Chapitre Trente Huit

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St Marc, un quartier résidentiel situé à l'Est de Brest, un endroit calme et où il faisait bon vivre. Dans l'un des pavillons une femme était assise dans sa cuisine, elle était immobile, devant un verre de jus de fraise glacé, la chaleur n'était pas entrée dans la maison et l'ambiance y était froide...

Eva était pensive, elle avait quitté le bureau de son frère sans dire un mot à son frère, elle n'avait finalement pas réussi à lui parer, elle savait au fond d'elle qu'il n'aurait pas réussi à comprendre. Ce dernier l'avait sévèrement réprimandé, comme un père avec une petite fille, comme son grand frère protecteur avec sa petite sœur fragile ! Mais elle n'était plus cette petite fille, elle était grande, forte et décidée à avancer... A ne pas être ce que l'on voulait qu'elle soit mais bien ce qu'elle désirait être ! Malgré tout elle avait du mal à laisser cette querelle l'envahir, elle ne voulait surtout pas se fâcher avec son frère, il était, avec sa mère, sa seule famille depuis la disparition de son père.

Bastien devait avoir raison, elle avait franchi les limites, elle avait cherché avec les moyens de la gendarmerie les coordonnées d'un homme, qui plus est, un officier de police ! Un parfait inconnu qui avait fait irruption dans sa vie sans le moindre préavis ! Elle ne le connaissait ni d'Adam ni d'Ève, il était énigmatique et avait éveillé en elle quelque chose qu'elle ne pouvait décrire, pas plus qu'elle ne pouvait effacer de son esprit ! En partant, elle avait entendu les derniers mots de son frère dans le claquement de la porte de son bureau... « Réfléchis Eva, qu'est-ce que tu as dans la tête !! Tu es mariée, tu as une vie, une famille, tu ne vas pas tout foutre en l'air comme ça pour ce type ! »

Il était à peine midi, elle n'avait pas vraiment envie de manger, ni quoi que ce soit d'autre... Éric, son mari était parti de bonne heure pour le port de Brest. Comme à son habitude il avait été un « bon mari », présent pour le repas, pour la nuit... Tellement bon mari qu'il n'avait même pas sentit la moindre tristesse dans les yeux de sa femme. Il était parti de bonne heure pour gagner sa vie et avancer dans sa fameuse carrière ! Là était son plus grand centre d'intérêt... Eva pris son téléphone, elle savait que cela ne servirait à rien mais elle composa un message pour son « bel inconnu » ...

« Yann, je m'excuse de t'avoir ainsi abordé, de t'avoir ainsi écrit et peut être donnée de fausses idées sur mes intentions... Je suis heureuse de te connaitre, tu sembles être un homme bien et une personne de parole mais je ne sais pas ce qui m'a pris... Je suis marié, j'ai ma vie, je n'aurais jamais dû me rapprocher ainsi de toi... Tu as une vie si particulière, tant de choses nous séparent... Je me suis perdu lorsque tu as encré ton regard au fond de mes yeux mais maintenant que tu es loin, je me rends compte que cela n'était qu'une illusion, un mirage qui arrive quand parfois on est perdu.

Aujourd'hui je me suis retrouvé, ce mirage a disparu, j'espère que tu ne m'en voudras pas...

Adieu Yann, j'espère que ton enquête se passera bien.

Fait attention à toi.»

Une larme coulait à cet instant le long de son visage, elle allait appuyer sur « envoyer » en se disant que le message resterait en attente à cause du réseau, une façon d'écrire sans risque, une façon de soulager son esprit sans que cela ne blesse réellement celui à qui elle écrivait. Elle se décida au bout de quelques minutes... et attendit le rapport d'envoi de son iPhone...

« Message envoyé avec succès »

Le portable lui échappa des mains et tomba sur la table, les larmes coulèrent sur son visage, le message était finalement parti, l'homme qui semblait prêt à tout pour elle, et à cet instant en pleine enquête à des milliers de kilomètres, allait recevoir cette flèche en plein cœur, elle venait de lui envoyer une raison de plus pour être l'homme sombre qu'il semblait être au plus profond de lui-même.

Elle ne savait pas quoi faire, mais finalement elle ne fit rien, elle se persuada d'avoir fait le bon choix, elle avait écouté les conseils tant répétés de son frère et ses amies, elle c'était bien rendu compte que ce genre de rencontres, ce genre de situation n'ont pas d'avenir...

Il lui fallait être raisonnable, se concentrer sur ce superbe projet, sur cette chance qu'elle avait enfin pu saisir avec son entrée dans la Marine ! Demain était un jour nouveau, il lui restait à peine 10 jours à attendre pour entrer à l'école de Maistrance de Brest. Tant de projets à venir, elle intima l'ordre à son corps, à son visage de sourire pour se réjouir.

Mais au lieu de cela, son visage se figea, il resta triste, elle était tout simplement perdu.

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant