Vol un peu spécial pour mission périlleuse ! Les flics français avaient eu les autorisations et tout le nécessaire pour enfin partir en découdre avec ce réseau de mafieux. Verdier avait tout arrangé avec l'aide du TJ et de Faure pour la partie administrative. En cette période estivale, seule la pression médiatique de cette affaire avait permis de faire avancer assez vite tous les corps de la justice, le Quai d'Orsay avait fait le lien avec le Mexique et les Français devaient atterrir dans l'état de Tamaulipas, un peu plus au nord, état limitrophe avec les USA. Le vol Air-France devait atterrir à l'aéroport international de Tampico.
Une fois sur place, les officiers retrouveraient des policiers locaux briefés pour l'opération. Tampico se trouvait à une heure d'avion de Vera Cruz, destination finale des équipes mixtes. Cela risquait d'être assez folklorique, policiers français, policiers d'un état voisin pour arriver dans les bureaux d'un sénateur aimé et reconnu de tous aux dires du quai d'Orsay lors de la téléconférence qui avait suivi les échanges entre Verdier et Maze.
Yann était ailleurs, il avait demandé la place près du hublot à un homme pas très sympathique mais vu les gaillards, entre lui et Gabin, débarquant gentiment, il avait préféré se mettre côté couloir ! Il pensait à Eva et à son départ si précipité, à peine après l'avoir retrouvée dans les griffes de ces monstres... Il avait eu le temps de réfléchir, il avait pris conscience du danger qu'il avait fait courir à cette jeune femme, simplement en l'ayant côtoyée quelques jours, une relation serait forcément un risque pour elle... Mais à cet instant il ne voulait pas voir les choses ainsi, il voulait tenter de voir le bon et le beau dans cette histoire naissante et ainsi trouver de quoi se raccrocher quand les ténèbres lui brulaient la peau.
05H45, arrivée très matinale pour l'équipe du Bastion à cause de ce satané décalage horaire, 6 heures de moins dans la vue, cela leur laisserait un peu de temps pour se préparer sur place. A cette heure, le soleil se levait dans cette partie du globe, Yann et Gabin ressentait la sensation de déjà vu et aussi retrouvaient les mauvais souvenirs de leur dernier passage ici ! Mais là se serait différent, ils avaient tous les appuis nécessaires, ils étaient confiants et surtout, motivés !
La climatisation soufflait déjà à plein régime dans le bâtiment qui semblait ancien, un aéroport secondaire fait de béton et de verre, comme si le temps c'était arrêté dans les années 90. Devant le bâtiment, une berline américaine noire et blanche « Policia Federal » attendait les français.
Les quatre policiers du Bastion, Yann en tête approchèrent de l'auto et là, à la grande surprise de Gabin et lui, une jeune femme au visage familier sortit de l'auto.
- Bonjour à vous deux, lança dans un français parfait la belle Adelina Florès !
Gabin semblait très heureux de la revoir, tant pour ses yeux que pour simplement la savoir en bonne santé ! En effet, suite à l'affaire Mora, la belle policière avait été clairement mise à l'écart et avait subi des pressions fortes et insistante... Sentant le danger elle avait pris les devants et avait quittée l'état. Elle avait pu trouver une place dans ce coin du Mexique qui était épargné par la pègre que dirigeait à coup sûr le sénateur Fuentès.
- Bonjour officier Florès, heureux de vous voir en si bonne forme répliqua Gabin qui ne put cacher un sourire un peu gêné allant de pair avec une légère rougeur du visage...
- Bienvenu au Mexique et en voiture, nous sommes attendu au commissariat de Tampico, nous pourrons finaliser le brief des équipes et ainsi lancer les opérations.
Yann mit un coup de coude à Gabin en le voyant ainsi, lui, Gabin, Max et Ludo s'engouffrèrent dans la Dodge Charger Pursuit aux couleurs de la police locale. Les lascars plantés à l'arrière étaient à la place des malfrats, derrière une grille solide qui séparait l'avant de l'arrière de l'auto. La large voiture américaine démarra sur les chapeaux de roues, Yann, à l'avant de l'auto, contempla le soleil aux couleurs orangés poindre au-dessus de l'aéroport, spectacle magnifique, il aurait aimé avoir la belle Eva auprès de lui pour profiter de cet instant autrement que sous la forme d'un dernier temps de calme avant la tempête.
La voiture se gara devant un large bâtiment fait de briques et de pierres, la structure semblait dater des années 70 et surtout ne pas avoir subi beaucoup de travaux depuis ! A l'intérieur, pas de changement par rapport au dernier passage de Yann et Gabin, même ambiance, même chaleur avec ce bruit de fond des ventilateurs qui crachaient de l'air chaud mais qui, en les regardant tourner, donnaient l'impression de se rafraichir un peu.
Une fois dans l'enceinte du bâtiment, les quatre officiers précédés de la belle Adelina furent conduit dans une salle où les entendaient déjà les équipes mobilisées par l'entente internationale. Les mexicains semblaient beaucoup plus coopératifs que lors de leur visite à Vera Cruz, tout le monde savait que là-bas il y avait des flics véreux et que cela donnait une mauvaise image de leur insigne, mais ils concevaient aussi que la misère pouvait faire faire des choix que nul ne devrait avoir à faire.
Celui qui se tenait devant, près d'un vieux rétroprojecteur, tout droit sorti des salles de classe des années 90, se nommait Quispe, il était du même gabarit que ne l'était le fameux Mora, mais son regard était tout autre. Il les accueillit en collègue portant le même insigne et sur un réel pied d'égalité, ce qui était rare ! L'homme portait de vieilles Ray Ban sur le crâne qu'il avait de dégarnit, des gouttes de sueur ruisselait sur ce front sans fin et glissait le long de son visage presque noir tellement sa peau était brulée par le soleil. Il avait une voix forte et grave, son espagnole sonnait avec un accent très local, Adelina fit le travail de traduction.
Une heure passa, les hommes de et ceux de Yann savaient ce qui les attendaient, ils allaient prendre un vol intérieur entre Tampico et Vera Cruz, une heure d'avion en tenue lourde pour se diriger directement sur leur cible, le temps jouait contre eux, ils avaient considéré lors du brief que le sénateur savait forcement que cette intervention aller arriver, il n'en connaissait simplement par la date ! Il fallait donc faire vite, pas de temps de se poser, les flics embarquèrent tous dans deux fourgons banalisés et en si peu de temps qu'il fallut pour le dire, ils étaient dans un avion rustique aux couleurs d'une compagnie locale en direction de leur point de chute.
Si le vol Air France qui les avait conduits au Mexique leur avait paru rapide, celui-ci sembla durer une éternité. L'avion, un Fokker F50 datant de la fin des années 90, ne donnait pas envie de voyager trop loin. Les hélices tournaient sans broncher et l'engin malgré tout faisait le travail ! Après une heure de vol, l'escouade composée d'une vingtaine de policiers atterrit à bon port. Sur place, deux mini-vans les attendaient pour filer droit vers les bureaux de Fuentès.
A bord, les hommes ajustèrent leur plan d'intervention, les hommes parlaient en anglais pour que tous s'entendent. A l'approche du superbe bâtiment qu'occupait le gouvernement de cet état, les hommes se mirent au silence, retirèrent les protections de leurs armes, certains comptaient leurs chargeurs au cas où cela tournerait mal, Yann, lui, savait que cela se passerait sans affrontement, ces hommes qu'ils traquaient étaient impitoyable mais ils voulaient protéger leur organisation, cela ne pouvait pas en être autrement et ils ne chercheraient pas à braquer des yeux trop curieux sur eux.
Les véhicules ralentirent jusqu'à s'arrêter pile en face de l'escalier de pierre menant au seuil de l'entrée, les portes des deux véhicules s'ouvrirent simultanément dans un bruit de métal qui fut vite couvert par les « Go, Go... » des officiers de police. Les rangers claquèrent sur le sol au pas de courses donnés par l'assaut des hommes tout de noir vêtu. La stupéfaction se faisait ressentir chez les passants qui assistaient béat à la scène improbable.
Les hommes montèrent les marches quatre à quatre, entrèrent sans résistance, aucune, dans les locaux pourtant gardés par la police locale. Arme en main, les officiers locaux passèrent devant l'accueil, les détecteurs de métaux hurlèrent au passage de l'escouade, les officiers criaient en espagnol de ne pas bouger et d'obtempérer. Ils remontèrent les couloirs jusqu'au bureau de leur cible. Les hommes se mirent en rang et dans un mouvement fort mais maitrisé, ils ouvrirent la porte et pénétrèrent dans le vaste bureau, mais malheureusement, il était vide !
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Les disparus de la Rade
Misteri / ThrillerUne affaire d'enlèvements aux quatre coins de la France fait intervenir une équipe du SRPJ de Paris. Le capitaine Yann MAZE mène l'enquête à Brest pour tenter de résoudre cette affaire qui semble bien plus sombre que les affaires classiques de la ré...