Chapitre vingt trois

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Boca Del Rio, le grand maître de la caste arriva à l'usine chimique dans une limousine noire. Il était tard dans l'après-midi, la température était écrasante, un soleil de plomb écrasait le paysage au couleur de feu. La voiture arriva dans un nuage de poussière sur les routes délabrées de cette zone reculée. Le Mexique est un pays majoritairement pauvre et l'état de Veracruz était l'un des plus touché par ce mal invisible, les inégalités sociales rongeaient la population, favorisant la puissance des mafias, la Eme, et ancrait encore plus profondément les pouvoirs des sociétés secrètes comme celle de la tête d'or qui n'avait aucun mal à recruter de la main d'œuvre bon marché pour leurs basses besognes.

A l'intérieur de la voiture aux vitres entièrement teintées, Ah Puch était accompagné d'Aldair Barroso, le médecin en charge des dernières analyses pour les élus.

- Vous serez satisfait des élus, ils sont parfaits, exactement vos attentes.

- J'espère bien mon ami, tu sais que nous comptons sur toi pour cette sélection ! Rien ne pourrait me mettre plus en colère qu'un échec de ta part, nos piliers comptent sur toi pour tenir la caste comme ils le font depuis tant d'années, un échec de ta part te couterait cher, mais ça tu le sais.

- Oui Ah Puch, j'ai contrôlé moi-même tous les tests, leurs ADN ne souffrent d'aucune anomalie, ils sont issus de lignés parfaites.

- Parfait mon ami, j'ai confiance en tes propos, de toute manière, à quoi servirait de te jouer de moi, ta fin ne serait que plus douloureuse, tu connais la réputation de Don Josué, s'il reçoit l'ordre de terminer ta mission, il le fera sans hésiter.

- Je sais tout cela maître, ma dévotion à la cause est totale.

La limousine s'arrêta à proximité des blocs préfabriqués modernes installés dans l'usine. Des gardes ouvrirent les portes de l'auto. Le maitre descendit le premier. Il était vêtu d'une tenue entièrement noire d'une facture irréprochable, des bottes fabriquées dans la ville de Lèon capitale de l'industrie du cuir au Mexique. Sur sa veste, la fameuse pièce d'or. Celle-ci était unique, c'était celle d'Ah Puch, le dieu de la mort, elle était très ancienne, la pièce originelle de la caste, celle qui avait été frappé bien avant que la caste n'existe, elle venait d'un trésor Mayas. La tête sur la pièce d'Ah Puch avait les yeux ornés de pierres rouges mais n'avait pas d'inscription sur son contour. Cette pièce avait traversé les siècles et avait fini dans les mains du premier membre de cette caste qui fit ensuite frapper des pièces semblables mais sans les pierres et avec l'inscription « la muerte es solo un pasaje », première pierre de l'édifice que des hommes dépourvus de scrupule et de pitié pour ceux qu'ils considéraient comme inférieurs.

Aldair le devança d'un mètre pour entrer dans la cellule médicale, les hommes n'étaient désormais plus sédatés, mais il n'était pas encore conscient, ils avaient des casques sur les oreilles, ils étaient branchés à des machines de surveillances de leurs signes vitaux et des intraveineuses leur diffusaient en permanence un liquide de couleur rouge en goute à goute. Ils semblaient totalement absents, ils avaient les yeux ouverts mais ils regardaient dans le vide, comme si leurs âmes quittaient leurs corps minute après minute.

- Très bien mon ami, je suis satisfait de ce que je vois ! Combien de temps sera encore nécessaire pour qu'ils soient totalement prêts ? Nous avons besoins de forces vives dans nos rangs, nos plus anciens ont besoin d'eux, la vie quitte leur corps jours après jours, tu le sais, nous avons besoins d'eux...

- Je pense qu'ils seront prêts très vite, nous pourrons les transférer à Orizaba dans les prochains jours. Leurs corps sont parfaits, nous pourrons satisfaire nos principales demandes !

Difficile encore de savoir ce qui était prévu pour ces pauvres hommes, ils semblaient en effet vivants mais plus le temps passait plus l'idée qu'ils puissent sortir vivant de ces locaux s'amenuisait. Si les non-élus étaient partis servir de donneurs d'organes pour malades puissants, qu'allait devenir ces jeunes hommes...

- Je pense que vous pourrez compter sur cette récolte pour garder votre force encore bien des années. Vos saignements se sont-ils accentués Ah Puch ?

- Merci de t'en inquiéter mon ami ! Oui ils s'accentuent un peu, mais je suis encore en suffisamment bonne santé. Fait le point avec nos amis de la caste, les listes sont prêtes, tu sais ce qui doit être fait.

Sur ces mots, Aldair resta dans le local où la climatisation régulait la température infernale de l'extérieur. Ah Puch retourna à la limousine. Il sorti un mouchoir de soie blanche et essuya une goutte de sang qui s'écoula de son œil droit. Il monta dans la voiture et un garde ferma la porte. Il ouvrit la vitre au blindage épais pour dire un dernier mot.

- Je te donne quatre jours, pas un de plus, il faut commencer les premières transplantations dès qu'il te sera possible de démarrer. Si tu n'es pas dans les temps, tu sais ce qui t'attend mon ami.

Ah Puch n'attendait pas de réponse, il referma la fenêtre et fit signe au chauffeur de partir. La limousine quitta l'usine et reparti, comme elle était arrivée, dans un nuage de poussière.

Aldair savait qu'il n'avait pas le droit à l'erreur car la caste ne faisait jamais de compromis. Ceux qui y entraient s'engageaient corps et âme pour cette cause sombre. Il devait aller travailler avec les autres médecins pour finaliser la préparation des élus. Ces pauvres jeunes hommes allaient bientôt devenir un nouveau souffle pour la caste de la tête d'or. Ils allaient permettre aux plus puissants et plus anciens membres de cette société secrète de revivre, en quelque sorte.

Une fois toutes les portes refermées, Aldair donna les ordres aux médecins, tous les tests, toutes les analyses devaient être terminées pour demain. Les jeunes hommes devaient être maintenus en vie et être en forme optimale, les injections optimisaient les chances de réussites pour les opérations qui les attendaient, mais nul doute que celles-ci n'étaient pas là pour leur bien mais bel et bien pour celui de la caste.

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant