Chapitre Quarante

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Bastien était assis dans son bureau, il travaillait sur de menus affaires de vols, le dossier des Disparus de la Rade était pour le moment en suspens, le SRPJ était sur l'affaire, des enquêteurs étaient parti au Mexique investiguer... Et l'un de ces enquêteurs était à l'origine de l'état du jeune lieutenant. Il s'était disputé avec sa sœur à cause de ce Maze, cet homme à la réputation sulfureuse, sombre et souvent hors de contrôle...

Dès que Bastien avait appris que sa sœur avait cherché à le joindre, qu'elle semblait donc s'intéresser à cet inconnu, il n'avait pu s'empêcher de mener son enquête en bon frère protecteur qu'il avait toujours été. Ce qu'il avait trouvé ne l'avait pas rassuré ! Yann Maze était un officier hors pair, il avait mené des enquêtes complexes, passant les frontières pour mener à bien ces investigations. Il avait un tableau de chasse aussi impressionnant que la liste des insubordinations, mais il semblait protégé.

Ces supérieurs devaient être conscient de son importance et prenaient le risque de couvrir certains agissements peu recommandables. Il avait trouvé des traces d'interrogatoires musclés où des dents s'étaient brisés accidentellement en tombant par accident, des hématomes dû à des coups qui avaient été porté avant la rencontre avec Maze. Des méthodes d'un autre temps mais un taux de réussite exceptionnel.

Bastien avait dépassé les limites du travail et cherché les failles dans sa vie. Maze avait une vie inexistante... Pas de femme, pas d'enfant, un appartement hors de prix une voiture à son image... Rien ne transpirait de la vie de cet homme aux costumes de grandes marques. Qui était cet homme qui troublait sa sœur, sa petite sœur qu'il aimait par-dessus tout, elle qui avait une vie rangée, un marie et une carrière à faire. Il était pensif, il avait des remords suite à son altercation avec Eva. Il avait réagi de façon impulsive, explosive, comme un père qui trouve son enfant en train de faire une grosse bêtise. Mais avec réflexion, que savait-il de la vie de sa sœur, que savait-il de ce qu'elle ressentait au fond de son petit cœur, elle lui avait souvent laissé des indices sur son mal être, sur son couple qui n'était pas parfait et Bastien n'avait jamais fait que de lui dire que tout allait bien et qu'elle devait être heureuse d'avoir tout cela, un conseil avisé ?

Avait-il eu raison ou tort toutes ces années ? Avait-il le droit de se mêler des affaires de cœur de cette femme qui était très loin de la petite sœur qu'il gardait en tête.

Le jeune lieutenant prit son téléphone et appela sa sœur... Il voulait s'excuser de son comportement et tenter de lui faire comprendre les raisons de son emportement de l'autre jour, il souffrait de voir souffrir sa sœur. Après quelques tonalités il entendit la voix de sa petite sœur...

- Bastien ? Que veux-tu ?

- Bonjour petite sœur, je voulais m'excuser, je me suis comporté comme un con l'autre jour, je t'ai jugé alors que j'aurais dû chercher à te comprendre... Je suis vraiment trop con... Qu'est-ce que je peux te dire de plus !!

- Non Bastien arrête !! Tu avais raison, je ne sais pas ce qui m'a pris, cet homme est un inconnu, il a sans doute l'habitude de charmer et trouver des femmes à séduire durant ces enquêtes... Je me suis fait un film !

- Arrête Eva, ne dis pas ça... J'ai fait mon enquête depuis l'autre jour pour trouver des arguments pour aller dans ce sens et te dire encore que j'avais raison et que tu avais eu tort de faire ça...

- Et alors ? Qu'as-tu trouvé ?

- Rien justement, ce mec est tout sauf au mauvais bougre ! Il est un super flic et il a une vie irréprochable, juste une gueule cassée de la grande maison, juste un mec qui écluse la merde de notre population la plus sombre... C'est moi qui ai été con, j'ai jugé en une fraction de seconde ce type et j'ai tout de suite voulu te protéger !

- Ne dis pas ça Bastien ! En plus c'est fini, j'ai fait le point dans ma tête, tu avais raison, j'ai une vie, une maison, un travail, j'ai eu mon concours de la marine, j'ai Éric...

- Oui tu as Éric... Mais es-tu certaine que ce n'est pas ça le problème ? Je t'ai trop longtemps donné des conseils qui étaient en fait des ordres, l'ordre de fermer les yeux sur tes envies, l'ordre de faire bonne figure plutôt que de te laisser faire tes propres choix !

Bastien n'entendit pas de réponse mais il entendit sa sœur pleurer au téléphone...

- Ne pleure pas Eva, je quitte le bureau, je monte à St Marc, on va parler de tout ça !

- Pas la peine, j'ai envoyé un message à Yann lui disant que j'avais fait fausse route et qu'il devait m'oublier ! Je vais bien je te dis, j'ai des choses à préparer pour le début de ma formation à l'école de Maistrance.

- Arrête Eva ! J'arrive...

Bastien raccrocha et se leva. Il avait le regard chargé d'émotions, le visage lourd... Il se rendait compte qu'il avait agi comme il se l'était toujours interdit, il n'avait pas protégé sa sœur, il lui avait donné des ordres, il l'avait canalisé dans ses propres idées plutôt que de la laisser faire ses choix et l'aider à avancer. Il allait sortir du bureau quand son téléphone sonna.

- Lieutenant Le Bars j'écoute.

- Le Bars ? C'est le commissaire Verdier, SRPJ.

- Bonjour commissaire, que puis-je faire pour vous ?

- Et bien nous pensons que Brest va à nouveau être la zone de départ des victimes de cette satanée rafle !! On a la certitude que ceux qui ont enlevés ces hommes sont aussi ceux qui sévissent dans le sud avec des jeunes femmes ! On est quasiment certain qu'ils vont repasser par Brest pour partir au Mexique ! On a besoin que vous vous mettiez à notre disposition pour surveiller le port et trouver tout mouvement suspect !

- Bien sûr commissaire mais pourquoi ne pas passer par mon commandant, Le Bihan ?

- C'est déjà fait, il est au courant mais je voulais vous avoir en personne ! Vous avez suivi le capitaine Maze, il semble bien vous apprécier et vous trouver compétent aux vues de ces derniers rapports, alors je vous fais confiance plus qu'à vos collègues ! Je veux des gars motivés et sans faille sur cette affaire !

- Très bien commissaire, je vais faire le point sur vos besoins !

- Très bien, je vous laisse !

Quand Bastien raccrocha il s'en voulu encore plus ! Ce fameux Maze qu'il avait tant critiqué et cherché à dénigrer était en fait un homme très différent de ce qu'il c'était imaginé ! Il sorti finalement du bureau et s'en alla jusqu'à sa voiture pour aller rejoindre sa sœur chérie et tenter de se faire pardonner son comportement !

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant