Chapitre 54.

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Ézékiel

Il était vingt heure quand je suis rentré chez moi. Je passai les portes de la résidence à bout de nerfs. J'étais énervé de voir que rien ne se passait comme je le voulais et en prime, j'avais complètement foiré avec Génouille. Je voulais tout faire pour qu'elle oublie ce que je lui ai dit. Je maudis l'urgence que j'ai eu, sinon on aurait peut-être... discuté.

Je l'avais prévenu. Je lui avais dit de ne pas s'y aventurer. Je jetais des méchancetés lorsqu'on essayait de frôler ma muraille de pierre. La vérité est que je ne voulais pas être trahi. Je ne voulais pas accorder ma confiance puis être trahi encore une fois. J'avais besoin d'exercer un contrôle sur elle pour ne pas être prit au dépourvu au cas où elle me trahirait. Elle adorait fouiner dans ma vie et ça depuis toute petite : Elle avait pris mon journal, l'avait lu et l'avait ensuite oublié en classe. Cette erreur de sa part avait dévoilé mes secrets à tous mes camarades, ce qui m'avait valu un harcèlement rude au primaire. Je l'avais vécu comme une trahison. Mais ça ne m'a pas fait, la détester. Je l'aimais.

Elle m'avait invité chez elle pour réparer son erreur et c'est ce jour-là que son oncle n'a fait qu'une bouchée de moi. Il m'avait volé mon innocence, il avait pris le contrôle de mon corps. J'avais su ce jour-là, qu'il m'avait pris tout ce qu'il me restait. Et je la hais de m'avoir fait venir. C'était de sa faute.

Années après années, blessures après blessures, vide après vide, j'ai essayé de vivre avec. J'avais assassiné le Ézékiel docile que j'étais, jurant de ne plus jamais perdre le contrôle de mon corps. Jean-Baptiste n'est jamais arrivé à bout de moi. Coups après coups, ils m'avaient tous rendu accro à la douleur physique. Sexuellement, je voulais m'assurer que je gardais le contrôle de mon corps et de celui de ma partenaire. C'est l'origine de mon tatouage.

Je ne veux pas me permettre de la soumettre comme les autres. Je deviendrai accro à elle, je le sais. Je ne m'en passerai plus.

- Stephen, Génésis est bien rentrée ? J'accoste Stephen qui se dirigeait vers je ne sais où.

- Non, elle est là haut je crois... il se poste à côté de moi et ajuste ses lunettes. Comment s'est passée la réunion ? La date de la prochaine réunion est-elle fixée ?

- Dans quelques jours... Attends- moi dans le bureau. Je reviens. J'avais demandé à François de la raccompagner, que faisait-elle encore ici ?

Je monte les escaliers avec appréhension. Son interrogatoire de tout à l'heure m'était monté à la tête. On aurait dû passer une bonne journée. Tout avait bien commencé mais il fallut qu'elle me fasse perdre mon sang froid.

J'ouvris avec empressement la chambre d'amis qui lui était attribuée, et comme je l'imaginais, elle était à l'intérieur. Elle était assise sur le lit et discutait tranquillement avec Morah. Elle fraternise avec mon personnel et cela me dérange. Cependant, je ne fis aucune remarque puisque j'imaginais bien qu'elle ne pouvait parler à personne d'autre. Ses grands yeux bleus se tournèrent vers moi apeurés. Elle avait attaché ses cheveux en queue de cheval rapide. Elle lui tombait dans le dos. Je voulais la resserrer car plusieurs mèches rebelles se baladaient sur son visage.

- Monsieur Donovan, se lève Morah surprise. Excusez-moi, j'ai profité de mon temps de pause pour tenir compagnie à mademoiselle...

- Tout va bien Morah. Je la rassure. Génésis se lève à son tour. Tu pourrais nous laisser ? Il faut que je parle à Génésis.

Elle hocha la tête et se dépêcha de sortir. Génésis tira sur les manches de son pull chocolat avant de rester debout face à moi, redoutant peut-être une parole méchante de ma part. Je retirai ma veste de costume, desserrai ma cravate et ouvrit les premiers boutons de ma chemise.

Sans Rancune 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant