Chapitre 40.

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Génésis

- Je ne me sens pas normal. J'ai l'impression de faire quelque chose de travers et de mauvais. Avouais-je alors que mon psy me contemplait patiemment.

- Pourquoi n'avez-vous pas la conscience tranquille ? Il me demande calmement.

- Je l'ai revu. Les lignes d'un visage masculin avec des traits bruts et accentués se dessinent.

- Qui ?

- L'origine de mes douleurs. Le visage devient plus clair à mes yeux. Son sourire, son regard.

- Le jeune homme ? Devine-t-il sans pour autant perdre son calme.

- Oui et... J'hésite à continuer même si je sais que ça me fera du bien d'en parler, quelque chose a changé.

- Quoi donc ?

- Je ne sais pas. Je réfléchis. Mais en moi, je le sens et entre nous aussi.

- C'est-à-dire ?

- C'est-à-dire que je le trouve vraiment sympa. Je soupire en baissant la tête. Je sais, vous pensez que je suis folle mais... Je relève le visage vers mon psy. Je pense qu'on aurait pu bien s'entendre lui et moi.

- Vous voulez dire que le garçon qui vous a harcelé vous invoque de la sympathie ? Le voyez-vous souvent ? Insiste mon psy avec une pointe de jugement dans sa voix. Est-ce lui qui vous en a convaincu ?

- Non. Je repense à nos conversations. Oui, il m'a convaincu qu'il ne me ferait pas de mal. Enfin, il a demandé à ce qu'on abolisse l'âge de guerre entre nous.

- Comment vous vous sentez par rapport à cela ?

- Je suis mitigée. Annonçais-je. D'un côté, je sais que j'aurais préféré qu'il se rende compte de ce qu'il a fait et le paye. D'un autre côté, je me dis qu'il en a assez bavé dans sa vie. Je ne sais pas.

- Savez-vous ce qui l'a poussé à cette conclusion ?

- Non. Mais j'aimerais le savoir.

- Pensez-vous qu'il en vaut vraiment la peine ? Cherche-t-il sans me quitter des yeux. Est-ce qu'il vaut la peine que vous vous posiez toutes ces questions ?

*

Ézékiel ? Il en vaut bien plus que la peine.

J'étais en cours avec David. Chloé était dans son lycée et elle voyait sûrement Jayce après. Nous nous posons près d'un radiateur parce qu'il faisait vraiment très froid. J'enfouis mes mains dans mon manteau et nous nous adossons contre le radiateur pour profiter de sa chaleur. Les élèves faisaient de moins en moins attention à moi mais on sentait toujours quelques regards déplacés et insistants.

- C'était bien le cours au Club, non ? Ézékiel et toi aviez fait un bon sujet, j'ai été impressionné. Me complimente David à mes côtés. Vous vous êtes parlés après ?

- Non, il ne m'a pas adressé un mot.

Je me souviens de ce qu'on s'était dit vendredi. Je ne saurais jamais à quoi il pensait. Il avait l'air de m'avoir pardonné mais je me demande si ce n'est pas un leurre. Je me méfiais de ses pensées cachées et pourtant son touché me manquait.

Sans Rancune 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant