Caïman, c'était le nom de baptême de ce mastodonte de 11 tonnes qui venait de s'arracher du pont du Seawise, un hélicoptère médical de la marine, dépêché par le C.R.O.S.S. de Brest. L'engin de transport emmenait à son bord les blessés de l'assaut de la veille. L'officier de la police maritime qui avait pris une balle dans la jambe lors des premiers échanges de feu et Yann, qui avait l'épaule droite recouvert d'une bande blanche qui laissait apparaitre encore du sang dû à la plaie crée par la balle de calibre 5,56 qu'avait craché le M4 de ce fou furieux. Eva n'avait pas réussi à quitter les bras de Yann, elle se tenait près de lui, elle lui caressait doucement la main, elle ne disait pas grand-chose, encore sonnée par tout cela, par tant de choses qui l'avaient assommée dans sa vie si tranquille jusqu'alors.
Le voyage ne dura pas assez longtemps au goût de Yann, qui avait enfin l'impression d'avoir l'esprit en paix... Les seuls instants où il réussissait à se sentir hors de portée du mal qui nous entoure était lorsque qu'il s'immergeait chaque soir dans sa baignoire et dans l'eau glacée... Telle des milliers de lames qui transperçait sa chaire, le froid lui faisait bloquer ses pensées et seulement là il pouvait souffler. Mais à cet instant, nulle douleur, nulle blessure ni aucune lame, juste une caresse sur le dessus de sa main et cela suffisait à le calmer et à lui permettre de reprendre son souffle.
Les deux moteurs Rolls-Royce crachaient leur puissance lors de la descente sur la piste de la base navale de Brest, l'air puissant dégagé par les 16 mètres des rotors en pleine action balayait tout sur son passage. Le monstre se posa et les portes s'ouvrirent, une équipe médicale de l'armée était là et parmi eux se trouvait Bastien, il était figé dans son rôle de gendarme mais à cet instant il laissa exploser sa joie en voyant sa sœur indemne.
Lorsqu'Eva se détacha de Yann et s'approcha de lui elle pensait qu'il jouerait son rôle de chaperon habituel et lui ferait la réflexion pour elle et Yann, mais il n'en fut rien, il la serra dans ses bras puis à la descente de Maze, il lui lança un regard de remerciement profond, il ne put lâcher un mot tant il savait que sa sœur était passée près de la mort mais son regard en disait long, Yann le compris et les laissa se retrouver.
Moins agréable que l'accueil d'un frère, Yann eu pour lui la main forte et ferme du commissaire Verdier arrivé de Paris. Il était heureux également de retrouver son chef d'équipe et aussi soulagé que la mission n'ait pas tournée « plus » à la catastrophe !
- On a réussi Henri, elle est revenue saine et sauve et on a enfin une piste pour lever cette bande de malades !
- C'est bien Yann, bon boulot mais j'aurais préféré te voir revenir sans un impact de plus dans le corps, tu vas finir par ressembler à une passoire tu sais ?
- Ouais, j'ai été obligé de riposter, je sais que ça nous a foutu dans la merde et qu'on a perdu notre meilleure piste.
- Arrête Yann, je sais que t'as souvent merdé sur des coups de sang, je sais aussi que là, vu les circonstances, c'était lui ou toi, t'as pas eu le choix et là, je respecte !
- On a quand même ces sbires et l'équipage, Gabin, Krim et Max sont restés sur place, ils essaient de trouver des pistes sur cette poubelle flottante mais je sais où on doit taper... C'est ce putain de sénateur, c'est ce mec qui est venu nous narguer dans cette tôle au Mexique !
- Je sais, tu as la rage, tu as des certitudes et je sais aussi que tu es un super flic, tes intuitions payent mais là, pas de passe-droit, on est sur un terrain miné, on doit trouver de quoi remonter à lui, portables, PC, papiers divers sur ce navire, tout ce qui pourra me donner de quoi faire cracher le proc pour un mandat international mais tu sais comment ça marche...
- Ouais, je sais... Il risque de nous filer entre les doigts et « Adios » les jeunes femmes, les p'tits mecs qui n'avaient rien demandé à personne... Tu te vois dire aux familles qu'on n'a rien et que leurs enfants restent dans les listes des disparitions inexpliquées ?
- Non, je suis d'accord et bordel arrête de faire comme-ci je ne savais pas tout ça, j'ai raclé la merde dans les rues de Paris bien avant toi ! Je baisse pas les bras, je te dis de me trouver de quoi argumenter ! Quand t'es dans la rue, ton SIG est ton meilleur argument, quand tu es dans mon bureau, les preuves et les faits sont LES SEULS arguments !
- OK, on y travaille, ils insistent pour que je me fasse soigner un peu, tu m'excuseras, faut que j'aille me faire retirer un peu de ferraille de l'épaule histoire que je ne fasse pas sonner les détecteurs de métaux aux prochains concerts !
- Allé va, laisse les autres prendre le relais, t'es pas seul et puis... Je crois que t'as quelqu'un qui t'attends là-bas...
Verdier fit un signe de la tête vers l'arrière de la zone d'atterrissage, Eva se trouvait là, Bastien était près d'elle et les deux semblaient l'attendre. Yann donna une tape amicale sur l'épaule de son supérieur qui n'osa l'imiter vu son état. Yann avança d'un pas toujours aussi assuré malgré la fatigue et les blessures pour arriver jusqu'à eux.
- Merci capitaine, merci pour ma sœur !
- De rien, j'ai fait mon boulot comme vous l'auriez fait Le Bars, je n'ai pas de doute là-dessus...
- Oui, mais c'est bien de ma sœur que l'on parle, je vais vous laisser, je pense que maintenant, je dois enfin lâcher prise et te laisser vivre Eva, je suis heureux de retrouver...
- Merci Bastien...
Bastien lança un regard doux et aimant à sa petite sœur, à ce petit bout de femme qui était désormais une femme magnifique et surtout qui n'avait nul besoin de se faire protéger par son grand frère, elle lui rendit ce regard et il s'éloigna, Yann et Eva se retrouvèrent alors seul, Yann pris la parole :
- Une petite balade jusqu'à l'hôpital militaire ? Il paraît que leur cantine est excellente !
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Les disparus de la Rade
Mystery / ThrillerUne affaire d'enlèvements aux quatre coins de la France fait intervenir une équipe du SRPJ de Paris. Le capitaine Yann MAZE mène l'enquête à Brest pour tenter de résoudre cette affaire qui semble bien plus sombre que les affaires classiques de la ré...