourquoi j'aurais fait ça ?

― Par vengeance.

Chris s'esclaffe.

― Par vengeance ? J'ai obtenu de toi absolument tout ce que je voulais et tu es parti à la fin du contrat comme prévu, mon chat. De quoi voudrais-je me venger ?

Pardon ?

― Quoiqu'il en soit, poursuit Ryan après une grande inspiration, maintenant, je suis à la rue. Tu connais mon père. Quand il a appris qu'Ethan m'avait jeté, il a mis ses menaces à exécution. Il a gelé mes comptes dans la demie heure et a fait changer les serrures de ma porte.

― Sérieux... Donc tu es vraiment dehors ? Sans nulle part où aller ?

Un sourire se dessine sur son visage. Quelle est cette joie étrange ? Il sert un second verre de vin qu'il tend à Ryan, mais ce dernier refuse.

― Tu m'as vacciné contre le vin.

Chris éclate de rire.

― Aah, mon chat. Mon petit chat sauvage qui revient finalement vers son maître...

Il le contemple avec un air délecté et s'approche de lui. J'entends Ryan déglutir. Sa respiration commence à s'accélérer. A-t-il... peur de lui ? Réellement ?

― Tu attends que je te reprenne pour satisfaire papa Lennox, c'est ça ? L'ennui, vois-tu, c'est que je n'ai pas besoin d'un nouveau garde du corps. En revanche, j'aurais toujours besoin d'un homme à dresser, si ça te dit. Le dernier a fui la queue entre les jambes au bout de deux heures. Pathétique. Tu étais le seul qui arrivait à tenir la nuit entière, une vraie perle rare. Je n'en trouve plus des comme toi.

J'ouvre de grands yeux. Je tombe de plusieurs étages en moi-même.

― Tu me fais passer pour un manipulateur, mais tu es le pire d'entre tous.

― Chéri, à mon niveau, c'est de l'art. Et au fond de toi, tu aimes ça, nous l'avons constaté tous les deux au nombre incalculable où tu as joui comme un fou quand je te tenais en laisse comme un chien.

Les battements rapides du cœur de Ryan deviennent perceptibles dans le micro. Il est dans un état de stress intense. Je crois que j'en ai assez entendu. Je pose la main sur la poignée de la portière.

― Je l'aimais.

Je me fige, mon regard se rive sur l'écran.

― Tu l'aimais ? Ethan ? répète Chris. Mon pauvre chat, je vais devoir te consoler j'ai l'impression.

Il ouvre son peignoir et laisse apparaître son corps nu entre les pans.

― On n'a pas encore signé de contrat, Chris, lance Ryan en retournant vers la porte.

― Si tu veux un toit où dormir, ce soir, et que j'accepte de te reprendre, tu es à moi cette nuit. Prends ça comme une preuve de bonne foi de ta part.

― Tu crois que je veux revivre tout ce que tu m'as fait ? T'es qu'un putain de cinglé violent qui a besoin de soumettre ses partenaires au rang d'esclaves pour les martyriser, Chris Anderson ! Plutôt crever que de t'approcher à nouveau.

Sa grande main s'abat sur le visage de Ryan et le fait vaciller contre une colonne. J'en reste souffle court. Chris n'est pas juste grand, il a aussi beaucoup de force. Il l'empoigne à la gorge.

― Il est temps de dompter le fauve, j'ai l'impression. C'est papa qui va être content, chantonne-t-il.

Je sors de la voiture dans la précipitation et cours en direction du bâtiment. Et dire que je me suis fait berner par ce monstre ! Si le public savait qui il était réellement... L'ange blond n'est qu'une façade, cet homme est un véritable démon.

Je compose le code que j'ai vu à l'écran et fonce vers l'ascenseur, le cœur battant à tout rompre. Quand je pense que Ryan s'est jeté dans la gueule du loup et revit ses traumatismes juste pour me prouver sa sincérité...

Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant