Les disparus de la Rade

Chapitre huit

Rue Vernis, la vieille BMW noire se gara devant la gendarmerie, Maze et Santos arrivèrent comme prévu à 9H. Le Lieutenant Le Bars les attendait, il avait déjà préparé les dossiers qu'il avait pu réunir sur les enquêtes des trois premiers disparus. Au passage de Yann il le saluât.

- Vous avez bien dormi capitaine ?

- Non, pas vraiment, pas de baignoire dans votre rade et pas de salle de sport non plus ouverte de bonne heure... Vous faite quoi le nuit à Brest ?

- Nous dormons, lui répondit sèchement Bastien...

- Oui, je vois ça. Bon avez-vous pu rassembler les dossiers comme je vous l'avais demandé hier soir ?

- Oui tout est là, je vous demanderais de me faire participer à votre nouvelle lecture pour ainsi permettre à nos deux services de travailler ensemble.

- Santos va s'en charger, vous allez pouvoir « participer » ensemble comme ça ! Moi je vais aller faire un tour au port...

Yann demanda à Le Bars un plan du port et surtout de lui indiquer l'endroit où l'on avait retrouvé cette fameuse pièce. Le lieutenant s'exécuta et lui donna tous les renseignements nécessaires pour permettre à Maze de faire un point sur place même s'il aurait souhaité l'accompagner.

- Vous avez du café ?

- Oui sur votre droite mais attention il est...

- Dégueulasse ?

- Euh... Je n'allais pas le dire de cette façon mais oui c'est bien résumé.

- Ne vous inquiétez pas, on doit avoir le même au 36 !

Ces quelques mots semblaient avoir un peu détendu les esprits, en effet, la testostérone était bien présente entre le lieutenant et le capitaine... Peut-être à cause de cette affaire ou aussi un peu à cause de la petite discussion hier avec sa sœur, Bastien n'avait pas envie de voir un homme tourner autour de sa sœur...

Santos pris aussi un café et parti ensuite avec Le Bars travailler sur les dossiers et ré éplucher les enquêtes de voisinage, pour tenter de trouver de nouvelles pistes potentielles.

Yann rajouta avant de partir :

- Vous avez fait le point sur vos RIF ?

- Pas vraiment, il ne semble pas y avoir de correspondance avec ce que nous cherchons...

- Très bien, si vous le dite c'est surement vrai, après tout, on a juste huit mecs qui ont disparu sans laisser de traces... Je disais ça comme ça !

Santos souriait, commençant à cerner le personnage de Yann et ses sarcasmes... Ce ne fut pas le cas de Le Bars qui rougit et serra ces mâchoires d'acier... Il répondu simplement,

- Très bien nous allons refaire le point sur la liste de disparitions inexpliquées.

Sur ces mots, Yann pris la direction de la sortie avec une pochette rouge dans la main. Le vieux Six cylindres de son auto fit raisonner les vitres de la gendarmerie lorsque Yann parti en trombe.

Il prit la direction du port, Le Bars lui avait indiqué l'emplacement où ils avaient trouvé la pièce, sur les Quai... La route défila vite et Maze arriva sur la zone portuaire sur les coups de 10H.

Le Port de Brest était en pleine activité à cette heure-là, les grues et autres portes containeurs géants étaient en action. Un brouhaha et un va et vient constant, fourmilière géante, qui pouvait faire perdre la tête sous cette chaleur écrasante. Yann alla jusqu'au quai n° 8. Il laissa son auto près d'une grue aux couleurs bleu et blanche à l'arrêt. En effet, le quai n'était pas encore actif, un Super Tanker sous pavillon Russe, le Sébastopol était en cours de manœuvres avec les pousseurs du port.

Deux Dockers passaient à proximité de Yann. Il les interpela, en leur demandant quel navire avait occupé ce quai avant l'arrivée de ce Tanker. Les deux jeunes dockers, à peine plus de 20 ans lui répondirent sans se poser de questions sur la raison de cette demande, sans avoir besoin de présenter sa plaque, Yann donnait sans se forcer l'image d'un flic en mission...

- Le Santa Maria était amarré au Quai n°8, il est parti ce matin de bonne heure.

- Très bien, quel genre de bateau ?

- Un porte-containeurs sous pavillon Mexicain.

- Mexicain ?

- Oui c'est bien ça.

- Très bien, vous savez ce qu'il transportait ?

- On va avoir du mal à vous aider... Sur ce genre de monstre, on charge plus de 15 000 unités !

- A oui en effet... Mais on peut trouver la liste je suppose ! La question était nette et tranchée, il n'attendait pas d'approximation...

- Oui, bien sûr, mais il faudra aller à la direction du Grand Port.

- Merci les gars, bon courage !

Yann pris le temps de regarder un instant l'eau qui venait mourir sur le béton du port... Le bruit de fond des machines sur les différents navires était tel une ruche qui bourdonnait dans les oreilles, l'océan apportait un peu de fraicheur et l'odeur d'iode, Yann aimait ça ! Il remonta dans sa voiture et se dirigea vers le bureau central, la tour de contrôle du port. Arrivé là-bas il se dirigea vers l'accueil ou un type le reçut avec un air un peu étonné, il ne voyait pas beaucoup de mecs en costume trois pièces arrivées au bureau d'enregistrement et de contrôle, surtout avec ces températures !

- Bonjour, capitaine Maze, SRPJ, je voudrais me procurer le détail d'une cargaison...

- Je suis désolé mais ce genre de demande doit se faire par voie officielle, une demande qui doit passer par courrier ou mail...

- Ok, j'y penserai quand je voudrai réserver une place sur un bateau pour voyager mais là je voudrais aller plus vite !

- Je ne peux rien faire pour vous, les règles sont faites pour être respectées !

Un homme sorti du bureau derrière l'accueil.

- Laisse Marc, je vais voir ça.

- Que puis-je faire pour vous capitaine... ?

- Maze, SRPJ de Paris.

- Que nous vaut votre visite ?

- Une affaire de disparitions, vous devez en avoir entendu parler dans la presse... Je souhaite connaitre le détail de la cargaison du Santa Maria, il a dû quitter Brest cette nuit.

- Oui en effet, le Santa Maria a quitté Brest à 4H30 ce matin en direction de Veracruz au Mexique. Pour ce qui est du détail, j'aurai besoin de voir au moins un document officiel, il n'est pas possible de sortir ce genre de document autrement, passez me voir dès que vous aurez une demande officielle et je vous sortirai la liste.

- Merci, ça devrait aller vite...

Yann tourna les talons et pris la direction de la sortie. L'homme qui venait de lui répondre l'interpella avant qu'il passe la porte automatique...

- Ah au fait Capitaine, il vous faudra un peu de courage pour éplucher cette liste, je peux quand même vous dire qu'il transportait 17 000 unités !

- Merci pour l'info, j'ai deux petits gars qui vont adorés « collaborer » sur cette liste.

Yann pris son portable en mains et passa un coup de file à Verdier pour se procurer les autorisations nécessaires après de Faure, cela devrait se faire assez vite mais il fallait engager les démarches officielles pour ne pas risquer de se trouver face à un mur, les gars du port ne donneraient pas accès aux dossiers sans cela.