Chapitre trente deux

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Port de Brest, Yann était appuyé sur le capot de sa voiture, les yeux dans le vague au travers de ces lunettes de soleil, il était tôt mais le soleil faisait toujours autant chauffer l'air et le bitume du port. Dans un costume bleu clair, il avait retiré sa veste laissant apparaitre son holster et le vieux 357...

Il avait son téléphone dans la main, il attendait quelque chose, il attendait quelqu'un, un message, un mot, une attention mais rien ne venait. Le sourire qui lui collait au visage depuis quelques jours avait disparu. Le vent de l'océan rafraichissait un peu l'atmosphère mais pas les esprits. Après un temps passé dans cette position écoutant les cornes des remorqueurs manœuvrant au loin, il prit place dans sa voiture, il fit vrombir le moteur de sa vieille BMW, attendit un instant encore et parti en trombe faisant crisser les pneumatiques de son bolide.

Il prit la direction de l'autoroute, il repartait pour Paris, Verdier l'avait rappelé la veille pour lui donner les détails de son départ pour le Mexique. Il partait donc avec son fidèle ami Gabin. C'était surement pour veiller sur lui, il le savait mais ce n'était pas grave, Gabin et Yann se connaissaient depuis longtemps et ils s'appréciaient énormément, ils avaient confiance l'un en l'autre et il préférait cela à un départ avec Santos.

Sur l'autoroute, Yann roulait vite, trop vite comme toujours, une main sur son portable te l'autre sur le volant, la tête ailleurs. Les kilomètres défilaient, la fatigue commençait à se faire sentir, les jours s'enchainaient, les trajets aussi, son cœur battait fort, comme serré dans un étau qu'il ne pouvait pas desserrer. Mais la route lui donnait l'impression de maitriser son chemin. Il ne fit qu'une pause de quelques minutes pour rassasier le vieux six cylindres de sa voiture et prendre un café serré, shoot de caféine pour garder les yeux ouverts.

Il arriva sur Paris, pas de passage au Bastion, arrêt minute à Pantin pour faire l'appoint de sa valise puis directement à Orly pour rejoindre Gabin. Il garât la voiture au parking de l'aéroport, place en sous terrain pour la vieille auto. Il sortit sa valise métallique, juste de quoi y ranger les quelques costumes légers et chemise en lin pour le voyage. Il y plaça son 357 Magnum à canon court ainsi qu'un SIG-SAUER SP 2022 dans un contre fond, pratique de voyou pour flic intègre malgré tout.

- Salut Yann, tu vas bien mon pote ?

- Salut Gabin, ça va, un peu crevé vu la route que je viens d'avaler mais j'aurai du temps pour pioncer dans l'avion... Bon, Verdier t'a encore demandé de me chaperonner ?

- On va dire ça... Quoi de neuf à Brest ?

- Ben la piste c'est refroidi après le départ du porte containeurs mais je pense qu'on a là le début d'une piste !

- C'est clair, sur Bayonne on a trouvé la même chose que toi sur Rodez et Brest, encore de l'acide... Et pas grand-chose à retirer des restes retrouvés. Santos est parti sur Narbonne avec Krim, ça a bien chauffé là-bas !

- Ouais, Verdier m'en a parlé ! On commence à les approcher, mais c'est un coup de chance, rien de plus, si ces pauvres flics n'avaient pas été là, on aurait encore ramassé de la soupe dans un putain de bac en plastique !!

- C'est sûr, mais le principal c'est le résultat, on commence à avoir des pistes, on a relevé les cartouches, on a des descriptions, on sait combien ils sont...

- On pense savoir mais savons-nous réellement ?

- Tu philosophes Maze ? T'es malade ou t'es amoureux ?

- Arrête de m'emmerder, tu vas pas t'y mettre comme Verdier, allé on embarque !

Sur ces mots, les deux officiers prirent la direction du pont d'embarquement, un Airbus A 340-300 aux couleurs d'Air France les attendait, les deux collègues s'assirent côte à côte en classe éco, on n'était pas chez les méchants, la police ne voyage pas avec les trente privilégiés de la classe Business !

Il fallait compter 11 heures de vols pour arriver à l'aéroport de Mexico. Là-bas, les autorités Mexicaines, averties par la police française de l'arrivée des deux enquêteurs, devait détacher un interprète et guide pour aider à l'enquête. Les relations étaient plutôt bonnes entre les deux pays mais il fallait malgré tout marcher sur des œufs. Pas question de créer un incident diplomatique entre les services des deux pays. Les Mexicains appréciaient moyennement l'idée que des Français viennent enquêter sur « d'honnêtes » Mexicains les soupçonnant d'enlever des personnes outre Atlantique avant de les ramener ici.

Le vol se déroula sans encombre, Yann pu dormir un peu et tenter de se vider la tête, l'Airbus arriva à bon port, aéroport international de Mexico, un gros décalage horaire dans la vue, les deux policiers venaient de reculer leur montre de 7 heures. A la descente de l'avion, l'air climatisé laissa place à une chape de plomb, chaleur écrasante et luminosité tranchante, les yeux devaient s'habituer, les corps devaient trouver leurs température... Le front de Yann laissait apparaitre de petites perles de sueur, la chaleur en France n'était rien en comparaison avec celle qu'ils trouvaient ici.

Les deux hommes récupérèrent leurs valises, ils passèrent la douane Mexicaine, les passeports en règles furent tamponnés, un passage de plus pour les deux hommes sur les passeports desquels les pays s'enchainaient. A la sortie, une voiture aux couleurs de la police Mexicaines les attendait, un homme et une femme en uniforme étaient là pour eux. La femme les reconnu d'après les photos transmises par la France sur les dossiers. Elle les appela dans un Français presque parfait, un très léger accent laissait entrevoir l'origine de cette femme et lui donnait en plus un charme incontestable. Elle était brune aux yeux sombres, ces cheveux étaient longs mais attachés pour respecter son uniforme, uniforme qui lui allait parfaitement. L'homme qui l'accompagnait était lui grand et musculeux, une armoire à glace de plus d'un mètre quatre-vingt-dix, il avait des lunettes de soleil qui cachait ses yeux, une moustache désordonnée et la sueur ruisselait sur son front. Il était appuyé sur la voiture et les saluât assez froidement.

- Capitaine Maze, je me présente, je suis votre interprète, Adelina Florès, j'espère que vous avez fait bon vol. Je vous présente mon collègue, Delano Mora, qui sera également votre guide, nous devons vous accompagner dans votre enquête, cela a été décidé entre nos deux directions.

- Enchanté, voici mon collègue Gabin Duhamel, nous respecterons les prérogatives et les clauses de cet échange international.

L'homme ne se présenta même pas de vive voix, il s'installa au volant de la voiture de police, un gros pickup au couleur noir et or, « Policia Del Mexico » inscrit en lettre d'or sur les portes. Les policiers français montèrent à l'arrière après que la femme les invita à monter. L'ambiance allait être tendu, impossible de faire autrement que de respecter cet échange, il fallait compter sur la présence de Bonny and Clyde avec eux et le policier au volant du véhicule de police ne semblait pas enclin à les aider dans l'enquête, il était là pour surveiller les faits et gestes des enquêteurs, cela ne faisait aucun doute.

La route défilait, dans une poussière intense le véhicule roulait à bonne allure, le conducteur connaissait parfaitement les lieux, il prenait la direction de l'hôtel où les policiers avaient une chambre de réservée par les services de police française, ils allaient pouvoir souffler un peu après le vol mais il n'était pas question de faire du tourisme car le but était de remonter vers le Santa Maria et son chargement, ils allaient devoir faire des centaines de kilomètre car le port où il avait mouillé était celui de Verra Cruz mais le gouvernement Mexicain avait refusé que les français s'y dirige directement, il devait montrer patte blanche au siège de la police de Mexico pour ensuite valider la continuité de l'enquête.

Les disparus de la RadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant