Chapitre soixante six

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Brest, à peine 6 h du matin et déjà une odeur de café flottait dans les locaux de la gendarmerie. Verdier était sur les lieux, il était resté pour finaliser le départ des hommes du SRPJ. Yann était dans le bureau de Le Bars, les deux hommes n'avaient que peu parlé depuis la veille lors de la descende de l'hélicoptère, pourtant, l'un et l'autre savait qu'il y allait y avoir du changement dans leur relation à venir. Mais, tout deux étaient avant tout des hommes de loi, ils avaient une mission à accomplir, celle de remonter ce fil d'Ariane pour les mener aux jeunes femmes et peut être aux jeunes hommes disparus ici et ailleurs en France.

Les équipes de la maritime, aidés de la marine et des officiers du Bastion, restés sur place avaient ratissés le Seawise et le navire faisait à nouveau route vers Brest à sa vitesse de croisière. Les hommes qui avaient survécu à la fusillade ne semblaient rien savoir de très intéressant et surtout pas assez consistant pour épaissir le dossier de Verdier pour le servir au-dessus de lui. Quant à l'homme abattu par Franck, il n'existait tout bonnement pas ! Sur lui aucun papier, pas de correspondance aux empreintes sur les fichiers français, des demandes étaient déjà partit dans la nuit pour ratisser au niveau européen et surtout international car il allait de soi que cet homme était Mexicain. Les hommes de main avaient simplement laissé entendre le pseudonyme « El Angel Negro » ... Intéressant.

En revanche, le manifeste du navire avait pu remonter des pistes intéressantes et aux vues de ce que la police Française avait pu mettre en avant quant à l'enlèvement de la jeune Eva Le Bars, Verdier allait pouvoir donner un peu de matière à avaler au procureur Faure en charge du dossier, l'homme en question ayant lui-même de sérieux comptes à rendre au-dessus de lui, vu le bruit que l'affaire faisait, il semblait enclin à faciliter les choses.

Les gendarmes de Brest, avec l'aide des équipes du Bastion, avaient pu établir des relations entre les navires Seawise et Santa Maria, les personnels du port de Brest avaient été d'une grande aide grâce à la qualité de leurs archives !! Les navires semblaient liés au gouvernement Mexicain, ce qui n'était pas normal pour deux sociétés indépendantes et non nationalisées, de plus, grâce aux doigts de fées du spécialiste de l'informatique, Mickael Salaün, ils avaient pu croiser des dates de départs du port de Brest avec des périodes de disparitions inexpliquées... Jamais le même jours mais souvent à proximité, ce qui donnait une idée du mode opératoire, les malfrats devaient enlever un groupe de personnes et une fois leur but atteint, ils partaient avec l'un des navires.

Cela ne donnait pas de lien officiel avec le sénateur de Vera Cruz mais le port de déchargement suite aux départs mystérieux de Brest était toujours celui de cet état. L'affaire devait toucher les politiques, les flics locaux... ça sentait la mafia organisée et infiltrée, cela n'augurait rien de bon.

Le bureau de Le Bars trembla lors de l'ouverture brutale de la frêle porte de bois et de verre par le commissaire Verdier. Il venait de recevoir l'appel tant attendu du procureur de la république en charge de l'affaire. Samuel Faure, magistrat au tribunal judiciaire de Paris, installé dans le 17 ème. Un homme jeune pour un tel poste, il était aussi souple qu'une porte de prison mais était très bon dans son domaine. Sur cette affaire, la pression venant du ministère de la justice lui faisait prendre plus de risques, il voulait satisfaire ses supérieurs et ainsi gagner de nouveaux galons sur le chemin d'un avenir prometteur.

- C'est bon, on a le feu vert pour partir sur l'opération conjointe au Mexique avec les locaux ! Faure nous a arrangé le coup, on va travailler avec les officiers de l'état voisin, impossible de se fier à Vera Cruz vu ce qui s'est passé là-bas ! On va pas se mentir, c'est du lourd, on a le quai d'Orsay qui se mouille et là c'est zéro erreur avec les affaires étrangères ! Je sais, je dis toujours la même chose mais je préfère prévenir que guérir... Je suis vieux, tu vas pas me changer maintenant Yann !!

- Ouais, c'est sûr, va falloir faire attention, là-bas je peux vous dire que les locaux sont mouillés, pas de doute ! Bien si on peut travailler avec d'autres flics, ça sera plus sécure ! Moi et Gabin il faut qu'on soit du voyage, on connait les lieux, on est déjà au claire !

- Je savais que tu me demanderais ça... ça me plait pas du tout mais je sais que tu feras le job ! Mais je veux que tu restes en retrait, t'es pas beau à voir, on dirait moi ! Pour dire !

Le Bars était resté en retrait dans la discussion même si ces collègues avaient bien travaillé sur l'affaire et n'étaient pas étranger au succès probable de cette affaire.

Mais à cet instant, contrairement aux sentiments de défiance de cette première rencontre à Brest, entre temps il était passé de mauvais pour sa petite sœur à celui que l'avait sauvé ! Alors tout cela était pour le moment effacé, il ne savait pas si cela durerait, mais il allait surveiller cela d'aussi près que s'il s'agissait d'une affaire criminelle, déformation professionnelle !

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant