Quai numéro 8, le Santa Maria, un porte-containeurs géant sous pavillon Mexicain était à quai, toutes machines en route, le bruit sourd des moteurs géant faisait vibrer le quai tout entier. Les marins revenaient de leur dernier tour en ville et s'apprêtaient à reprendre la mer. Sur le côté opposé au quai, deux supers pousseurs de la compagnie Abeilles s'apprêtaient à engager les manœuvres, heure du départ prévue à 4H30 précise.
La nuit était chaude, l'obscurité oppressante, les odeurs de fuel lourd oppressaient les cœurs, à ce même instant, deux containeurs étaient chargés sur le cargo, ils sont hors PV, les numéros d'identifications étaient effacés... Un homme se tenait au côté du grutier aux manœuvres de ce dernier grutage, il s'agissait de l'un des marins de la veille, le jeune Marco.
L'homme en noir surveillait les manouvres et veillait à ce que la précieuse cargaison soit manipulée avec précaution. A l'intérieur de ces deux containeurs on ne trouverait pas d'objets d'exportations ou autres voitures de luxes comme dans d'autres qui étaient déjà chargés sur le navire.
La cargaison était tout autre, il s'agissait de deux caissons aménagés pour le transport d'êtres vivants... Oui vivant car les nombreuses personnes enlevées par ces étranges personnages étaient bien vivantes. Seuls seize avaient été détectés par les services de Police dont les huit de Brest mais la récolte de l'homme en noir en comptait donc bien plus. Des hommes, tous jeunes, en parfaite santé et sédatés pour le transport. Maintenu en vie par des médecins vêtus de la même façon que l'homme en noir, tenue sombre et tous avec ces fameux badges en boutonnière... Mais un seul était en or, pour les autres, le métal plus ou moins précieux indiquait le niveau d'importance dans cette étrange caste.
Le médecin en chef avait une pièce en argent, cette même tête de mort était présente sur de nombreux objets qui composaient l'équipement de ces containeurs. Ce dernier se nommait Aldair Barroso, environ 45 ans, brun aux cheveux très court. Le visage sévère et mat, une cicatrice importante bordait son visage sur la gauche, comme marqué par une déchirure sanglante lors d'un combat d'un autre temps.
Barroso donna des ordres aux 7 personnes vêtu de noir qui géraient les deux blocs de survit. Chacun des jeunes hommes étaient reliés à des machines de surveillance médicale, ils étaient calmes, paisible, dans des tenues vert pâle, une couleur qui ne semblait pas à sa place dans cet environnement couvert de noir et de blanc, les mots étaient en espagnol, même si d'ordinaire cette langue avait des accents agréables, ensoleillé, à cette heure de la nuit dans cet environnement d'acier, il n'en n'était rien. Les soignants se répartirent entre les deux containeurs, 4 partirent sur le caisson numéroté « Uno » et trois autres prirent la direction du « Dos » suivi par Barroso lui-même.
Avant d'entrer il marqua un arrêt devant l'homme en noir qui restait en retrait, fumant dans l'obscurité, il ne le regarda pas droit dans les yeux, il semblait craindre cet homme, il prononça ces mots :
- La récolte a été bonne Don Josué. Les hommes semblent solides et en bonne santé. Les examens seront faits dès leurs arrivées, je pense qu'au moins 10 pourront être utilisés pour nos piliers.
- Ne te satisfait pas de ce qui pourrait être bien mieux, c'est ce qui fait que tu restes à ta place et que la caste ne te fait pas monter dans l'ordre Aldair !
- Excusez-moi Don Josué, je voulais simplement signaler que vous avez encore une fois mené à bien votre mission.
- Nous avons perdu du temps et de l'argent à cause d'El Toro, nous aurions dû ramener autant de femmes que d'homme et au lieu de cela nous allons devoir retarder nos plans.
- Une prochaine expédition doit partir de Mexico dans 15 jours, serez-vous du voyage ?
- Je ne veux pas encore voir revenir une missive m'informant d'un échec... Je serai bien obligé de superviser cette expédition, nous devons trouver des femmes pour espérer respecter nos échéances et respecter les besoins de la caste.
- Que puis-je faire pour vous être utile Don Josué ?
- Veille à ce que les hommes arrivent en bon état à Veracruz. Je pense que ça au moins tu devrais pouvoir y arriver, qu'en penses-tu Aldair.
- Très bien, tout sera fait à votre convenance El Angel Negro...
La voix de Barroso semblait tremblante en prononçant le nom donné par la caste à Don Josué... Comme une menace qui plane, un avertissement à quiconque souhaiterait défier cet homme.
Sur ces mots, Barroso se dirigea vers le containeur « Dos », « l'ange noir » comme l'avait appelé Barroso ne chercha même pas à saluer le médecin, il partit dans le sens opposé pour rejoindre le port.
Plus bas, une grosse berline allemande l'attendait devant le quai, une Maybach Mercedes, une voiture dépassant les 200 000 €... Vu d'ici, on était en effet bien loin d'une simple affaire de disparitions, la sombre entreprise de ces hommes en noirs et cette caste semblait tentaculaire et d'emprise mondiale...
Il montât dans la voiture aux vitres sombres, la voiture démarra et s'éloigna dans la nuit, Don Josué jeta un dernier coup d'œil aux containers, précieuse et mystérieuse cargaison... Sans doute également funeste destin pour ces pauvres hommes à leur bord. La voiture s'éloigna sous la lumière artificielle des hauts lampadaires du port, à leur sommet, des caméras, toutes éteintes, restaient aveugle à toute cette scène.
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Les disparus de la Rade
Tajemnica / ThrillerUne affaire d'enlèvements aux quatre coins de la France fait intervenir une équipe du SRPJ de Paris. Le capitaine Yann MAZE mène l'enquête à Brest pour tenter de résoudre cette affaire qui semble bien plus sombre que les affaires classiques de la ré...