Jeudi 21 juin, 22 heures, la fête battait son plein ici comme partout en France. Étonnante cette fête qui réunissait musiciens professionnels et amateurs, jeunes, vieux, tout le monde dans les rues pour écouter de la musique que l'on n'écouterait pas chez soi. Brest se noyait sous la chaleur de la nuit, le soleil ne brûlait plus les peaux dénudées mais la chaleur emmagasinée par les bétons et bitumes, omniprésent, recrachaient leurs calories et rendaient les rues brulantes. La nuit était, malgré tout, belle et paisible, pas de bagarre, pas de problème à l'horizon, les fêtards semblaient enclins à respecter l'évènement et l'arrivée de l'Été déjà bien présent !
La musique celtique prenait des airs de rocks en mélangeant les instruments et les sons, un petit groupe d'étudiants décidèrent de quitter le cœur de la ville pour aller boire un peu plus loin, dans les endroits sombre de la ville. Montant en voiture ils rejoignirent le port de Brest pour y voir au loin le soleil se lever sur la Rade. L'endroit est particulier, il s'y mêlait l'ambiance industrielle et lourde du port à celle de l'océan dans la Rade, un spectacle que beaucoup de jeunes aimaient capter à des heures avancées de la nuit. Adrénaline à 3H du mat, romantisme à 6H... Chacun ses raisons, chacun ses envies !
A 2H45, le petit groupe se gara non loin d'aire de stockage de containers géant. Ça sentait le fuel, ça sentait également la crasse, mais cela ne faisait que monter l'adrénaline, les packs de bières étaient descendus du coffre et les cinq copains, tous étudiants dans la même école, commençaient à refaire le monde une bouteille à la main...
Dans l'ombre de machines figées par la nuit, tel des colosses d'argiles tout droit sortis d'autres temps, un groupe d'hommes observaient la scène. Ils avaient repéré et suivi la 206 immatriculé dans le 59. Ils étaient quatre, mais l'un d'entre eux restait à l'écart, il était appuyé contre la roue d'un transporteur de containeurs, une machine de plusieurs dizaines de tonnes capable de soulever plus de 30 tonnes et qui semblait dormir après sa journée de travail. Les trois autres jetèrent un œil au plus âgé, ce dernier leur lança un regard approbateur et ils sortirent de l'ombre pour s'approcher des jeunes.
A proximité du petit groupe, les jeunes furent surpris par ces trois lascars qui débarquaient de nul part, les copains se levèrent demandant ce qu'ils voulaient...
- Bonsoir, on est marin sur le Santa Maria, on se balade avant de reprendre la mer ! Vous auriez des cigarettes ?
- On ne fume pas mais on peut vous offrir une bière...
- Ah ! Ça c'est sympa les mecs, on nous avait bien dit que les Bretons étaient accueillants !
- On n'est pas du coin on est étudiant à l'ENSTA.
- Ok ! C'est cool ça !
L'un des jeunes tendit une bière à celui qui semblait mener le groupe de marin mais là, une arme sortit de sa poche. La bière tomba dans un fracas de verre et les cinq jeunes se retrouvèrent braqués par trois armes différentes. Le plus grand des marins sortit un tazeur et en utilisant ces mots, mis ko le premier jeune :
« Désolé mon gars, je ne peux pas te dire que ça va aller pour toi » ...
Les cinq jeunes se retrouvèrent au sol et à cet instant le dernier homme sorti de l'ombre. Cheveux d'un noir sans reflet, gominés en arrière, une peau tannée par les années et par le soleil. Il portait un costume noir et seul le haut d'un col mao blanc et une pièce d'or en boutonnière cassait cet uniforme sombre. Avec un accent espagnol plus prononcé que les autres il lança au plus grand :
- C'est bien cette fois tu ne les as pas abimés ! Tu progresse Marco.
- Vous n'allez pas continuer à parler de Rodez pendant des années... Laissez tomber !
- Ferme-la, tu n'as pas à décider de ce que je veux dire ou non, n'oublies pas ta place mon cher Marco, tu as encore du chemin à faire pour faire ta place auprès de moi !
- Excusez-moi Don Josué... malgré ses 30 ans et son bon mètre quatre-vingt-dix, le colosse baissa la tête.
- Emballez-moi ces quatre-là mais celui-ci, trop gros, pas viable, faite le disparaitre... Et pas de trace !
Sur ces derniers mots, les trois sbires se mirent au travail. L'un d'entre eux reculât un petit utilitaire noir, un Mercedes Vito. Ils ouvrirent les portes et y placèrent les quatre jeunes sélectionnés par leur chef. Marco sorti du véhicule une grosse mallette noire, il y prit une seringue et un flacon de verre remplit d'un produit blanchâtre. Il reproduit quatre fois la même opération en injectant ce produit aux pauvres étudiants. Il jeta un regard aux deux derniers, ils comprirent et mirent le dernier dans le coffre de la 206. Ils ramassèrent méticuleusement les bières et nettoyèrent toutes traces de leur passage. Une fois le jeune chargé à l'arrière, ils prirent le volant et s'éloignèrent avec l'auto.
Celui qui semblait être le chef reparti, dans la lumière blafarde des lampadaires, la boutonnière d'or envoya un éclair de lumière, elle représentait une tête de mort avec les mots « Muerte es solo un pasaje » gravé sur son contour, la même que celle qui avait bousculé Yann lors du brief au Bastion. Il rejoignit le van et montât côté passager. Le colosse pris le volant et se mit à suivre la 206 immatriculé 59.
Les deux véhicules se mirent en route, une fois sorti de la zone portuaire, ils se dirigèrent vers une zone plus ancienne du port de Brest et s'arrêtèrent près d'un vieil entrepôt frigorifique de la STEF. Deux des trois hommes prirent le jeune homme qui était en train de reprendre connaissance. Dans l'entrepôt, une odeur de mort planait, ici avaient circulées des tonnes de viandes avant de partir sur les routes dans les camions frigorifiques au logo bleu et blanc. Mais aujourd'hui, il ne s'agissait pas d'un animal de retour des abattoirs, mais d'un jeune homme de 19 ans... Ils lui assenèrent un coup derrière la tête avant de le faire tomber au centre d'un vieux container blanc et surtout jauni par le temps et la crasse. Le jeune homme était inconscient, sonné par le coup de crosse de 9 mm.
Le plus grand des trois arriva avec un bidon blanc qu'il avait pris à l'arrière du Vito, le genre de contenant avec une tête de mort bien en évidence, il l'ouvrit et laissa l'infâme liquide faire sa basse besogne. Dès que le liquide entra en contact avec la peau du malheureux, l'acide fit son travail et commença à le ronger.
L'acide faisait un travail précis mais lent, il ronge les chairs, ronge les os. Dans le comble de l'horreur, la douleur indescriptible réveilla le pauvre jeune homme alors qu'il disparaissait dans se bain morbide. Ce dernier essaya de se débattre mais une partie de sa peau et de ses muscles étaient déjà rongés, rendant impossible tout mouvement, seul son cerveau enregistrait encore la douleur, il succomba dans des douleurs atroces, les cris n'étaient même pas audibles, le pauvre homme tentait de se débatre mais en vain. Les quatre hommes restèrent là sans la moindre expression de douleur ou de compassion sur leurs visages, il semblait rompu à l'exercice, comme s'il ne faisait qu'un simple travail.
Une fois les cris du pauvre homme étouffés dans le crépitement de ce macabre mélange, l'homme le plus âgé, vêtu de noir s'en allât, laissant la basse besogne aux trois autres qui semblaient savoir ce qu'ils avaient à faire sans qu'il n'ait besoin de prononcer un mot. Dans l'obscurité, l'homme alluma une cigarette, la flamme de son briquet brillant fit ressortir les rides prononcées sur son visage dur et glacial.
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Les disparus de la Rade
Mystery / ThrillerUne affaire d'enlèvements aux quatre coins de la France fait intervenir une équipe du SRPJ de Paris. Le capitaine Yann MAZE mène l'enquête à Brest pour tenter de résoudre cette affaire qui semble bien plus sombre que les affaires classiques de la ré...