Chapitre 64.

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Génésis

Je pénétrais dans l'hôpital pressée et affolée. Jayce me suivait au pas. Je n'avais pas trouvé quelqu'un d'autre de disponible pour m'emmener rapidement à l'hôpital. Après avoir demandé la chambre d' Ézékiel et après avoir blablater avec la dame de l'accueil sur les raisons pour lesquelles on voudrait voir Ézékiel, c'est François qui vint finalement à notre secours.

- Pourquoi ne m'avez vous pas appelé ? Je m'énerve malgré moi contre François.

- Je suis sincèrement désolé mademoiselle, s'excuse François. Mais je suis les ordres de monsieur Donovan. Très peu de gens sont au courant de son hospitalisation. Alors, ne nous en voulez pas, de ne pas vous donner la possibilité de le voir.

- Je veux le voir... J'insiste désespérément. S'il vous plaît...

- Nous voulons le voir, ajoute Jayce. C'est possible ?

- Attendez-moi ici, je reviens. François s'enfonce dans le couloir et nous laisse.

Je me tournai vers Jayce puis je fuis son regard. Il me regardait avec insistance. Il s'interdisait de dire quelque chose et ça me taraudait de ne pas savoir à quoi il pensait exactement.

- Ça va aller ! Il tente de me rassurer. Je suis désolé.

- Désolé de quoi ? Je suis confuse.

- Pour toi. Il ose. De ce manque de stabilité dans cette relation...

- Jayce... Je tente de l'arrêter mais il n'en fait qu'à sa tête.

- Je ne critique pas... Il se défend en levant les mains en l'air. Je te parle en ami.

- On est pas amis ! Lui balançais-je énervé, ce qui le braqua.

- Génésis, il reprend sur un ton doux. Mon cœur se compressa sous son insistance. Je comprends que tu ressens quelque chose pour Ézékiel et il doit sûrement ressentir la même chose pour toi...

Je relève la tête en vitesse. Une chaleur explosa en moi sous cette annonce de Jayce. Ézékiel s'était-il confié à Jayce sur ses sentiments ? Ressentait-il la même chose que moi ? J'étais à la fois heureuse et sceptique. Je voulais en savoir plus sur les sentiments d' Ézékiel.

- Comment ? Qu'est-ce que tu viens de dire ?

- Tu es en train de t'embarquer dans une relation trop compliquée. Il contourne ma question. Cependant j'étais tout de même, toute ouïe à la conversation. J'ai... peur pour toi.

- Merci mais ça va. Une colère intense m'envahit à l'instant. Je n'ai pas besoin de ta peur.

- Combien de fois tu t'es rendu à l'hôpital à cause de lui ? Jayce s'assoit sur une chaise en me fixant d'un air réprobateur. Ézékiel est instable Génésis... Il baisse le ton comme pour marquer sa phrase. Il va aller bien aujourd'hui, et le lendemain, il peut tomber dans une déprime extrême. Il baisse la tête. L'armure qu'il porte est trop lourde pour lui et plus il s'ouvre à toi, plus elle se fissure. Si elle craque, Ézékiel sera... irrécupérable... il marque une pause en me dévisageant. J'ai peur qu'il essaye de se tuer.

- Ça lui fait du bien de se confier ! Je rétorque même si la tristesse était peinte sur mon visage.

- Tu crois ? Il arque un sourcil soudainement. Son air arrogant m'exaspère.

- Oui. J'affirme. Tu crois que garder tout cela en lui, l'aidera peut-être ?

- Génésis, Jayce reprend, absent. Ézékiel est un drogué du contrôle, ça fait des années qu'il est comme ça. Il me fixa d'un air songeur. Garder ses émotions en lui, donne à Ézékiel une façon de les contrôler, pour qu'ils ne débordent pas. Il est incapable de les partager avec quelqu'un parce qu'il ne pourra pas contrôler la réaction de l'autre personne. Et quand Ézékiel perd le contrôle ou ne contrôle pas quelque chose, Ézékiel souffre. Il s'arrête pour fixer les mots. Cette dernière phrase pendait dans l'air comme l'odeur nauséabonde de pourriture. Elle pénétrait mes oreilles et fendait mon cœur pour me remettre en question.

Sans Rancune 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant