Une vibration, le portable posé sur l'imposant bureau attira le regard de Ah Puch, il leva ainsi le nez de ces papiers qui semblaient absorber toute son attention, des documents liés à son rôle de sénateur de l'état de Vera Cruz...
L'homme au regard bleu acier pris le portable et lu le message... Il venait de Don Josué, les mots qu'il venaient de lire le firent vaciller sur son fauteuil de cuir, il sembla transit par une colère et même une haine profonde. Il leva les yeux et regarda par la fenêtre, le soleil pointait à l'horizon, la lumière chaude inondait le vaste bureau, il y régnait une ambiance chaude et agréable, loin de cette froideur qui recouvrait les containers qui servaient à transporter les pauvres gens que la caste utilisait pour sa toute puissance.
Ah Puch se leva enfin et fila hors de son bureau, portable à l'oreille il appela sans succès le portable de Don Josué, il en conclu donc que les policiers français avaient réussi leur coup, cuisante défaite pour cet homme qui semblait inébranlable du haut de son mètre quatre-vingt-cinq, costume de grande marque au tissu noble et au visage impassible.
L'homme contacta les membres de la caste pour leur dire de prendre garde dans les jours à venir et les informer des risques que ce coup de filet pourrait engendrer, même si, Ah Puch le savait, Don Josué ne parlerait pas s'il était pris vivant et le reste des hommes de main n'avaient que très peu d'informations en leur possession pour éviter de laisser fuiter les éléments stratégiques de la caste.
Une grosse berline allemande l'attendait devant les bâtiments cossus de ses bureaux, il s'y engouffra et la voiture démarra. Il se dirigeait au quartier général de la caste, là où les femmes avaient enfin été amenées par Aldair Barroso, pas question que cette récolte soit mise en péril aussi près du but, la folie de ces hommes n'avait pas de limite et ils partiraient dans le sang plutôt que de capituler.
La voiture quitta les beaux quartiers et roula vers les zones arides de l'état de Verra Cruz, la poussière se levait au passage de l'auto, passant devant des maisons délabrées d'où sortaient des hommes et des femmes aux visages tannés par le soleil, ils regardaient béat la limousine passer devant eux, comme un vaisseau transportant des personnes d'un autre monde, un monde très éloigné de leur misère quotidienne.
A l'intérieur de l'auto, Fuentès rageait intérieurement mais ne laissait pas exploser sa rage, il pensait à mettre en sécurité sa récolte, ses piliers, il devait, en tant que grand maître de la caste, faire en sorte de préserver l'ordre et faire que sa caste continue à vivre.
Son téléphone sonna, Fuentès le prit et avec surprise il vit le numéro de Don Josué, après le message de ce dernier, après ces multiples essais pour le joindre sans succès, il savait qu'il ne pouvait pas s'agir de lui mais bien de la police, imbus de sa personne et sûr de sa supériorité, il porta le téléphone à son oreille et décrocha.
- Allo, qui est à l'appareil ?
- Je pense que vous le savez... Je pense que vous allez avoir du mal à parler à votre « serviteur »... Je crois qu'il respire moins bien depuis que je lui ai transpercé la cage thoracique !
- Vous ne me faites pas peur, vous ne nous trouverez jamais !
- N'en soyez pas si sûr Monsieur le Sénateur !
A ces mots, Fuentès raccrocha le téléphone, il était démasqué, lui qui jouissait d'une parfaite couverture, à force de jouer avec le feu et avec les lois et les règles de ce monde, ce simple flic français avait fait le lien entre la caste et cet homme politique qui c'était mêlé de cette histoire de meurtre de policier au Mexique... En effet, pourquoi dans une affaire comme celle qui avait conduit Yann et Gabin en prison, le sénateur de l'état c'était déplacé en personne pour les voir ?
Au milieu de l'océan, sur le super tanker Seawise Giant, Yann reposa le portable de ce bourreau qu'il avait vaincu au prix de son sang, il était en sale état, les hommes de la maritime avait appelé des renforts et un second Super Puma avait ramené une escouade de 10 militaires pour prendre le contrôle total du navire.
Les policiers du SRPJ étaient autour de leur capitaine, ils avaient enfin réussi à mettre le doigt sur la piste qui devrait les mener vers les disparus de la Rade, une enquête qui les avait déjà lourdement éprouvés mais que les hommes du groupe Maze n'allaient pas lâcher !
A côté de Yann, Eva se tenait assise, choquée par toute cette affaire cette violence et ce dénouement inattendu dans les bras de cet inconnu qui n'en était plus un. Elle le regardait avec un regard reconnaissant, mais aussi avec une flamme qui brulait en elle désormais, elle ne voulait plus se poser de question, elle se leva et fit un pas en direction de Yann, le capitaine de police détourna les yeux de ses collègues et la jeune femme le pris par la taille elle se blottit contre lui, Yann lui rendit cette affection en la serrant contre lui.
Après avoir parcouru le monde entier, après avoir vécu mille morts, Yann sentit enfin son cœur battre pour autre chose que pour les malfrats et les monstres qu'il poursuivait dans son métier.
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Les disparus de la Rade
Gizem / GerilimUne affaire d'enlèvements aux quatre coins de la France fait intervenir une équipe du SRPJ de Paris. Le capitaine Yann MAZE mène l'enquête à Brest pour tenter de résoudre cette affaire qui semble bien plus sombre que les affaires classiques de la ré...