Les disparus de la Rade

Epilogue

Ailleurs, c'était là que voulait être Yann et grâce à celle qui se tenait dans ces bras à cet instant, il y était. Eva était là, elle portait une robe de tissu claire, le soleil brillait toujours en cet Été si particulier ici à Brest. Tous deux se tenaient là à l'ombre d'un imposant chêne le long du chemin des douaniers, face à la mer, sur la même plage de Morgat où ils c'étaient retrouvé au début de l'enquête, quand l'un et l'autre cherchait ce qui les attirait tant...

Ils semblaient avoir finalement trouvé comment combler ce manque qu'ils avaient en eux depuis des années. Ils restaient là, regardant dans la même direction, cet horizon si bleu, synonyme d'évasion, de nouvelle vie, de commencement dans l'imaginaire collectif, pourtant pour Yann, cette destination, il le savait, ne rimait pas toujours avec ces mots quand certains avaient traversée l'océan pour servir la barbarie d'hommes sans scrupule.

Yann le savait, sa vie allait changer, il voulait bien faire les choses avec cette jeune femme qui avait déjà quitté son mari sans attendre le moindre signe de sa part, pour elle, cela ne pouvait en être autrement après tout ce qui c'était passé, Éric, son mari n'avait même pas tenté de la retenir, les mots de Bastien lors de sa disparition lui avait fait prendre conscience qu'il n'avait plus sa place avec elle. Même son frère, avait soutenu son choix. Il allait devoir composer avec ce cadeau du destin et tenter de concilier sa vie de flic un peu sombre et de faire une place à toute cette lumière que dégageait cette femme bouillonnante de vie, un défi que Maze voulait relever.

36, le Bastion, le commissaire Verdier raccrochait à peine son téléphone, il venait de terminer les explications bien compliquées sur ce qui c'était passé au Mexique. Le procureur Faure avait fait mouche en laissant carte blanche à cette équipe aux méthodes d'un autre temps, il allait recevoir les honneurs de ces supérieurs pour avoir bouclé une affaire des plus épineuse.

Là-bas au Mexique les policiers locaux avaient conclu à une vaste organisation de trafic d'organes, des traces de transactions financières avec de riches personnages des quatre coins du monde ne laissaient aucun doute là-dessus, des procédures de poursuite allaient suivre mais surement voués à l'échec vu le pouvoir de certains « clients ». Ils avaient aussi trouvé de nombreux amas, traces, de documents entièrement détruit et irrécupérable... Les policiers locaux n'avaient pas voulu ébruiter cela, voulant ne laisser la place à aucune critique et donnant une victoire totale de la loi sur cette funeste entreprise.

Au fond de lui, le vieux roublard devenu commissaire pensais comme son capitaine, Maze, il y avait des choses qui restaient enfouis dans la poussière de cet état du sud Mexique, tout n'avait pas été résolu ce soir-là, mais il devait passer à autre chose pour ne pas perdre la tête et continuer à ressasser de vieilles affaires sans jamais retrouver le repos.

Verdier connaissait très bien Maze et savait que cette affaire allait le hanter un bon moment, il était passé par là avant lui, il avait suivi des affaires complexes et les avaient gardées longtemps en tête. La chance que son capitaine avait, c'était cette jeune femme qui allait lui permettre de penser à autre chose et ne pas continuer à noircir comme il le faisait année après année...

Ailleurs, c'était aussi un peu cet endroit qui ressemblait à par bien des points à la ville d'Orizaba. Une ville d'Argentine, paysage de carte postale sous cette chaleur de fin d'Été, le soleil y brillait autant qu'au Mexique, là où l'homme qui entrait dans ce bar avait passé de nombreuses années. A l'intérieur, l'homme se dirigea vers le comptoir où il prit place au côté d'un autre homme vêtu de noir, couleur peut adéquat au climat local et à cette chaleur. L'homme en question qui semblait l'attendre se tourna vers le visiteur.

- Heureux de vous revoir Hoffman, j'ai appris pour Vera Cruz, triste nouvelle pour Fuentès, nous l'appréciions vraiment.

- Oui, c'est une bien triste nouvelle mais il a fait son devoir en tant que grand maître, il a donné sa vie pour protéger sa caste, personne ne trouvera de trace de ce qu'il était réellement, j'y ai veillé personnellement...

Les deux hommes avaient un fort accent allemand, pas de coïncidence dans cette rencontre qui auguraient de nouveaux travaux pour ce médecin sorti tout droit d'un passé que l'on voudrait oublier.