Chapitre 37 - Heaven or Hell

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CHAPITRE 37

James allait devenir dingue. Il tournait en rond comme un lion en cage. Elle refusait de lui parler ou même de le voir. Il avait tenté d'user de son poste de chef de la résistance mais dès qu'il s'écartait de l'ordre du jour, elle quittait la pièce sans lui laisser le temps d'expliquer quoi que ce soit. Il n'était d'ailleurs pas certain d'avoir une explication valable à lui fournir. Il avait fait une erreur. Il aurait voulu lui dire qu'il ne s'était rien passé mais il ne pouvait pas lui mentir.

Il avait trop bu. Beaucoup trop. Il avait voulu noyer dans l'alcool la perte de Emmeline. Il n'avait jamais été proche de la jeune fille. Ce n'était pas son amie mais il la connaissait depuis qu'il était petit. Elle était cette voisine un peu casse pied qui passait un peu trop de temps dans ses pattes. Le petit garçon qu'il était alors n'admettrait probablement jamais qu'il lui était arrivé d'apprécier la compagnie de l'intruse. Il râlait lorsqu'on lui annonçait qu'elle allait passer avec sa mère mais quand elle était là, il l'entraînait dans ses aventures, passant l'après-midi à construire des cabanes dans le bois du manoir ou à jouer aux explorateurs. Il ressentait une certaine culpabilité de ne pas avoir été plus gentil avec elle lorsqu'il en avait encore l'occasion.

Il doutait que la culpabilité doublée d'une dose un peu trop importante d'alcool serait une justification que Lily jugerait suffisante mais il n'avait pas mieux à lui offrir. Il se souvenait à peine de sa nuit avec Hestia. Il se souvenait l'avoir embrassé dans le bar miteux où ils avaient tous échoué. Il peinait à se rappeler du trajet de retour au manoir. Sirius et Remus avaient disparu, ayant quelques semaines d'abstinences à compenser. Hestia avait donc proposé de le ramener. Elle n'était pas aussi éméchée que lui et pouvait par conséquent transplaner. Il se souvenait qu'elle avait pleuré et qu'il n'avait pas voulu la laisser seule. Elle avait été là pour lui lorsqu'il avait perdu Lily... il le lui devait bien. Ils s'étaient de nouveau embrassés et après ça il aurait juré s'être endormi... mais il s'était réveillé nu comme un ver et dans ses bras reposait une Hestia tout aussi peu vêtue. Il n'avait pas besoin d'être un génie pour arriver à deviner ce qu'il s'était passé.

Il n'aurait pas dû se sentir coupable. Lily et lui n'étaient pas en couple à proprement parlé... C'était ce qu'il se répétait pour tenter d'atténuer la culpabilité qui le rongeait. Ils n'étaient pas ensemble mais il l'aimait et jusqu'à ce matin fatidique... elle l'aimait aussi. Ils étaient séparés mais c'était pour mieux se retrouver. Il doutait désormais que ce plan soit toujours d'actualité. Elle ne le regardait plus dans les yeux, ne s'adressait pas directement à lui à moins que cela ne soit absolument inévitable et elle fuyait sa présence comme la peste.

Il devait trouver un moyen de se faire pardonner. Elle lui avait toujours donné une seconde chance... et une troisième et une centième. Il commettait sans cesse des erreurs. Peut-être que c'était celle de trop cette fois ci. Peut-être que c'était trop grave. Peut-être qu'il l'avait définitivement perdue. Une part de lui avait toujours été bien trop confiante quant à la capacité de pardonner de la jolie rousse. Il se souvenait d'un nombre incalculable de fois où il avait pesé le pour et le contre de l'une de ses stupides farces et d'avoir décidé de mener son plan à terme même s'il savait qu'il risquait inévitablement de se brouiller avec elle. L'idée d'avoir dépassé les limites le terrifiait. Il venait tout juste de la retrouver. Il ne pouvait pas la perdre de nouveau.

Il devait trouver un moyen de l'obliger à l'écouter. Une esquisse de plan se dessina dans son esprit. Il avait beaucoup d'expériences en terme de dispute avec elle et il pouvait s'appuyer dessus. Ce n'était pas la première fois qu'elle refusait catégoriquement de lui adresser la parole et il doutait que ce fut la dernière malgré toutes les bonnes résolutions qu'il pourrait prendre à l'avenir.

Il se souvenait distinctement d'une altercation particulièrement violente entre eux. Il était bien incapable de se souvenir de ce qui avait déclenché la fureur de la jeune fille mais il se souvenait des semaines qui avait suivi. Elle l'ignorait tant et si bien qu'il en vint à douter de sa propre existence. Il avait cru qu'elle ne lui adresserait plus jamais la parole mais une occasion s'était présenté sous la forme d'un jeu aussi stupide que récurent à leur âge : sept minutes au paradis. Les règles étaient plutôt simples. Une bouteille qu'il fallait faire tourner, les deux personnes désignées par chaque extrémité de celle-ci étaient enfermées dans un placard à balai pour vivre sept minutes de paradis... ou d'enfer. Contrairement aux autres pairs qui avaient été formé ce soir-là, Lily et lui ne s'étaient pas bécoté mais elle avait été obligé de l'écouter. Il doutait qu'elle soit d'humeur à jouer à nouveau aujourd'hui mais il pouvait utiliser le même sort qu'autrefois pour les empêcher de sortir. Il aurait sept minutes pour la convaincre. Sept minutes qui décideraient de son sort.

Il aurait dû se sentir stupide. Debout dans un placard à balais, l'oreille plaqué contre la porte pour tenter de reconnaître les pas de Lily. Mais il ne ressentait rien d'autre que de la peur. Il n'était que rarement touché par ce sentiment, bien trop inconscient pour mesurer les dangers potentiels d'une situation donnée. Mais il avait eu du temps pour celle-ci. L'échec n'était pas une option.

Il ouvrit la porte à la volée, la happant sans ménagement et lançant le sort qui l'empêcherait de fuir encore une fois. Il la sentit se débattre et jurer doucement dans sa barbe avant de tenter de sortir lorsque ses yeux se furent adapté à la pénombre ambiante et qu'elle comprit qui était responsable de son kidnapping.

– Laisse-moi sortir, lui ordonna-t-elle d'un ton qui aurait pu paraitre calme et posé en d'autres circonstances.

– Je ne peux pas, tu dois attendre sept minutes pour pourvoir sortir, l'informa-t-il.

– On est plus des enfants Potter, soupira-t-elle tentant vainement de sortir.

– J'ai essayé de régler ça comme un adulte mais tu persiste à m'éviter, contra-t-il en posant sa main sur la sienne pour qu'elle cesse de malmener la poignée.

– Je t'ai dit de ne pas me toucher ! s'écria-t-elle en dégageant sa main comme si son contact l'avait brûlé. Et il n'y a rien à régler.

– Alors quoi ? s'emporta-t-il. C'est fini ?

– On n'était pas ensemble.

– J'ai toujours avec toi, lâcha-t-il plus calmement.

– Tu ne l'étais pas cette nuit-là, rétorqua-t-elle.

– J'avais bu...

– C'est ça ton excuse ? s'enquit-elle, un rire nerveux s'échappant d'entre ses lèvres.

– Non ! Oui... Evans je suis désolé. Je voulais pas coucher avec elle.

– Je ne veux pas parler de ça. Je ne veux pas savoir, dit-elle en plaquant ses mains sur ses oreilles, sa voix se brisant.

– C'était la première fois que je perdais quelqu'un... en tant que chef de la Résistance, admit-il finalement. Je n'ai pas l'habitude d'échouer. J'ai mal réagit. Je n'aurais pas dû boire autant.

– Tu ne peux pas sauver tout le monde, dit-elle après ce qui lui sembla une éternité.

– Je voulais que les choses soient différentes. Je ne voulais pas être comme Maugrey. Le résultat est le même au final, conclu-t-il avec une frustration évidente.

– Maugrey se fichait des pertes tant que l'objectif était atteint. Tu n'es pas comme lui. Ce n'est pas une victoire si l'un de nous ne s'en sort pas.

– Dis-moi que je ne t'ai pas perdu aussi.

– Je ne sais pas... répondit-elle en se refermant de nouveau, croisant les bras comme pour se protéger d'une douleur qui viendrait de l'extérieur... de lui.

– Dis-moi que tu m'aimes encore.

– Je t'aimerais toujours James.

Il ferma les yeux lorsqu'elle effleura sa joue de sa main. Il ne les ouvrit pas lorsqu'il entendit la porte se déverrouillé annonçant de ce fait que le sort était levé. Il les garda hermétiquement clos, attendant qu'elle ouvre la porte et disparaisse de nouveau, mais rien ne lui parvint. Il sentit les lèvres de la jeune fille se presser contre les siennes. Elle n'était pas partie. Pas encore. Il lui rendit son baiser avec une passion décuplée par des semaines de manque. Merlin, ce qu'elle avait pu lui manquer. Était-ce des adieux ? Sept minutes de paradis pour une éternité en enfer ?

Holding a Heart - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant