Chapitre 9.1

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PDV Ethan


Ma tante pousse la porte vitrée de mon bureau. Mon bureau. J'ai encore du mal à me faire à ces termes. Comme à son habitude, elle porte un élégant tailleur, digne d'une importante femme d'affaire, et ses cheveux sont aussi rigides que ses traits.

― Tante Gilliane, bonjour

― Appelle-moi Gilliane. Evitons les marques affectives.

― Ah, oui, bien sûr.

Elle perd son expression glaciale en me voyant travailler sur un bloc de dossiers.

― Tu y arrives ?

― Mes années en école spécialisée et l'accompagnement de Charles et Martha sont efficaces. Et j'emporte du travail à la maison quand je n'ai pas été assez productif, ça commence à porter ses fruits.

― Hmm, c'est bien. Tu avances vite et tu fais preuve de rigueur. Continue comme ça.

De sa part, ces mots me remplissent de fierté.

― Sur quoi on t'a mis ? dit-elle en examinant l'amas de feuilles devant moi.

― J'examine les propositions pour le projet Evolution de Science Energie. Le brainstorming a eu lieu hier, l'équipe a fait du bon travail. Je les revois lundi et nous aurons ensuite une réunion avec le conseil pour leur présenter celles que nous retenons. Nous déciderons lesquelles garder et envoyer à l'entreprise.

― Ils t'ont pris pour un vulgaire chargé de projet ? Tu es notre président directeur général ! Ces deux abrutis, peste-t-elle. Et ça te convient, toi, ce genre de missions ?

― C'est... gratifiant, je pense. Ça m'immerge dans l'entreprise et je prends confiance en moi.

― Tu prends confiance, c'est bien. Mais ton travail se trouve surtout dans le relationnel. Tu vas devoir gérer deux soirées, cette semaine. Après les festivités dans la salle de réception, la seconde soirée se poursuivra dans ta villa en comité restreint pour conclure de nouveaux contrats. On ne t'a pas appris ça à l'école, je me trompe ?

― Euh, non, ce n'est pas...

― Evidemment. J'ai déjà prévu quelqu'un qui va te préparer et te former. Tu dois engager un traiteur, deux serveuses – j'insiste sur le fait que ce soit des femmes – et des gens pour l'entretien avant et après la fête. Ryan n'aura qu'à le faire pour toi, il saura quel personnel choisir.

― Je peux le faire.

― Ce n'est pas à toi de t'en occuper, non. Tu es déjà censé avoir une assistante, il peut bien faire ça.

Son ton devient sec dès qu'elle parle de Ryan. Il fait déjà livrer les courses et s'occupe de nos vêtements, je suppose qu'il pourra passer quelques coups de fil en plus, n'est-ce pas ? J'ai l'impression d'abuser de lui, mais ma tante a plus l'habitude de ces choses que moi.

Je lui jette un œil discret à la travers la vitre. Sa touillette entre les dents, il est rivé sur tante Gilliane comme s'il rêvait de la faire fondre à l'acide d'un simple regard. Que se passe-t-il entre ces deux-là ? Il vient même d'en briser sa tige en plastique.

― Ethan, tu n'as pas à travailler sur les projets de l'entreprise, il y a le COPIL pour ça. Tes missions sont ailleurs et elles sont cruciales pour acquérir de nouveaux contrats et garder une bonne image. Ton rôle sur ce point est vital, il faut que tu comprennes ça.

Alors, mes études n'ont vraiment servi à rien ? Pourquoi mon père m'a-t-il envoyé là-bas, dans ce cas ?

― Tant... Gilliane, je suis nul en relations humaines. Ma vie sociale était inexistante avant mon arrivée à Washington, comment pourrais-je convaincre des gens d'un âge avancé qui maîtrisent les codes du monde des affaires mieux que personne ?

Double jeu (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant