Chapitre dix sept

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Vierzon, sur une aire de repos de l'A71, la BMW noire était stationnée à l'ombre. Maze et Santos étaient appuyés à l'arrière de la voiture, un café à la main, ils venaient de parcourir 500 km et faisaient une pause avant de remonter au Bastion. Verdier leur avait demandé de remonter au 36 pour faire le point, valider les avancés de l'enquête pour reboucler avec les différents retours venus des quatre coins de France.

Le portable de Yann sonna... Une sonnerie sur un air de vieux rap français... Santos ne put s'empêcher d'avoir un petit sourire en entendant les paroles d'un vieux western... Sad Hill... Mais Yann décrocha rapidement sans relever cette moquerie.

- Maze à l'appareil...

- Capitaine Maze, bonjour, c'est Eva Le Bars... Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi...

Yann s'écarta rapidement de Santos mais ne put dissimiler un sourire inhabituel sur son visage d'habitude plutôt sombre et dur... Ce qui n'échappa pas à Santos, ce dernier le laissa s'éloigner sans rien dire !

- Mais bien sûr, comment aurais-je oublié la sœur du sympathique lieutenant Le Bars... L'ironie n'était même pas dissimulée...

Que me vaut cet appel et surtout, comment avez-vous eu mon numéro de portable ? Je ne pense pas que votre frère ne vous l'ai communiqué...

- Et bien disons que j'ai aussi mes sources même si j'avoues que vous n'êtes pas facile à trouver.

- Disons que c'est aussi un peu mon métier, je ne peux pas essayer d'être discret en m'affichant sur internet par exemple.

- Cela parait évident... Et bien disons que nous nous sommes vus très rapidement la dernière fois et que je ne voulais pas vous avoir donné une mauvaise impression après que mon frère vous ai demandé de prendre vos distances avec moi.

- Il n'y a pas de problème mademoiselle Le Bars ! Je comprends votre frère, vous êtes une très belle femme et il est protecteur avec vous, je ne peux pas lui en vouloir.

Eva était intimidée, cela n'était pas son genre, elle aimait contrôler les choses et là, elle ne pouvait l'expliquer, tout filait entre ses doigts.

- Et bien je ne veux pas vous déranger plus capitaine Maze, j'espère que votre enquête avance et peut être allez-vous repasser sur Brest ?

- Et bien je remonte à Paris à cet instant, nous devons en effet continuer à travailler sur cette enquête mais je ne peux pas vous en dire plus... Pour ce qui est de passer à Brest, je n'ai pas encore d'idée sur un prochain passage, votre frère a pris en main l'enquête locale, je l'ai eu au téléphone il y a peu.

- Et bien... Je vais devoir vous laisser on m'appelle sur une autre ligne, désolé de vous avoir dérangé.

- Aucun souci, à une prochaine, qui sait...

- Au revoir...

Sur ces mots, la ligne coupa, Eva venant de raccrocher... Une discussion étonnante, improbable mais pas totalement imprévue car l'un comme l'autre avait cherché à avoir des nouvelles de l'autre par l'intermédiaire de Bastien Le Bars mais ce dernier ne souhaitait surtout pas les voir se rapprocher !

A Brest, Eva posa son téléphone, personne ne cherchait à la joindre, elle était simplement perdue, elle venait d'appeler un homme à l'autre bout de la France, un parfait inconnu qu'elle avait croisé à peine quelques minutes...

A Vierzon, Yann revint vers sa voiture, Santos avait un sourire bien visible sur le visage et fit même un clin d'œil à Yann. Ce dernier lui lança un regard noir et ces quelques mots :

- Évite de dire un truc que tu vas regretter le bleu, il reste 500 bornes à faire, se serrait con que tu les fasses dans le coffre...

- Compris !

Santos savait bien que Yann plaisantait... Mais pas totalement, il restait un homme mystérieux pour le jeune officier, un dur de dur au 36, une réputation d'homme au cœur de pierre, alors quand il le vit sourire à l'appel d'une femme, cela lui fit un drôle d'effet, mais il laissa cette petite parenthèse de douceur dans la tête de son supérieur sans broncher, de quoi marquer des points s'il respectait le silence demandé !

Yann remonta dans la vieille M5, les sièges en cuir noir étaient brulants, il ouvrit le toit et regarda dans les airs... Repensant à cet appel... Cette femme qui restait dans sa tête, celle qui avait captivé son regard le jour de son arrivée à Brest. Il se repassa en boucle leur rencontre et l'instant où ils avaient échangé ce dernier regard en s'éloignant l'un de l'autre.

Santos monta à son tour dans la voiture, Yann mis le contact, le 6 cylindres démarra au quart de tour dans un bruit sourd, il enclencha la boîte automatique et parti en trombe, la voiture bondit de l'air de repos et s'engagea à pleine vitesse sur l'autoroute, comme à son habitude, régulateur au-dessus de 150, Yann se mit à sa place favorite sur la route, à gauche, remontant les files de voitures. Il restait plus de 400 km à parcourir pour arriver au Bastion et faire le point sur les découvertes de Rodez, il fallait aussi prendre les informations sur Brest et les éléments que Le Bars avaient découvert. La cargaison du Santa Maria était également un point important dans cette équation.

Sur la route, Yann n'arrivait pas à décrocher... Il gardait en tête la voix de cette jeune femme, Eva !

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant