L''homme à la moustache broussailleuse reprenait à peine connaissance... Il avait pour seule vision le visage de Yann, maculé de sang suite au coup qu'il lui avait lui-même asséné un peu plus tôt dans la soirée. Le flic français avait le souffle court, son œil gauche était injecté de sang suite au choc dû à sa chute au sol. Il avait un air bestial et malgré la supériorité physique de Mora lorsque les deux hommes se trouvaient face à face, le Mexicain savait que Yann ne plaisantait pas.
Malgré cette force dans ses mots et son regard déterminé, le Mexicain ne décrocha pas un mot. Pour lui, les policiers Français représentaient une bien maigre menace par rapport à la caste et ces exécuteurs. Alors il resta dans son mutisme qui lui collait à la peau depuis leur première rencontre et avec son français impeccable, sorti sans broncher les mots suivants.
- Que crois-tu pouvoir faire petit flic, ici tu es au Mexique et il y a des personnes bien plus puissantes que tu ne pourrais même imaginer. Tu crois savoir où tu vas alors qu'en fait tu ne sais déjà même pas où tu es ! Fais attention à là où tu mettras les pieds désormais, penses à ta jolie Eva... Une jolie brune comme ça, ça attire les convoitises tu sais...
Yann se paralysa, il venait de prendre un second coup mais cette fois pas sur la tête mais en plein cœur. Qui pouvait savoir pour lui et Eva, alors même que cette dernière venait de lui fermer la porte de son cœur. S'en était trop, la tension était palpable et l'air chaud et humide de cette nuit au bord de cette étendu sombre et lisse qu'était l'océan à cette heure, ajoutait au stress ambiant, pas d'orage dans le ciel mais la foudre allait tout de même s'abattre.
Les deux autres flics ne saisissaient qu'à moitié cette parenthèse sur cette « Eva », ni Gabin ni la jolie Adelina n'avaient connaissance de cette histoire mais ils avaient tout de suite senti que Mora avait mis le doigt sur LE point faible de Maze.
Sans avoir le temps de dire un seul mot à leur collègue pour en savoir plus, les deux flics virent Yann se jeter sur Mora. Il le prit à la gorge et en lui envoya un direct au visage qui fit basculer sa carcasse sur le côté. Yann ramena Mora vers lui et recommença une seconde fois faisant cracher du sang au Mexicain déjà bien mal en point avec ses blessures par balles. Yann tenait par les nerfs, son crâne et son bras étaient imbibés de sang qui, avec cette luminosité artificielle sur le port, faisait des taches noires et profondes, l'adrénaline inondait son corps jusqu'aux moindres vaisseaux sanguin. Il prit son arme et la planta littéralement dans la plaie à la poitrine de Mora. La douleur fut si brutale que même avec toute sa force et sa détermination, le colosse ne put s'empêcher de crier. Un râle douloureux suivi ce cri, il était mal, la sueur coulait le long de son visage, perlant ainsi jusque dans son cou.
Florès et Gabin finirent par intervenir et retirer Yann de par-dessus Mora. Yann ne se laissa pas faire et se défit de leur entrave mais sa douleur au bras le fit vaciller, il était à bout.
- Arrête Yann putain ! Il faut attendre les locaux, si tu vas trop loin on va se faire jeter en cabane ! Tu te vois au trou ? Tu crois que Verdier va sortir de son bureau dans la seconde et te sauver comme par le passé ? Il est à des milliers de kilomètres, allé fait pas le con !
- Votre ami à raison ajouta Adelina, j'ai appelé mes collègues et ils seront bientôt là !
- Ah ouais ? Alors s'ils arrivent, il faut aller plus vite !
Yann tira d'une main le flic mexicain et le força à se relever. La lourde carcasse blessée se leva péniblement, Yann le bouscula en avant pour le faire avancer malgré ces deux plaies par balles. Ils avancèrent jusqu'à un endroit sombre, juste éclairé par la lune qui inondait le port. Les autres le suivirent, inquiets, mais ne pouvant pas renoncer non plus à cette piste !
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Les disparus de la Rade
Mistério / SuspenseUne affaire d'enlèvements aux quatre coins de la France fait intervenir une équipe du SRPJ de Paris. Le capitaine Yann MAZE mène l'enquête à Brest pour tenter de résoudre cette affaire qui semble bien plus sombre que les affaires classiques de la ré...