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- Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ? me demande Carter alors que je débarrasse nos deux assiettes.

Je ris doucement et hausse les épaules.

- C'est à toi de choisir, pas à moi.

- Et pourquoi ?

- Parce que c'est important pour moi qu'on fasse quelque chose que tu aimes.

Un sourire timide étire ses lèvres et le rose lui monte aux joues. Elle détourne le regard et se cache le visage de ses mains en secouant la tête.

- Désolée...

- De quoi ? dis-je en m'approchant d'elle. T'es belle quand tu rougis.

Je lui prends les poignets et les écarte doucement pour la voir.

- Je ne suis pas belle..., murmure-t-elle.

- À mes yeux tu es la plus belle de toutes, Carter.

Elle baisse les yeux et on reste silencieux. J'adore quand elle manque d'assurance, ou qu'elle est timide. Ça la rend tellement vulnérable, et ça me permet de la réconforter et de la rassurer.

- On peut... juste rester ici ? À regarder le plafond ? demande-t-elle d'une voix hésitante. Hier soir c'était bien, mais... je préfère quand on reste dans les bras l'un de l'autre en discutant, désolée...

- Ne le sois pas, c'est aussi ce que je préfère.

Elle sourit et on monte dans ma chambre en silence. En montant les escaliers, je repense à la discussion que ma mère et moi avons eue hier.

"Et si je préfère la prendre dans mes bras en regardant un film plutôt que de sortir, qu'est-ce que ça change ? demandai-je en la regardant dans les yeux.

- Mon coeur, si tu préfères l'avoir dans tes bras sans rien faire d'autre, c'est que tu sais déjà où tu en es."

Si ma mère a raison, ça voudrait dire que Carter sait elle aussi où elle en est. Il faudrait qu'on ai genre.. une discussion, qu'on en parle. Mais pas aujourd'hui, aujourd'hui s'annonce être une journée parfaite, et je ne veux pas tout gâcher. Imaginons que la discussion ne se passe pas comme prévu, ou qu'une sorte de malaise s'installe... Haha, non merci.

On s'allonge sur mon lit en silence, comme d'habitude, en regardant le plafond blanc, qui est beaucoup plus intéressant qu'on pourrait le penser. Elle pose sa tête sur mon torse et j'enroule son corps de mon bras, la serrant contre moi. Les minutes s'écoulent, puis je brise le silence en murmurant :

- Carter... Et si la malédiction ne marchait pas cette fois-ci ?

- Je ne pense pas que ce soit possible...

- Qu'est-ce que tu en sais ? Tu n'es pas différente, ni mentalement ni physiquement...

Soudain, je réalise une chose lorsque je prononce le mot "physiquement" et j'attrape la main de Carter pour regarder la paume.

- Le tatouage est toujours là, Harry, dit-elle en retirant sa main et en détournant le regard.

Je me redresse en position assise et m'écrie :

- Mais à quoi tu pensais ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Tu aurais dû, peut-être que ce n'est pas normal, peut-être que...

- Sht, m'interrompt-elle en mettant sa main sur ma bouche et en relevant la tête vers moi. Arrête de paniquer...

- Mais Carter, tu ne comprends pas ? rétorquai-je en retirant sa main de mes lèvres et en la regardant dans les yeux. Le tatouage est toujours là, et il affiche le nombre 8, comment tu peux me demander de ne pas paniquer ?

Elle hausse les épaules et me prend la main qu'elle caresse doucement pour me calmer.

- Moi je ne panique pas, souffle-t-elle. Je ne peux rien y faire de toute façon, alors ça ne sert à rien de crier.

Je déglutis et tente de retrouver un rythme cardiaque normal. Comment ça se fait qu'elle ne panique pas ? C'est vraiment, vraiment, vraiment paniquant. Pourquoi le nombre 8 ? Le tatouage devait s'effacer aujourd'hui, le compte à rebours est terminé. Pourquoi 8 ? Une petite part de moi espérait que la malédiction se soit effacée pour toujours, qu'il ne se passe absolument rien. Mais le fait est que ce n'est pas terminé. Est-ce que c'est encore un compte à rebours ? Sûrement. Est-ce que c'est encore une manière de faire souffrir Carter, et indirectement tous les gens qui l'aiment ? Sûrement. Est-ce que tout mon être me crie de l'embrasser et de lui dire que tout va bien aller ? Évidemment. Je ne devrais pas paniquer, elle a raison. C'est moi qui doit la rassurer lorsqu'elle angoisse, c'est moi qui doit lui caresser la main pour la calmer, pas le contraire. Je suis faible.

Je me penche et enroule mes bras autour de son petit corps. Elle glisse une main dans mes cheveux et l'autre dans ma nuque pour me serrer contre elle. Je prends une grande inspiration et laisse l'odeur flottant dans ses cheveux entrer dans mes poumons. Son odeur est tellement enivrante, je ne m'en lasserai jamais.

- Tu as fait tellement de choses pour moi, souffle-t-elle contre ma nuque.

- Comme te condamner ? C'est ma faute si le compte à rebours s'est lancé...

- Ne dis pas ça, Harry. Tu m'as rendue meilleure, j'étais froide et désagréable, et tu m'as fait comprendre beaucoup de choses.. Tu es quelqu'un de merveilleux, tu es juste trop humble pour le voir.

- C'est toi qui dit ça ? riai-je doucement.

Je la sens sourire et instantanément, je ressens le besoin de la serrer encore plus fort, bien qu'elle doit déjà avoir du mal à respirer. Je le fais donc, et elle me rend mon geste.

Un sentiment de bonheur s'élève en moi, comme à chaque fois qu'elle me montre son affection. Je ne pensais pas que ce serait possible d'ailleurs, je ne suis qu'une simple anglais, alors qu'elle, elle est beaucoup plus que ça...
Je n'aurai jamais pu imaginer qu'elle deviendrait une part entière de ma vie.
Pire, elle est devenue ma raison de vivre. J'en suis sûr maintenant, c'est elle, et personne d'autre.

Obsession || H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant