Les disparus de la Rade

Chapitre onze

A10, la BMW noire lancée à pleine vitesse direction Niort pour ensuite prendre la route du sud, la route du soleil, mais pas pour y passer des vacances, pour y trouver des indices dans ce qui semblait être les restes de corps soigneusement détruit avec de l'acide. Les kilomètres défilaient, régulateurs toujours au-dessus des 150 km/h, les voitures défilaient sur la droite de la vieille M5 de Yann.

Santos et lui discutèrent des éléments transmis par Rodez, sur leur secteur, trois jeunes avaient disparu au moment d'une fête près du centre universitaire Jean François Champolion. Ça semblait déjà coller avec le profil des jeunes de Brest. Dans de vieux entrepôts désaffectés, les collègues de Rodez avaient trouvé des traces suspectes qui laissaient à penser qu'on avait cherché à faire disparaitre un corps.

Les kilomètres filèrent, Yann était fatigué mais était concentré sur la route, imperturbable dans son costume couleur crème, il avait laissé sa veste à l'arrière, laissant ainsi apparaitre son holster et son arme de service, là encore Yann était un peu décalé... Le Sig-Sauer SP 2022 règlementaire avait laissé sa place à un Smith et Wesson 357 Magnum à canon court. « Six coups au lieu de quinze, mais l'important c'est de les mettre dans la cible ! »

Arrivé en pleine nuit, les deux flics trouvèrent péniblement l'hôtel réservé par les services généraux du Bastion... très loin des standards de Yann, l'hôtel était plutôt miteux, lumière criarde sur la façade qui inondait le parking où étaient stationnée une rangé de fourgons immatriculés un peu partout en Europe, un rade pour ouvriers de passage ...

- Pas la peine de demander s'il y a une baignoire dans ma chambre vu la gueule de se bouge !

- Pourquoi vous demandé toujours une baignoire ?

- Parce que j'aime jouer dans la mousse !

Santos n'osait pas trop renchérir sur les mots de Yann, les deux hommes étaient fatigués et le capitaine ne semblait pas dans une humeur très propice à la plaisanterie ! Arrivé à l'accueil, un gardien de nuit leur donna leurs clés respectives, l'homme, d'origine étrangère ne chercha pas à discuter là, planté derrière son comptoir, smart phone entre les mains, il semblait bien plus absorbé par sa série sur Netflix que par la tête des clients qui entraient ici à cette heure tardive.

Santos eu la chambre 228 et Yann 213. Ils se séparèrent avec un simple « A demain, 7H pour le déj ! ». Yann entrât dans sa chambre, le genre de chambre qui donnait le cafard... Pièce carrée, une petite fenêtre donnant sur les lumières jaunes d'une zone industrielle, pas de volet, juste de vieux rideaux sentant la clope, un lit de petite taille et au sommier usé par le temps. Une odeur de javel et de produits divers d'entretien des sols... On imaginait les personnes qui étaient passées ici, des VRP courant les routes, des couples infidèles recherchant la discrétion, peut-être même un criminel pensant à une prochaine victime... Et aujourd'hui, celui qui posait ces valises sur le sol usé, un flic au regard vide et exténué par cette route.

Yann défit son holster, posât son 357 sur sa table de nuit, il pliât ensuite avec soin son costume et le rangeât dans la petite armoire en bois de mauvaise facture.

- Pas de bain pour toi ce soir mon vieux !

Il se mit sous la douche et fit couler de l'eau glacée sur son corps las. Ses muscles se relâchèrent peu à peu, la pression finit par descendre et il lâcha prise... Comme souvent dans ces moments de solitude, ses yeux se mirent à pleurer, une souffrance que Yann ne laissait jamais paraitre en dehors de ces moments à l'écart du temps, à l'écart de la foule. Homme paressant de pierre mais au cœur à vif. Après un long moment sous cette eau glacée, il revint dans la chambre, s'allongeât sur le lit usé et se mit à regarder le plafond. Comme chaque soir, son esprit mis du temps à s'apaiser et enfin, son cerveau en constante ébullition fini par le laisser dormir... Un peu.