Mexico City, à cette heure de la journée, la température était encore supportable, les deux officiers de police français arrivèrent devant le commissariat central de Mexico. Un véhicule de la police était passé les prendre à leur hôtel à 8 H précise. La voiture les avait déposés devant l'entrée principale du bâtiment, un édifice moderne et propre, très proche de ce que l'on pouvait voir dans certains films américains, les sirènes criaient dans la rue lorsque les policiers quittaient l'édifice pour se diriger vers le cœur de cette mégapole de près de 9 000 000 d'habitants.
- Sacré baraque mon Gabin !
- Oui c'est clair que c'est grand ! Mais bon, ce n'est pas la taille qui compte non ?
Sur ces mots les deux policiers échangèrent un sourire et montèrent les marches pour arriver aux portes du commissariat. A l'intérieur, la climatisation était déjà en route et ramenait de l'air frais sur les visages de policiers. Yann ne dérogeait pas à ces habitudes en portant un costume en lin du Caire, un complet couleur crème et ces fidèles Ray Ban posées sur ces cheveux tirés en arrière. Gabin, lui, était d'un tout autre style, beaucoup plus à l'aise il portait une tenue légère de couleur claire également, pantalon de toile et t-shirt, les deux amis ainsi côte à côte n'était vraiment pas assorti !
A l'accueil du commissariat, la belle Adelina les vit et se dirigea vers eux. Elle portait sa tenue de police, une tenue aux couleurs sombres, son visage était d'une couleur dorée et elle ne laissa pas indifférent Gabin. Yann assena un coup de coude à son ami et lui lança avant qu'elle n'arrivât à eux :
- Ferme la bouche elle va croire que tu te sens pas bien ! Remarque, elle te fera peut-être du bouche à bouche ?
Yann avança vers elle et lui tendit la main.
- Bonjour officier Florès, merci pour votre « taxi » ce matin, on ne se voyait pas traverser cette ville à pied !
- C'est bien normal capitaine. Nous allons pouvoir étudier les éléments transmis par votre direction et ainsi projeter les premiers déplacements de votre enquête dans l'état de Vera Cruz. Nous avons eu l'aval du sénateur pour votre enquête mais le gouvernement Mexicain et le vôtre ont convenu que vos déplacements se feraient tous en ma compagnie et celle de l'officier Mora.
- Très bien, je comprends, moi et mon collègue nous plieront au protocole sans problème. Nous souhaitons partir dès que possible car il ne s'agit pas de marchandises quelconques mais bien d'êtres humains dont nous parlons ! Quand pensez-vous que nous puissions partir pour le port de Vera Cruz ?
- Nous pourrons partir dès aujourd'hui, comme je vous l'ai dit, le sénateur Fuentès a donné toutes les autorisations pour votre entrée dans son état. Je vous propose de prendre la route en ce milieu de matinée.
Sur ces mots, la belle Adelina pris la direction des bureaux et invita les deux policiers à la suivre. Dans un coin de l'open space déjà en effervescence à cette heure, un homme les surveillait au loin, il s'agissait de l'officier Mora. Il était bel et bien là pour les surveiller et faire rapport à son chef, le sénateur Fuentès, ou Ah Puch comme il fallait également l'appeler. Ce travail était la clé pour évoluer dans cette caste.
Les deux hommes prirent les renseignements qu'acceptèrent de leur dispenser la belle Adelina. Sa hiérarchie devait aider les deux policiers Français mais voyait d'un assez mauvais œil cette enquête à charge. En effet, pour eux, les Français partaient avec une certitude, que les Mexicains étaient à l'origine d'un vaste trafic d'organes.
Les recherches allaient s'organiser autour du port d'attache du Santa Maria, à Vera Cruz. Il avait depuis longtemps déposé sa cargaison, les deux flics arrivaient donc sur une piste refroidie malgré la chaleur qui régnait sur le pays. Le manifeste de cargaison avait été épluché par les collègues à Brest et en effet, il existait bien la preuve que des containers avaient été chargés sans apparaitre dans les papiers officiels. Gabin pris la parole.
- Avez-vous demandé aux autorités portuaires de vérifier les documents de réception des marchandises ?
- Nous n'avons pas cette autorisation, nous devons vous aider à aller jusque-là bas et seulement une fois sur place nous pourrons avoir les autorisations nécessaires de l'état de Vera Cruz pour enquêter. Nous sommes un pays fédéral, nous ne pouvons pas empiéter sur les juridictions à notre guise, vous vous pensez dans un western ?
Gabin fut désarçonné par les mots de la policière, il semblait l'avoir froissé, ce qui le rendait amère car outre l'enquête, Yann avait raison de penser qu'il n'était pas indifférent à son charme... Yann tenta de rattraper le coup :
- Ce que veut dire mon collègue était simplement de savoir si tout était en règle par rapport à nos autorisations et le cas échéant s'il nous fallait revoir avec notre ministère des éléments complémentaires.
Le sourire revint sur le visage de la jeune femme, si Gabin la trouvait à son goût, c'était en revanche Yann qui ne laissait pas la jeune femme de glace... De la glace qui ne demandait qu'à fondre sous cette chaleur écrasante. Le soleil était désormais bien présent et il transperçait les grandes baies vitrées du bâtiment, la chaleur entrait désormais et heureusement, Yann avait fait retomber la pression car d'ici quelques heures, ils allaient devoir partager le même véhicule pour prendre la direction de cet état du sud de pays, étrange moyen de transport quand l'avion aurait été beaucoup plus rapide, il était clair qu'on ne voulait pas qu'il arrive trop vite !
Après quelques heures dans les locaux, les deux français furent raccompagnés à leur hôtel pour récupérer leurs affaires, ce fut le policier Mora qui les accompagna. Il ne sorti pas à un mot, il ne semblait pas parler Français mais ne fit même pas l'effort de parler dans sa langue, langue que Gabin maitrisait pourtant. Il semblait étrange, froid et pas du tout enclin à les aider. Yann n'aimait pas du tout cela, il sentait que cet homme allait surement être un frein, voir plus que cela dans l'enquête. Il avait déjà connu ce genre de situation lors d'enquêtes plus anciennes, mais son instinct et ses sens étaient en alerte au contact de cet homme, cette armoire à glace aux moustaches broussailleuses n'avait pas encore dévoilé son vrai visage.
Les deux hommes devaient faire vite car le policier Mexicain resta les attendre devant l'hôtel, leur départ était prévu dans l'heure qui suivait. La route allait être longue, entre Mexico City et la ville de Vera Cruz, on ne comptait pas moins de 400 km. Dans sa chambre, Yann saisie son portable et regarda ses derniers messages... Il tomba sur celui de Eva, elle n'avait pas donné de nouvelles depuis son départ, sans doute en raison de l'éloignement ou peut-être n'avait-elle finalement pas envie d'entrer dans une histoire complexe alors qu'elle avait déjà une vie.
Il sentit son cœur se serrer au fond de sa poitrine, il sentait cette lame qui entrait doucement mais sans surprise pour lui, une fois de plus il allait certainement devoir tourner une page dans le livre de sa vie sans même avoir pu décider du chemin qu'il voulait prendre.
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Les disparus de la Rade
Misterio / SuspensoUne affaire d'enlèvements aux quatre coins de la France fait intervenir une équipe du SRPJ de Paris. Le capitaine Yann MAZE mène l'enquête à Brest pour tenter de résoudre cette affaire qui semble bien plus sombre que les affaires classiques de la ré...