Holding a Heart - Tome 2

Chapitre 99 - Too simple

CHAPITRE 99

C'était si simple. Un rictus étira ses lèvres bien trop pâles. On différenciait à peine celles-ci de sa peau tout aussi lactescente. Il s'était avancé presque lentement dans la rue. Un minuscule enfant le bouscula. Il considéra un instant l'idée de mettre un terme à son existence avant de se raviser. Il n'était pas là pour ça. Il n'était pas là pour lui. Il ne reprit sa route qu'une fois que le garçon et son déguisement criard de citrouille eurent disparu. Il avait toujours adoré Samhain et il savait qu'après cette nuit, il apprécierait d'autant plus cette fête. Il n'avait pas choisi cette date au hasard. Pettigrow lui avait fourni la localisation des Potter il y a des semaines de cela mais il avait décidé de se montrer patient. Il s'apprêtait à devenir le Maître de la mort. Quelle meilleure nuit que celle-ci pour réaliser son objectif ? Le voile entre les deux mondes était si fin qu'il pouvait presque percevoir au-delà du voile de coutume bien trop opaque. Il avait commencé à osciller entre la vie et la mort à partir du sixième horcruxes. C'est la raison pour laquelle il avait décidé de s'arrêter là et de ne pas poursuivre jusqu'au septième comme prévu. Son apparence altérée était également à prendre en compte. La terreur qu'il avait lue dans le regard de l'enfant moldu était bien éloigné de l'admiration qu'il inspirait autrefois. Il avait toujours été vaniteux, ce n'était pas une chose contre laquelle il pouvait lutter. Diviser son âme en six était déjà un exploit.

Il s'arrêta devant la maison des Potter, prenant presque son temps. Il lança un regard aux fenêtres éclairées. Des rires lui parvinrent même de l'intérieur. Ils étaient insouciants. Trop confiants. S'en était presque insultant. N'étaient-ils dont pas terrifiés ? Ils regretteraient bien assez tôt cet excès d'assurance. Ils avaient confié leur vie à la mauvaise personne. Ils les tueraient et ensuite il se chargerait de leur fils. Severus lui avait demandé d'épargner la mère de l'enfant. Il hésitait encore à accéder à la requête. Le jeune homme était certes l'un de ses favoris mais son amour pour Lily Evans le rendait faible, distrait. Il aviserait une fois face à elle. Severus lui avait assuré qu'elle était brillante et puissante malgré la pauvreté de son sang.

Il poussa le portail qui grinça comme pour annoncer son arrivée. Il ne prit pas la peine de lancer un sort pour les empêcher de fuir. Il ne pouvait pas transplaner avec l'enfant. Peter lui avait assuré que James n'avait plus en sa possession la cape d'invisibilité et que le couple n'avait pas investi dans une armoire à disparaitre. Ils n'avaient aucun moyen de lui échapper. D'un simple sort, il déverrouilla la porte d'entrée. Le silence régnait en maître absolu. Il en fut presque étonné. Il pensait que cet imbécile de Potter foncerait tête baissée. Un biberon gisait à même le sol dans le salon encore éclairé. Ils avaient dû se précipiter à l'étage dans l'espoir d'y trouver refuge. Il ne put s'empêcher de rire à cette idée. Il lança un coup d'œil vers la cuisine avant d'entendre un craquement à l'étage. Ces vieilles maisons étaient un véritable bonheur. Le moindre mouvement entrainait un grincement du plancher. Il ne s'en soucia pas en grimpant les escaliers. Il n'était pas la proie, il n'avait pas à être discret ou silencieux.

La porte de la chambre du garçon était grande ouverte, lui donnant une vue imprenable sur le berceau du bambin qui le fixait de ses immenses yeux verts. Il ne semblait pas le moins du monde effrayé contrairement à l'enfant qu'il avait bousculé un peu plus tôt. C'était à la fois rassurant et inquiétant. Il aurait dû trembler devant lui comme tous les autres. Il jura dans sa barbe en se rendant compte qu'il était celui qui s'était arrêté de marcher. Celui qui était terrifié à la vue d'un simple garçon sans défense. Cette prophétie était absurde. Comment un enfant pourrait-il être son égal ? Il était le plus grand mage de son temps ! Plus puissant que Grindelwald ! Même Dumbledore n'avait rien pu faire contre lui ! Il avança donc d'un pas assuré vers sa prochaine victime. Il fut coupé dans son élan par la mère de l'enfant qui lui barrait la route. Il ne put retenir un rire sincère en remarquant qu'elle s'était interposée sans sa baguette.

– Écarte-toi, lui ordonna-t-il en se disant qu'elle méritait qu'il lui offre cette échappatoire pour l'avoir fait rire.

– Non, répondit-elle sans faire mine de s'écarter.

– Allez, je ne me répéterais pas, soupira-t-il tout amusement l'ayant quitté, sa patience mise à rude épreuve par la jolie rousse bien trop têtue pour son bien.

– Jamais !

– Tu ne me laisses pas le choix. Severus sera déçu, dit-il en pointant sa baguette sur elle.

– Pourquoi ça ? Il est marié avec ? Il a un enfant avec ?

Il se figea en sentant une baguette appuyer contre sa nuque. Il tourna légèrement la tête mais la pression de la baguette de son assaillant s'accentua, l'en dissuadant.

– Moi à ta place, je garderais les yeux fixés sur elle parce que c'est elle qui va te mettre une raclée.

Il n'avait aucun besoin de voir le visage de ce dernier pour connaître son identité. L'intonation jalouse et les répliques ne laissaient aucun doute. Il s'agissait de James Potter. Severus lui avait parlé de leur rivalité. Il n'avait visiblement pas apprécié qu'il mentionne son ennemi et encore moins en le liant à sa femme. C'était une conversation absurde. Il était le Maître des Ténèbres. Il venait pour les tuer. Ce n'était pas le moment d'être jaloux. Il gâchait son moment ! Il ne mentionnerait pas cette intervention délirante. Il ne voulait pas que l'histoire relate cet instant lorsqu'on étudierait ses exploits.

– Vous ne pouvez pas me tuer.

– Vraiment ? demanda la rousse en feignant mal l'étonnement, un sourire menaçant étirant ses lèvres tandis qu'elle touchait du doigt un des objets suspendus sur la sorte de roue surplombant le berceau.

Il ne comprit que trop tard de quoi il s'agissait. Il vit le gamin d'à peine un an tendre la main vers le diadème de Rowena Serdaigle, attiré par le saphir qui reflétait à la perfection les rayons de la lune.

– Non... murmura-t-il en posant les yeux successivement sur la bague, la coupe et le médaillon qui pendait de la même manière.

– Tu disais ? lui demanda James.