Sans Rancune 2

Chapitre 57.

Génésis

La famille. Quand j'entendais ce mot je repensais à la réaction d' Ézékiel vis à vis de son frère et maintenant je comprenais tout. Cette vive douleur qui prenait possession de moi était vraiment atroce, presque dévastatrice. Je me détestais de l'avoir laissé tomber toutes ces années, j'aurais peut-être pu l'aider. Il avait juste demandé une chose dans sa vie : une vraie famille. Je le voyais dans ses yeux, quand il regardait mon père et ma mère. Je me sentais si perdue. Coupable de l'avoir autant détesté. C'est vrai, personne ne change du jour au lendemain comme ça et j'aurais pu m'intéresser à lui. Au lieu de ça, je l'ai détesté et je suis sortie avec Jayce. Bon c'est vrai j'avais des raisons de le détester mais là, je me sentais coupable d'avoir poussé ses limites.

Nous rejoignons Jayce qui faisait les cent pas dans la salle d'attente. Chloé accourût vers lui sans surprise. Il réceptionna Chloé avant de me saluer, très embarrassé.

- Comment il va ? M'empresserais-je. Est-ce qu'on peut le voir ?

- Il passe des examens, il est sorti de son coma, ne t'inquiète pas. Me répond Jayce.

- Que t'ont dit les médecins ? Insistais-je.

- Ils ont dit qu'il avait fait une intoxication éthylique aiguë. Voilà... ils pensaient qu'il avait fait un coma éthylique mais... Apparemment ça va. On attend. Ils vont le changer de service pour aller en UHTCD ( unité d'hospitalisation de Très Courte Durée ).

J'arrivais pas à croire qu'un idiot et débile comme Jayce avait retenu des termes aussi médicaux. Mais bon, les miracles ça existe.

- On pourra le voir ? L'interrogeais-je.

- Je pense... je vais lui en foutre une, ça c'est sûr. Se plaint Jayce en colère. Il s'est passé quoi pour qu'il se bourre la gueule et essaye de se tuer ? Ses yeux me scrutèrent méticuleusement.

- Rien. Je ne sais pas. Contournais-je mais Jayce me connaissait et il savait que je mentais.

Avait-il gardé tout ça pour lui ? Avait-il aussi souffert ? Je n'avais pas assez de force pour porter cette révélation sur mes épaules. Comment on peut faire ça à quelqu'un ? Abuser d'un jeune enfant. Lui laissant des cicatrices à vie. C'était d'une atrocité pas possible et mes pensées ne pouvaient pas cesser d'imaginer qu' Ézékiel faisait et fait partie de ces enfants victimes d'abus sexuel. C'était horrible, j'étais en rage. J'avais juste envie de le retrouver. J'avais juste envie de le serrer dans mes bras, si fort, si chaleureusement pour qu'il puisse tout lâcher. Il avait juste demandé à ma famille. Qui aurait bien pu faire ça ? Ses kidnappeurs ? Son père ? Jean-Baptiste ?

- Génésis ?

Je me tourne vers Chloé, le visage complètement fatigué par la méchanceté dont il avait fait preuve mais aussi par les évènements : Lucas, Ézékiel, ses révélations. Tout était de ma faute, pourquoi j'ai essayé de lui faire entendre raison ? Je l'ai poussé à cracher le morceau devant tout le monde et je m'en veux. Je m'en veux tellement de m'être mêlée de ce qui ne me regardait pas. Je suis déboussolée.

J'avais tapé sur Google. Il fallait que je sache les conséquences qu'un tel acte entraînait. J'avais entendu parler des agressions de pédophiles mais je ne m'étais jamais renseignée plus que ça sur le sujet ni sur les conséquences.

- Ça va ? Elle me demande.

- Oui... je suis heureuse qu'il dorme enfin. Avec le développement de sa boîte, il n'a pas eu le temps de se reposer. Je simplifie. Merci d'être venue.