Chapitre Cinquante

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Près de la base, de l'autre côté de la route sur laquelle Eva cheminait la tête dans ces pensées, un véhicule sombre était stationné, une Mercedes entièrement noire jusqu'aux vitrages qui ne laissaient rien paraitre. A l'intérieur de l'auto, deux hommes étaient assis, l'un regardait dans le vide, le conducteur, il attendait et ne disait pas un mot, il restait là, aux ordres de l'homme plus âgé assit à côté de lui. Sur le siège passager, un homme tout de noir vêtu et à la peau tannée par le soleil et les longues années de sa vie... Tel un chasseur, El Angel Negro regardait sa proie au travers des glaces blindées de la limousine. Il avait suivi les indications de Ah Puch et était arriver près de la maison de Eva après avoir traversée la France en venant de Marseille.

Le groupe avait fait un trajet éprouvant et risqué, mais mené d'une main de maitre par l'exécuteur en chef de la Caste, il était habitué à ces missions, il connaissait la France, ses routes et les endroits où il fallait passer pour éviter de se mettre en vue des autorités. Plus de 1000 km à vive allure pour transporter la précieuse cargaison de la Caste ! Les véhicules avaient traversé la France comme une ombre, comme des fantômes, dévorant les kilomètres à plus de 160 km/h et ne s'arrêtant que pour ravitailler leurs montures noires. Ah Puch attendait d'eux qu'ils soient dans les temps et qu'ils exécutent cette mission importante pour ce chef au cœur de pierre, qui voulait punir ce flic français qui avait fait vaciller cette organisation, une première fois avec l'affaire d'El Toro et cette fois avec son arrivée sur le territoire de la caste, la mort de Mora... Il devait ressentir la douleur que méritait ceux qui frôlait des yeux cette organisation qui se fondait dans ce monde d'apparence et de jeu de pouvoir.

Une partie de l'équipe des hommes en noir était partit avec les pauvres femmes dans les fourgons de marque Mercédès, eux aussi également entièrement noir, les femmes étaient toujours sous tranquillisants dans les utilitaires, les hommes en noirs devaient en prendre soin et les transférer à Brest. Une fois arrivé à sur place, les hommes de El Angel Negro avaient rejoint les médecins de la Caste qui étaient déjà arrivés pour préparer la traversée comme l'avait fait Aldair Barroso pour les hommes. Macabre mécanique qui semblait tellement bien rodée qu'il était effrayant d'imaginer combien de pauvres hommes et femmes avaient pu transiter ainsi sans même éveiller les soupçons des autorités. Tant de personnes disparaissent sans jamais ne laisser d'indice pour pouvoir un jour les retrouver, tant de personnes disparaissent sans jamais laisser à leurs proches la possibilité de faire leur deuil, la caste avait participer à cet horrible sentiment de vide chez pères et mères qui ont pleurés des années leurs enfants disparus en gardant le terrible espoir de les revoir un jour, sans pouvoir faire leurs deuils.

Sur le port de Brest les fourgons Mercédès disparaissaient entre les containers, sans même attirer un regard... Un container, lui encore, n'existant sur aucun PV, sur aucune prévision de chargement, était prêt à recevoir le trésor de la caste. Les rennes de la caste, les futures mères qui donneront naissance aux prochaines générations des dirigeants de l'ombre de cette organisation. Contrairement aux hommes, les femmes devaient vraiment être soignées car il n'était pas question « d'abimer » les futures femmes des maîtres de ces simples exécuteurs novices ou de ces médecins qui n'avaient même pas de place attitrée dans la caste avant d'avoir fait des années de travail et preuve d'allégeance.

Une fois arrivée sur place l'un des hommes en noir, jeune et surement attendant beaucoup de cette mission, appela pour signaler son arrivé et celle de la précieuse cargaison. Il fallait prévenir El Angel Negro que les femmes étaient en sécurité et qu'elles allaient pouvoir partir à temps et sans encombre pour rejoindre leur pays d'adoption, là où elles deviendraient les esclaves sexuelles et usine à bébé parfait de la caste. Les hommes en noirs, armés de fusils automatiques et de 9 mm à leurs ceintures étaient prêts à en découdre en cas d'arrivée du moindre problème, ils étaient en alerte à cause de cette affaire de fusillades, la mort de Marco, l'arrestation des flics au Mexique, autant d'éléments qui les exposaient toujours un peu plus.

A l'autre bout du fil, Don Josué pris en compte les mots du jeune exécuteur, il raccrocha sans laisser la moindre expression paraitre sur ce visage glaciale et buriné par le poids des ans. Don Josué sorti son arme, un 9 mm ancien et précieux, aux détails sculptés dans la crosse avec l'emblème de la caste, il l'arma, le chauffeur fit de même en imitant son chef. Il se tourna ensuite vers le chauffeur et lui fit signe de démarrer sans dire un mot. La Mercédès au moteur puissant démarra en trombe, les pneus arrièrent laissèrent un panache de fumé et de gomme sur le bitume brulé par le soleil. Un homme était également présent à l'arrière de la limousine, il était aussi armé et avait un sac de tissu blanc dans les mains, à peine à quelques mètres, cette jeune femme qui marchait entendit le bruit et se retourna, la Mercédès fit un 180° par le mouvement précis du conducteur et se retrouva à quelques centimètres d'Eva qui resta bloqué, comme figée par ce qui se passait, les trois hommes sortirent de l'auto et la braquèrent, l'homme assis à l'arrière la plaqua avec force contre la voiture, mis le sac sur sa tête et n'hésita pas une seconde pour venir écraser la crosse de son arme sur le cuir chevelu de la jeune femme ! Le choc fut violent, le sac rougit lorsque la chair très irriguée de cette partie du corps se déchira sous le choc. Eva tomba net, les hommes la jetèrent dans la Mercedes qui démarra à nouveau sur les chapeaux de roues !

Un instant bref et intense, calculé par ce monstre sans scrupule, personne aux alentours n'avaient vu la scène, pas un regard, pas un cri, pas une trace laissée par ce trio macabre. A l'avant de l'auto, El Angel Negro laissa enfin une expression envahir son visage, ses lèvres laissèrent paraitre un sourire qui faisait encore plus craindre cet homme implacable et aux ordres de Ha Puch. Il prit son téléphone pour signaler à son maître la bonne exécution de sa mission. Il se retourna vers l'arrière de l'auto, le corps inerte de la jeune femme gisait sur la banquette arrière, elle n'avait eu aucune face à cette attaque.

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant