Chapitre vingt sept

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Port de Bayonne, l'enquête battait son plein pour les jeunes femmes disparues, le SRPJ avait déjà pris la main sur cette nouvelle émergence de l'enquête principale. Deux flics du Bastion étaient arrivés prêter main fort aux policiers locaux, le jeune Santos et le grand ami de Yann, Gabin.

Gabin, un flic honnête et droit, il avait travaillé avec Yann depuis son arrivée sur Paris, ils avaient déjà brassé la noirceur des enquêtes ensemble depuis des années, il était présent également dans l'enquête d'El Toro, il a vu ce que cela avait fait à Yann, un de leurs collègues avait été grièvement blessé par l'un des hommes de main de ce trafiquant. Un jeune homme, un bleu comme Santos, une balle très mal placée dans le torse, la balle d'une arme de gros calibre, le genre de machines de mort qui transpercent les pauvres gilets des officiers de police. Le jeune policier a perdu un poumon dans l'affaire, les éclats de balles de guerre ne laissent aucune chance en explosant à l'intérieur des chairs, des dégâts étaient irréversible et sur ce genre d'affaire, le flic aux commandes prend les responsabilités, il encaisse, il est le pilier, les autres suivent... Et quand cela se passe mal, certain enferment ça au fond de leur esprit, comme cette blessure par balle, une nouvelle plait qui avait marqué le cœur de Maze, leader de cette affaire.

Gabin et Santos avait rejoint Bayonne très tôt dans la matinée, les enquêteurs locaux et eux avaient commencé à travailler grâce aux éléments des parents et des proches des disparus. Finalement peu de chose, les jeunes avaient été vus pour la dernière fois dans les rues de Bayonne lors de cette soirée du jeudi. Elles avaient quitté le reste de leurs amis pour aller au bord de l'eau d'après les retours des amis. Le point de démarrage de l'enquête était le lieu qui avait été indiqué comme celui où les jeunes femmes aimaient profiter de la fraicheur du bord du fleuve.

Les enquêteurs s'étaient retrouvés à l'endroit exacte où l'enlèvement avait eu lieu, sans même le savoir, mais sur place, les hommes de la caste avaient travaillé impeccablement, pas de traces, pas d'indices... Un travail de professionnel comme à leur habitude. La voiture des jeunes avait été retrouvée devant la FAC, pas de trace, pas d'empreinte... Un vrai cul de sac comme à Brest mais sans la bonne surprise qu'avait laissé les jeunes et leur fameuse balise.

- A Rodez et à Brest on a pu trouver des traces des corps dans des locaux industriels désaffectés, je pense qu'il faut chercher par-là, indiqua Santos.

- T'as raison le bleu... On va voir avec ce qui pourrait correspondre... Mais la recherche va être longue, répondit Gabin.

Les deux officiers briefèrent les policiers de Bayonne. L'un d'entre eux, le brigadier-chef Renan s'avança pour prendre la parole.

- Ce genre de locaux ne manque pas le long de la zone portuaire... Mais vu ce que vous nous dites, vous cherchez des locaux désaffectés, je pense qu'on peut chercher sur la route qui remonte vers Ondres, une petite ville plus au nord de Bayonne. Par là-bas il y a des anciens bâtiments d'accastillage, ce n'a rien à voir avec les frigos dont vous nous parlez mais il y a des stockages de produits chimique et on a pas d'entrepôt comme ceux que vous décrivez dans le coin de toute façon.

- Ça peut correspondre en effet, on peut toujours démarrer par-là, on n'a rien à perdre, on est sec sans cette piste alors allons-y, ajouta Gabin.

Sur ces mots, l'ensemble des policiers prirent la route, longeant le fleuve pour remonter cette zone portuaire, magnifique à cette heure avancée de la journée. Le soleil léchait l'étendu bleuter de l'eau, une eau lisse, belle avec ce reflet doré que lui offrait le soleil. Un endroit paisible et idyllique pour les gens qui s'y promenaient sous la chaleur de ce mois exceptionnel. Balade pour certain, chemin mortuaire pour d'autre...

Les policiers avaient déjà une idée de ce qu'ils allaient trouver. Les méthodes des kidnappeurs étaient désormais connues des policiers. Pour le moment ils n'avaient pas commis d'erreurs mais ils avaient signé leurs rapts, aucun doute ne subsistaient sur la fin qui avait dû arriver aux jeunes ne correspondant pas aux recherches de ces hommes.

La recherche pouvait être longue car plusieurs bâtiments à l'abandon existaient sur cette zone, des locaux d'un autre temps, aux couleurs chaudes, pour certains en pierre donnant une idée de l'âge ancien de ces locaux. D'anciens bâtiments ayant accueillis des bateaux, des clients, des ouvriers, de la vie tout simplement. Hier, fer de lance d'une industrie locale, aujourd'hui, bâtiment fantôme donnant envie de tourner les yeux en passant à côté d'eux pour ne pas voir la fin d'une époque. Et aujourd'hui, il paraissait très probable que l'un d'entre eux avait en plus pu servir d'abri pour un crime particulièrement horrible, la mort de jeunes gens ne demandant qu'à vivre, fauchés par la mort en pleine jeunesse. Personne n'avait envie d'ouvrir les yeux sur ce genre d'affaire, seules les familles avaient cette plaie à l'âme, pour le reste de la population, un fait divers à regarder à la télévision et du chiffre pour ceux qui vendaient du frisson...

Les recherches furent dirigées par Gabin et l'officier Renan. Il connaissait bien la zone, il avait grandi par ici, un père fou de bateau, une vie les pieds dans l'eau et un jour un métier le tirant hors de l'océan et le mettant dans un uniforme blanc et bleu. Il connaissait bien cette partie de Bayonne, il l'avait connu encore en activité, il y avait en effet environ cinq bâtiments pouvant correspondre, ils étaient souvent squattés, tagués... L'endroit idéal pour les criminels qu'ils recherchaient. Les policiers se répartirent les recherches pour tenter de gagner du temps car désormais une réelle course contre la montre c'était engagée. 

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant