Chapitre treize

58 7 0
                                    

Rue Gardye, Maze et Santos se présentèrent à 8h30 à l'accueil du commissariat de Rodez. A leur arrivées, les collègues avaient déjà été briefés sur les attendus du SRPJ, ils accueillirent les deux flics Parisien sans broncher. Verdier avait appelé le commandant du commissariat de Rodez pour lui demander de donner carte blanche aux deux collègues Parisien dans cette affaire qui commençait à faire parler au niveau national. En effet, la presse locale, puis la presse nationale avait réussi à se procurer suffisamment d'information pour commencer à parler d'un réseau national d'enlèvements, frénésie des lecteurs, les flashs sur BFM pour remettre en question les résultats de la police... Les hautes instances Parisienne n'appréciant guerre l'image que cela donnait des services de Police.

Les bœufs carotte étaient sur le coup car de toute évidence, des informations avaient filtrés malgré les ordres formels de conserver une chape de plomb sur l'affaire.

Le brigadier-chef Ruffez avait pour mission d'accompagner les deux flics sur les lieux des trouvailles macabres de leurs collègues. Échanges de banalités, discussions sommaires autour d'un café de la vieille machine automatique à côté de la salle de repos du groupe de police secours.

Ruffez monta dans une Ford aux couleurs de la police, les deux voitures prirent la route d'une ancienne zone industrielle, la BMW suivant la Ford blanche. Le temps était menaçant, rien à voir avec le bord de mer à Brest la veille. Une chaleur pesante, les esprits étaient à vif, l'orage était aussi présent dans le ciel que dans les esprits, au loin un éclair déchira le ciel sombre et brulant dans un bruit sourd.

Ils arrivèrent devant d'anciens entrepôts frigorifiques, appartenant à une autre époque. Des bâtiments immenses mais vides, ou presque, les traces des jeunes accros à l'adrénaline, à l'URBEX comme ils appelaient ça, étaient visible à l'entrée du site, des tags et autres traces de feu de camps, chacun ses passions.

Une fois à l'intérieur, l'ambiance était lourde, l'odeur était âpre, une odeur de mort, de celle qui colle à la peau, des milliers de bêtes étaient passées par ces entrepôts, quittant ainsi leurs conditions d'enfermement forcé à celle de nourriture pour les carnivores que nous sommes à nos heures.

Un bandeau de sécurité était installé à proximité de bacs de plastiques de grandes tailles. Les bacs étaient jaunis par le temps et le passage d'une substance acide à l'intérieur.

- Il s'agit de bac qui servait à contenir des produits de nettoyage des bâtiments, des acides permettant de supprimer les bactéries dans les différentes zones des entrepôts, leur expliqua Ruffez.

Maze ne broncha pas, Ruffez semblait pro et sûr de lui, derrière son ventre un peu trop prononcé au goût de Yann, il semblait malgré tout vif et agile.

Dans l'un de ces bacs, on pouvait voir des traces rougeâtres, s'ils ne savaient pas de quoi il s'agissait, cette couleur aurait presque pu être agréable à l'œil... Mais la réalité était tout autre, ces couleurs étaient significatives de la liquéfaction d'un corps avec de l'acide fluorhydrique... Ce type d'acide était très puissant mais avait la particularité de ronger également la plupart des matériaux... Mais pas les plastiques à base de Polymères fluorés, la composition de ce genre de bacs, ce qui montrait une connaissance accrue des lieux et des méthodes.

De toute évidence, il n'était pas du tout question de travail d'amateur mais bien de personnes parfaitement à l'aise avec ce genre de manipulation et avec la vue d'un spectacle des plus affreux dans la destruction des chairs et des os d'un humain.

- Qu'avez-vous trouvé de beau dans ce bac ?

- Et bien les traces montrent que le « corps » a dû beaucoup bouger dans ce bac car il y des traces d'éclaboussures, des traces de chairs humaine... Mais dans ce qui semble avoir été un carnage monstrueux, on a eu de la chance...

- De l'ADN ??

- Oui, on a pu isoler une trace ADN partielle. Un jeune homme de la région, étudiant sur le campus de Rodez !

- Ah oui, un sportif ?

- Non, aux vues des photos qu'on a pu récupérer dans les bases de données de l'école en question, il semble qu'il avait des soucis de santé, il était assez gros ce pauvre petit !

- Bon et à part ça, d'autres traces ? De ceux qui étaient sur place par exemple ?

- Non rien, les locaux sont nickel, pas une trace, pas une empreinte, on est aveugle !

- Je ne dirais pas ça, avec ce que vous venez de me dire, on commence au contraire à ouvrir les yeux... Yann était pensif, son cerveau était en pleine ébullition...

Après un point complet sur ce qui avait été récupérer par les collègues de la scientifique, les policiers reprirent la route du commissariat de Rodez. Sur la route Santos interrogeât Yann sur ce qui semblait lui venir à l'esprit.

- A quoi tu penses Yann quand tu dis que pour toi ça s'éclaircie ?

- Tu as fait le point avec les collègues de Brest il me semble ? Sur les profils, t'as pas vu de point commun ?

- Ben, oui, tous jeunes, étudiants...

- Oui et à part ça ?

- Leurs physiques ?

- Tout à fait le bleu ! Ce pauvre type qui a été tué ici ne correspondait pas à ce que ces types cherchaient... Il devait être avec d'autres étudiants qui eux, correspondaient !

- On devrait rappeler Verdier pour commencer à transmettre tes premières conclusions !

- Attend le Bleu, on va finir le point avec Rodez, voir également leur liste des personnes disparus. On aura alors une meilleure idée de ceux qui risque d'avoir bien disparu sur cette même piste !

Arrivés au commissariat, Yann et Santos échangèrent avec Ruffez sur leurs besoins. Le brigadier-chef fit le point sur leurs disparitions suspectes. La liste était malheureusement longue... De pauvres jeunes et moins jeunes disparus sans laisser de trace, c'était le lot quotidien des forces de l'ordre, ici et ailleurs en France, des parents qui cherchent leurs enfants ou même des enfants qui pleurent leurs parents. Une triste réalité que Yann connaissait trop bien. Un monde de noirceur que trop peu de gens connaissaient en revanche... Il fallait laisser le secret sur cette partie de notre monde pour pas que le sourire des gens ne laisse place à la crainte.

Malgré la longueur de la liste, avec les éléments de dates et de morphologie, les deux flics parisiens bien aidés de Ruffez et de ces collègues purent retirer plusieurs profils. Au moins cinq jeunes pouvaient correspondre... Dur d'être catégorique !

La journée avait déjà bien avancée, les cafés c'étaient enchainés, l'orage avait grondé doucement toute la journée sur la ville et aux premières heures de la soirée les éclairs se mirent à déchirer le ciel !

Dans cette région plutôt montagneuse, l'orage écrasait toute la ville par sa puissance. Les gens s'abritaient, les éclairs brillaient dans ce début de nuit. Un peu de fraicheur se dégageait de ce déchainement de la nature, la pluie ne mit pas longtemps à couvrir la ville.

Yann appela Verdier au Bastion pour lui transmettre les premiers éléments.

Verdier était sur les dents, on lui mettait la pression au-dessus pour avancer sur cette affaire, le procureur, Faure, était également poussé par ses supérieurs et harcelait le commissaire. Il accueillit assez moyennement les éléments de Yann, il en voulait plus et en même temps voyait également que cette affaire risquait de faire du bruit si elle s'ébruitait encore plus. Surement des enlèvements au niveau national voir plus et des pratiques sombres, proches d'anciennes affaires... Anciennes mais pas si lointaine.

- El Toro !

Ce nom ne devait pourtant pas ressortir, mais s'ils n'avaient pas pu en savoir assez sur les motivations de ce détraqué, les personnes qui avaient disparu dans cette affaire semblaient avoir des points communs avec celle-ci... Mais aussi une grande différence... Il ne s'agissait que de femmes, jeunes, étudiantes... Ce ne pouvait pas être le fruit du hasard, il allait falloir creuser et faire marcher la matière grise de flics d'ici et de Paris.

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant