Chapitre 1.

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Génésis

    Je l'avais échappé bel. J'aurais pu y passer. Je ne sais pas ce qui m'a prit. Comment j'allais expliquer cela à mes parents ? Les journalistes étaient partout, ne parlons même pas de la police qui s'était mobilisée pour cette affaire. Qu'est-ce qui m'a vraiment prit ? Je détestais Ézékiel Donovan. Je déteste son entourage, son aura, sa personnalité, sa manière de sourire comme si tout lui était acquis. Il était remplit d'amertume et il appelait toujours la mort. Je ne voulais pas côtoyer quelqu'un comme lui. Je méritais mieux que de risquer ma vie sans arrêt. Si ce n'est pas Ézékiel qui veut me tuer, ce sont ses ennemis qui à chaque fois que je serai à côté de lui, me prendront pour cible.

    Je sortais de la salle d'observation avec un simple bandage à poignet. J'avançai près du distributeur de boisson et la scène ne cessait de rouler en boucle vicieuse dans ma tête. J'avais aperçu le 4x4. Je l'avais vu sortir de sa planque et foncer sur Ézékiel qui avait mit un pied dehors. Moi, je le suivais de près, animée par la curiosité. J'aurais dû écouter Max quand il a dit de rester à l'intérieur. Ézékiel aurait été renversé une bonne fois pour toute. Cependant, têtue comme je suis, carburée par l'instinct et la surprise, j'avais couru vers Ézékiel pour le pousser hors du champs de l'agresseur. J'avais pas pensé à me protéger moi et j'avais mit en danger les gardes de corps d'Ézékiel qui, au moment où ils ont compris la situation, ce sont rués sur moi.

    Je me rappelle de l'expression grave de Max quand il s'est jeté sur moi pour me projeter ainsi que Patrick, laissant sa vie et sauvant la mienne.

    Je regardais sans but la cannette de café qui était sorti du distributeur. La scène n'arrivait pas à s'arrêter. Les roues, le 4x4, la bruit, les cries...

    Je lâchai ma cannette par terre en jurant, prise par la surprise de la réalité. Je ramassai ma canette. J'entendis Ézékiel gronder les policiers comme si c'étaient de leurs fautes si on avait tenté de le tuer. N'importe qui voudrait le tuer, même moi.

- Génouille ! Ézékiel accourût vers moi l'air affolé. Il était resté là, seul avec quelques employés et des familles ici et là mais seul tout de même, attendant sûrement que l'un de nous revienne. Tu es complètement malade ! T'es vraiment une idiote ! Une vraie abruti ! On... Tu... t'es juste une imbécile. Il bégaye presque la voix tremblante.

    Mes yeux s'arrondissent devant l'amas d'insulte qu'il venait de me sortir. Il était sérieux en plus, c'est ce qui était le plus dure. J'aurais dû le laisser crever. Je ne sais même pas pourquoi j'ai empêché ça. Je baissai mon regard vers le sol, réfléchissant à partir d'ici rapidement sans que les journalistes ne me voient.

- Tu... recommença-t-il avec une voix moins maîtrisée que d'habitude. Pourquoi as-tu fait ça ?

    Je relevai ma tête vers lui et une lueur inconnue apparût dans ses yeux. Était-il reconnaissant ? Sûrement pas. Il se disait surtout que c'était mon devoir de lui éviter la mort puisque j'étais son employée à cause de ce fichu contrat.

- Dit quelque chose, tu as mal quelque part ? Enchaîne-t-il en tâtant ma main et mon épaule à la recherche d'une douleur. Son toucher me brûla. Même si ses yeux verts semblaient exprimer de la peur, j'y croyais plus.

- Non ! M'écartais-je sèchement. Je n'ai rien.

Ézékiel souffla soulagé.

- Tu me rassures. On dirait qu'il surjouait son émotion. Je n'ai pas à porter un poids sur ma conscience. J'aurais tellement été mal pour le concours. J'aurais dû faire un contrat pour David, t'imagines... Il bafouille légèrement. Sa main traverse sa chevelure et ses yeux ne savent plus où se poser. Je... ce n'est pas le sujet, je sais. Il s'accorde enfin un moment pour me regarder sincèrement. Il soupire. Je suis tellement soulagé... sa voix se fait douce. Je jette mes pupilles dans les siennes et il ajoute en me fuyant : Je veux dire... sachant que les olympiades approchent. Je suis tellement apaisé de ne pas faire... de... de contrat pour Da... David.

    Le son s'effaça dans ma gorge. J'étais ahurie par son manque de compassion. Il venait de perdre deux gardes de corps. Patrick était mort et Max n'était plus en état d'exercer. Tous ce qui le préoccupait était ce concours et son foutu bac l'année prochaine ? Alors que pas loin de nous, la famille de Patrick pleurait parce qu'il avait donné sa vie pour me sauver car j'ai voulu sauver Ézékiel. Il pouvait être beau mais il n'avait aucun sentiment. C'était un monstre.

- Ils sont encore là les journalistes ? Je parviens enfin à demander, contournant tout son discours de tout à l'heure.

- Je crois oui... Il fronce les sourcils, surpris par ma question.

- Je vais alors chercher une sortie ailleurs. Je m'éloignai de lui sans plus attendre. Il essaya de me parler mais pas question que j'absorbe moi aussi cette obscurité malfaisante. Il fallait que je trouve un moyen de l'éloigner de moi.

***

- Tu as vu les infos ! S'affola ma mère alors que je me servais de l'eau dans la cuisine. Monte le son James.

     Je me figeai quand j'entendis de quoi il parlait. « ... L'héritier Donovan a échappé à une tentative de meurtre devant sa résidence. C'était juste devant son portail, dont nous avons l'interdiction de filmer, où d'après les témoins, l'assaut a eu lieu. Les employés sont terrorisés. On parle d'un 4x4 noir qui aurait prit la vie d'un de ses gardes de corps. La jeune dame qui l'accompagnait a été l'une des victimes de cette agression mais est heureusement vivante... Monsieur Donovan n'a souhaité donné aucune interview pour l'instant. C'est un coup dure pour ce jeune homme faisant partie des plus grandes fortunes du pays. »

- Il a que ce qu'il mérite ! Se réjouit mon père et j'étais de son avis, seulement... c'est moi qui l'a empêché de mourir. J'avais sauvé une vie mais condamné deux autres. Ça n'a donc servi à rien.

- James, comment tu peux oser dire des choses pareilles ? Le gronda ma mère. C'est un enfant qu'on vient d'essayer de tuer.

- Tu crois que ça m'étonne qu'on veuille le tuer ? Riposta mon père. Ça doit être des parents qui en ont marre de le voir harceler leurs filles.

- James, aies un avis subjectif. Ça peut aussi nous arriver ! Ça aurait pu arriver à Génésis.

    Mes parents tournèrent le regard vers moi et je déglutis. Savaient-ils quelque chose ? Je n'eus le temps de m'inquiéter qu'ils m'oublièrent.

- Arrête de prendre sa défense Luvie, ce n'est pas ton fils ! C'est un riche et arrogant jeune homme qui a eu ce qu'il méritait. On aurait dû le percuter. Il aurait su ce que ça fait de se faire renverser.

    Mon père avait raison. Et ma rancune le savait bien. J'aurais dû le laisser.

- Et toi, tu ne vois que ce qui t'arrange ! S'enragea ma mère qui boudait contre son mari.

    Elle pouffa alors que je décidai de monter dans ma chambre. J'éteignis mon téléphone aussitôt car maintenant que l'info avait circulé, j'avais David et Chloé qui me harcelaient de messages. Mais pas seulement eux. Le site de l'école explosait de messages et de théories farfelues.

    Après demain, je partais pour l'Italie. Je devais donc terminer de préparer ma valise. J'étais vraiment épuisée par tous ses évènements. Maintenant, tout le monde savait qu'Ézékiel vivait seul et je suis bien contente de ne pas avoir été mentionné dans le reportage.

 Maintenant, tout le monde savait qu'Ézékiel vivait seul et je suis bien contente de ne pas avoir été mentionné dans le reportage

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