Chapitre trente

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Gruissan, les policiers de Narbonne étaient à pied d'œuvre, la fusillade de la veille avait mobilisée les troupes, des renforts venus de Béziers étaient aussi présent. L'enquête se déroulait sur la plage de Gruissan, un endroit d'ordinaire calme et idéale pour se reposer après des mois de travail pendant la période estivale. Mais là, l'ambiance était tout autre, les bandeaux jaunes de la police balisaient la zone, des policiers en tenues gardaient la dune, d'autres, en civile s'affairaient au centre de cette bande de sable si belle sous se soleil d'Été. Les petites plaques jaunes traçaient les endroits où cartouches étaient restées au sol, balisant ainsi précisément les zones de tirs.

Sur les deux policiers présent la veille, l'un était décédé de ses blessures, celui qui avait essuyé les tirs d'arme automatique, celui tombé en premier s'en était sorti, il avait reçu une balle de 9 mm dans l'épaule, il était bien blessé mais en vie. Il avait tout vu, il pouvait décrire précisément ce qui c'était passé, l'attaque, le nombre de personne et leurs aspects, mais sur ce point il s'agissait d'approximations car dans la pénombre, les hommes étaient de simples silhouettes même si la lune avait au moins permis de mieux les distinguer.

Pas moins de six hommes avaient lancé l'attaque, tous équipés de pistolets type 9 mm, ils avaient tout dégainé sans la moindre hésitation au moment où les policiers étaient devenu une menace pour eux, pas de temps de réflexion pas de crainte de blesser, juste un besoin de tuer. Le rescapé était resté allongé après sa blessure mais il avait assisté à l'arrivée du dernier homme, un homme assez grand mais au loin qui semblait plus âgé que les autres par sa façon calme et plus lente de se déplacer mais ce qu'il gardait le plus en tête c'était la façon dont il avait pris les choses en mains, il c'était mis en avant entre les hommes et les policiers, il a mis en joue le dernier policier et sans une seconde d'hésitation il a tiré sur lui avec une arme de gros calibre au claquement infernale entre chaque balle d'acier déchirant l'air, il avait vu deux balles toucher mortellement son coéquipier, il avait été touché au torse et malgré le gilet, les balles avaient touchées le pauvre homme puis une balle avait transpercé sa gorge, le faisant tomber dans le sable, saisit par la douleur et la peur de la mort...

Le second n'avait rien pu faire, il c'était vidé de son sang en quelques secondes, se tordant de douleur et serrant frénétiquement le bras de son collègue au sol. Le jeune policier semblait marqué, qui ne l'aurait pas été ? Il avait vu ensuite les hommes partir, mais il avait distinctement vu que l'un d'entre eux était blessé, il était porté par deux des hommes restants. Après cela, plus rien, ils avaient quitté la plage et quelques minutes plus tard les renforts arrivèrent.

Les policiers purent aussi compter sur les témoignages des jeunes qui avaient été les premières cibles. Le récit était simple, six hommes avaient débarqué de nulle part, l'un d'entre eux avait pris la parole, il était grand, vêtu de noir, une tenue inadéquate dans un pareil endroit. Il leur avait dit qu'ils étaient espagnols, en déplacement et qu'ils cherchaient un endroit sympa pour finir une dernière soirée avant de rentrer. Après quelques mots échangés, ce dernier avait en premier sorti une arme avant que les autres ne l'imitèrent. A cet instant, celui qui avait pris la parole leur avait lancé :

« Je ne pourrais pas vous dire que tout va bien finir pour vous tous, mais ne résister pas, vous êtes trop important pour que l'on vous abime »

La suite était très semblable au récit du policier rescapé. Ils avaient pu fuir vers la mer au moment où les policiers avaient lancé l'alerte et les premiers échanges de tirs. Ils ont assisté de loin à la seine et ont décrit de façon très similaire la fin de l'attaque avec l'intervention d'un dernier homme plus âgé mais très déterminé, ayant tiré sans hésitation sur le dernier policer avec une arme de gros calibre. Ce qui était également marquant était son détachement, une fois les tirs terminés, il prit la direction de la route sans se retourner vers les autres, l'un d'eux était pourtant blessé et au sol mais il ne s'en est pas inquiété le moins du monde.

Les témoignages croisés donnaient une description précise de la scène, les officiers de police judiciaire firent remonter les éléments vers le SRPJ au 36, les circulaires nationales transmises par le Bastion étaient clairs, tous fait marquant de disparitions ou de tentative d'enlèvement avec violence devaient remonter vers la direction des services et aucunes fuites vers les médias.

A Paris, Verdier allait très rapidement être informé des éléments de l'enquête de Narbonne. Cela allait donner un coup d'accélérateur à l'enquête. Jusqu'ici les criminels n'avaient laissé que peu de traces, peu d'indices. A cet instant, les policiers détenaient enfin quelques éléments, nombre de protagonistes, méthodes d'approche, armes utilisées, ce qui pouvait laisser encore plus penser à leur détermination, pistolet 9 mm et armes de guerre.

Et toujours cet accent espagnol, les conclusions de Maze étaient exactes, le trafic était bien dirigé vers le Mexique, mais à cet instant, pas de piste sur le but de ces kidnappeurs ... Mais le témoignage des jeunes donnait une toute première information, ils devaient être importants, car il fallait les garder en « bon état » ...

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant