Chapitre 23 - Forgiveness

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CHAPITRE 23 

James avait une autre méthode. Une méthode qui fonctionnait. L'Ordre faisait enfin des progrès et de plus en plus de sorciers participaient dans l'ombre à vaincre le Maître des Ténèbres. Aidant du mieux qu'ils pouvaient, libres de choisir leur niveau d'implication. Maugrey était mécontent. Pour lui il n'y avait pas de nuances. Soit une personne faisait partie de la résistance, soit elle n'en faisait pas partie. Pour James, il était important de tenir compte des circonstances de chacun. Les Weasley étaient le parfait exemple. Ils ne pouvaient pas rejoindre l'Ordre, leurs enfants étaient trop jeunes pour être livrés à eux même. Cela n'empêchait pas Molly et Arthur d'être des alliés précieux. Beaucoup étaient dans le même cas, prêts à offrir l'asile à ceux qui étaient traqués et pourchassés par les Mangemorts.

Lily ne pouvait qu'être fière de ce qu'il était parvenu à accomplir en un temps aussi limité. Les choses allaient pour le mieux pour ce qui était de l'Ordre mais elle ne pouvait en dire autant pour ce qui était de leur couple. Pouvaient-ils réellement se qualifier ainsi quand ils se voyaient à peine ? Mais ce n'était pas la seule chose qui « clochait ». Bien évidement ce n'était pas improbable qu'elle « psychote » juste mais elle ne pouvait ignorer ce pressentiment. Il lui manquait lorsqu'il partait en mission. Il continuait de lui manquer lorsqu'il était là. Tout simplement parce qu'il ne l'était pas vraiment. Peut-être était-ce la surcharge de travail et les responsabilités qui lui incombaient désormais, toujours était-il que James n'était jamais entièrement « avec » elle. Cette distance la rendait folle. Elle ne parvenait pas à la réduire peu importe ce qu'elle faisait. Elle avait beau dormir dans ses bras chaque nuit, entrelacer leurs doigts à chaque occasion, le serrer contre elle, se blottir contre lui, ou encore l'embrasser comme s'il n'y avait pas de lendemain... rien n'y faisait, ce n'était pas physique. C'était autre chose.

Elle n'osait néanmoins pas lui en parler. Son intuition lui soufflait qu'une fois qu'elle aborderait le sujet, tout deviendrait plus concret. Formuler le problème à voix haute lui semblait suicidaire. Ils ne s'étaient pas disputés une seule fois depuis leur réconciliation miraculeuse à l'hôpital. Une preuve supplémentaire que quelque chose clochait dans leur relation. C'était idiot mais se chamailler faisait partie d'eux. Ne pas le faire ne faisait qu'accentuer le fait que quelque chose manquait. Elle n'était pas parano... elle n'était pas certaine de ne pas l'être. C'était problématique. Devait-elle risquer une dispute en lui faisant part de ses insécurités... en l'accusant de ne pas être assez présent ? Peut-être qu'une autre approche pourrait leur éviter ça. Elle ne voulait pas gâcher leur rares moments ensemble pour une chose dont elle n'était pas sûre.

C'est dans ces moments que « son » absence se faisait le plus ressentir. Marlène. Sa meilleure amie, sa Marley. Celle qui était capable de comprendre et disséquer le comportement de n'importe quel garçon. Celle qui parvenait à tout dédramatiser. Elle aurait pu se tourner vers Alice mais elle aurait eu l'impression de se servir d'elle comme substitut. De plus, elle avait l'impression qu'un fossé la séparait de ses amis d'autrefois. Elle était celle qui était partie et James celui qui était resté, par conséquent, ils étaient devenus plus proche de lui. Elle était la « méchante » de l'histoire. Ils lui avaient pardonné bien sûr mais c'était comme si elle avait perdu le droit de se plaindre.

Dans tous les cas, elle ne voulait se confier à personne d'autre que Marlène. Mais elle n'était plus là et elle devait apprendre à vivre sans elle. Elle ne pouvait pas se permettre de reproduire les mêmes erreurs que la première fois. Plutôt que de fuir son absence ou d'essayer de combler le vide qu'elle avait laissé, elle devait accepter sa présence. La présence de l'absence. Une jolie contradiction en somme.

Marlène n'était plus là, mais elle n'approuverait certainement pas sa stratégie consistant à se tourner les pouces en évitant le sujet et en reportant l'instant fatidique qui pouvait bouleverser son futur dans le seul but de ne pas ternir son présent. Elle prit donc son courage à deux mains enfilant sa robe de chambre, s'aventurant dans les couloirs du manoir Potter. Elle préférait de loin l'appartement de James et Sirius mais vivre avec quatre garçons dans un espace prévu pour deux étaient vite devenu intenable. Ils avaient donc décidé que vivre ici serait plus accommodant. Sirius et Remus avaient ainsi leur intimité. Et Peter avait récupéré la chambre de James. De plus c'était plus simple pour James de vivre, littéralement, au-dessus du QG de l'Ordre. Elle avait pensé à tort qu'ils auraient d'avantage d'occasions de se voir et de passer du temps ensemble mais le résultat fut tout à fait l'inverse. James ne s'arrêtait presque pas. Il lui arrivait de ne la rejoindre dans leur chambre qu'aux aurores, se levant quelques heures plus tard.

Elle entreprit donc de le chercher, ses pieds s'enfonçant silencieusement dans les luxueux tapis du manoir qui recouvrait le parquet parfaitement ciré des longs corridors. Elle se souvenait de la première fois qu'elle était venue ici. Elle se souvenait du bal. Merlin ce qu'elle aimait danser avec lui. Elle aurait pu tournoyer à l'infini pour peu que cela fut dans ses bras. Aujourd'hui plus personne ne dansait ici. Plus personne ne riait. On aurait pu croire qu'une colonie de détraqueurs avait élu domicile au-dessus de leur tête, aspirant la moindre étincelle de bonheur qui aurait pu émaner d'eux. Elle poussa la porte de la bibliothèque, s'attendant presque à voir Charlus Potter. Mais Charlus n'était plus là. Comme beaucoup d'autres. La présence de l'absence.

Mais James était là. Physiquement tout du moins. Ses cheveux éternellement en pagaille, ses lunettes derrière lesquelles brillaient deux iris d'un doré inimitable. Il lui tournait le dos et pourtant il savait qu'elle était là. Elle l'avait vu à la fine contraction de son dos, à ses épaules qui s'était légèrement redressé. À sa respiration qui s'était interrompu un instant. Elle pouvait reconnaitre tout ça puisque son corps se tendait aussi en sa présence comme s'il était capable de reconnaitre sa « moitié ».

– James, murmura-t-elle, son cœur tressautant en un léger soubresaut lorsqu'il se tourna vers elle.

– Evans ? Tu ne dors pas ? Il est tard.

Il lui tendit les bras et elle se retint de s'y jeter. Elle ne devait pas faiblir. Pas ce soir. Pas encore. Il fallait qu'elle crève l'abcès et si elle acceptait son invitation silencieuse à le rejoindre, elle savait qu'aucun mot n'accepterait de franchir ses lèvres. Son corps refuserait tout bonnement de gâcher un tel moment.

– Qu'est ce qui se passe ? lui demanda-t-il s'inquiétant probablement de ne pas la voir le rejoindre.

– À toi de me le dire, répondit-elle, inspirant avant de poursuivre. Est ce qu'il y a un problème ?

– De quoi tu parles ? l'interrogea-t-il visiblement perdu. Tout le monde va bien et tout se passe pour le mieux, les dernières missions ont été un franc succès ! poursuivit-il, convaincu qu'elle parlait d'un problème au sein de l'Ordre.

– Je parlais de nous deux James. Est ce qu'il y a un problème ? Répéta-t-elle agacée qu'il n'ait pas pensé à eux en premier et s'en voulant de faire passer ses problèmes futiles avant la Cause.

– Qu'est ce qui te fais dire ça ? Demanda-t-il confirmant ainsi ses doutes puisqu'il ne niait pas, ce qui signifiait qu'elle n'était pas parano et cette nouvelle ne la réjouit aucunement.

– Tu es là... sans vraiment l'être...

– J'ai du travail, prétexta-t-il.

– Je sais. On en a tous. Toi plus que les autres bien évidemment. Mais c'est... autre chose. James pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu es aussi loin ? J'ai beau me rapprocher, rien n'y fait.

– Je ne sais pas, répondit-il en détournant le regard, signe qu'il mentait.

– Tu le sais. Dis-moi juste ce qui ne vas pas, insista-t-elle en le voyant se murer ostensiblement dans son silence. Si tu ne dis rien, comment est-ce que je suis censé régler le problème ?

– Je ne t'ai pas pardonné, finit-il par admettre, toujours sans la regarder. Je t'aime mais... une part de moi te déteste.

Son cœur ne se brisa pas face à cet aveu. Elle se rendit compte qu'elle avait toujours su qu'il s'agissait de ça. Elle avait juste préféré rester dans le déni aussi longtemps que la situation le lui avait permis. Elle avait craint cet instant et à juste titre. À la crainte succéda l'impuissance. Elle ne pouvait rien y faire.

James Potter la détestait.

Holding a Heart - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant