Chapitre six

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Autoroute A11, l'Océane, Yann la connaissait bien, il était originaire d'une petite ville du Finistère, il avait souvent pris cette route pour rentrer voir sa famille... Mais là, la route n'avait rien de départ en vacances, la BMW roulait, régulateur callé à 160, feu bleu et rouge sur le tableau de bord, Yann ne voulait pas perdre de temps et la grosse cylindrée Allemande était callée à gauche passant en trombe les files de vacanciers.

Santos était assis à côté, il regardait le capitaine au volant, visage sombre comme toujours, une main sur le volant et l'autre sur le pommeau en cuir de sa fidèle auto. Il finit par lancer la conversation...

- Belle auto, elle date de quand ?

- T'étais pas né le bleu qu'elle roulait déjà, ça t'aide ?

- Pff, vous n'êtes pas obligé de vous la jouer vieux dur avec moi, on est dans le même service...

Yann se retourna vers Santos malgré la vitesse...

- On verra quand on aura terminé cette affaire, peut-être qu'on arrêtera avec « Le Bleu » ...

- Ouais, ça promet...

- T'inquiète le Bleu, j'ai rien contre toi, tu fais ton job, t'es sérieux, tu seras un bon flic ! Mais vient pas me pourrir mon job, tu me suis, t'écoutes et t'apprends ! Et, elle est de 1990...

- Comment ?

- La caisse, c'est une M5 de 1990, un modèle e34... Elle est plus vieille que toi mais elle fait quand même 340 chevaux... Il eut un sourire avant de refixer l'horizon.

Santos senti que Yann était un bon flic, qu'il était dur car son métier le rendait comme ça, mais il comprit qu'il fallait juste le laisser lui montrer le chemin dans ce boulot pas comme les autres.

Après 600 km et un arrêt à la pompe, le vieux six cylindres ne connaissait pas trop la sobriété, les deux flics du 36 arrivèrent à Brest vers 17H, ils n'avaient pas trainé sur la route. Ils se présentèrent à la gendarmerie où le lieutenant Le Bars les attendait. Un Homme de 35 ans à peine, grand, brun, carré avec une mâchoire de mecs sortit d'un vieux film de cow-boy. Il en imposait mais quand Yann se présentât, de trois ans à peine son ainé, le lieutenant le saluât avec respect dû au grade. Yann n'y fit même pas attention, la route l'avait exténué !

- Lieutenant Le Bars, heureux de vous voir capitaine Maze.

- Merci Le Bars, Maze suffira, pas besoin d'en rajouter, vous nous avez trouvé un hôtel pour moi et mon collègue ?

- Oui, vous dormirez à l'Océanie...

- Ok, j'espère qu'il y a une baignoire dans ma chambre...

- Désolé capitaine je n'ai pas le renseignement.

- Pas grave, on verra bien, faut vivre dangereusement ! Dit-il avec un petit regard au Lieutenant.

Bastien les emmena à son commandant, Le Bihan leur fit un accueil courtois mais froid. Yann avait l'habitude de ce genre de situation, les flics de Paris n'étaient pas très appréciés en province, les locaux avaient horreur de voire le 36 venir marcher sur leurs pompes. Ils ne venaient pas pour trouver une future maison de vacances, ils venaient pour parler de cette pièce en or... Alors il ne perdit pas de temps en politesse et voulu aller droit au but, surtout avec les cinq nouveaux disparus, l'affaire montait en gravité.

Ils échangèrent quelques mots puis Yann et Santos sortirent du bureau de Le Bihan pour retrouver Le Bars.

A la sortie du bureau, le jeune lieutenant se tenait debout à côté d'une belle femme brune avec des yeux d'un bleu profond. Sans qu'il puisse dire pourquoi, Yann ne put détacher son regard de cette femme !

Bastien se remit au garde à vous,

- Je vous prie de m'excuser capitaine, voici ma sœur, Eva.

- Ne vous excusez pas Le Bars, enchanté mademoiselle.

- Madame, ma sœur est mariée. Bastien repris son habitude de chaperon et mis de suite le ton sur les mots pour préciser que sa sœur ne faisait pas partie de l'enquête !

- Madame ! Yann était fatigué mais sa tenue restait impeccable, il tendit sa main à Eva.

- Enchantée également Monsieur... ?

- Capitaine Maze, mais appelez-moi Yann.

- J'en resterai à Capitaine si vous le voulez bien.

- Je ne ferai que ce qui vous plaira lui rétorqua-t-il.

Bastien et Santos restaient sur le côté à les regarder se présenter mais Bastien coupa court.

- Messieurs, je vais vous indiquer le chemin de votre hôtel et nous pourrons nous retrouver demain dès 8H, pour démarrer nos investigations.

- Merci Le Bars, répondit Santos qui semblait apprécier cette intervention.

- Disons 9H Le Bars... Connaissez-vous une salle de sport dans le coin ?

- Oui pourquoi ?

- Disons que je dors peu la nuit !

- Suivez-moi je vais voir ce que je peux faire.

Sur ces mots, les deux officiers du 36 suivirent le lieutenant vers son bureau mais Yann ne put s'empêché de détourner les yeux un instant pour regarder à nouveau le visage de cette jeune femme qu'il venait de rencontrer... Leurs yeux se croisèrent une dernière fois avant qu'ils ne se séparent, tous deux semblaient avoir trouvé quelque chose qui l'attirait dans l'autre.

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant