CHAPITRE 36
Lily ne voulait pas sauter aux conclusions. Il devait y avoir une explication. Peut-être qu'Hestia avait renversé son café et qu'elle avait dû se changer. Elle ne pouvait pas être certaine qu'il s'agissait de la chemise de James. La voix de la raison sembla s'agacer de sa naïveté. Bien sûr que c'était la chemise de James. Sans compter que renverser une boisson chaude sur soi ne justifiait pas de se balader en petite culotte dans une maison qui n'était pas la sienne. Ajoutez à cela la petite phrase de la jeune fille concernant le fait qu'ils ne l'attendaient pas si tôt. Elle avait utilisé le pronom « on ». Qui ça « on », si ce n'est James et elle. Elle avait voulu suivre les autres au bar après la veillée pour Emmeline mais lorsqu'elle avait vu qu'Hestia était de la partie, elle avait battu en retraite. Dorcas, Hestia et Emmeline formaient un trio plutôt uni et il lui avait semblé plus légitime de laisser à Hestia cette soirée. Elle avait voulu faire confiance à James. Elle s'était dit que ça les feraient avancer. Elle avait eu tort.
– Lily ? Ça ne va pas ? s'enquit Hestia qui semblait vraiment inquiète de son manque de réaction.
– Je... je dois faire des recherches à la bibliothèque, expliqua Lily en pressant le pas, laissant derrière elle sa rivale.
Elle referma les doubles portes derrière elle, s'appuyant contre le bois centenaire de celle-ci, comme pour y puiser un peu de force. Son cœur peinait à battre ce qui rendait l'action de respirer plus difficile. Elle ferma les yeux et le regretta amèrement puisque son esprit se fit un devoir de lui fournir une reconstitution parfaite des événements qui avaient précédé sa rencontre avec Hestia. Elle aurait voulu pleurer mais son corps semblait lui refuser cette option. Elle était celle qui était partie. Elle était celle qui avait mis à rude épreuve leur relation. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Ce gâchis, c'était le sien. Elle se sentait ridicule. Ils étaient en pleine guerre et elle était plantée là à ressasser ses regrets. Elle devait se reprendre. Elle devait avancer. Elle trouva la force de s'écarter de la porte. Elle devait apprendre à tenir debout seule. Elle ne pouvait pas s'effondrer à chaque drame qui apparaissait sur sa route. Elle devait être plus forte.
Elle s'approcha des étagères qui supportaient le poids des lourds volumes composant la bibliothèque des Potter. Elle devait trouver une explication à ce qui s'était passé au Ministère. Elle avait utilisé sa magie... sans pour autant utiliser sa baguette. À la manière des enfants. Mais la puissance du sort ne correspondait en rien aux prouesses limitées que pouvaient réaliser les plus jeunes sorciers. Elle parcouru de nombreux livres sans obtenir de réelles explications sur cette nouvelle capacité. Pouvait-on vraiment parler de « nouveauté » ? Elle avait toujours été capable d'utiliser son pouvoir sans baguette, et de manière bien plus précise que ce que voulait la norme. Elle n'avait aucune idée de cela avant d'arriver à Poudlard et de discuter avec les autres élèves de la première manifestation de leur pouvoir. Pour la plupart ils s'étaient agi d'actes minimes comme faire exploser un objet sous l'effet de la colère. Ceux qui était issu de familles sorcières avaient rapidement eut accès à une baguette, pour les autres ils avaient dû attendre la rentrée, s'émerveillant de faire trembler l'eau dans leur verre après des heures de concentration. Aucun n'avait fait éclore de fleurs...
Elle fut tirée de ses pensées et de sa lecture par l'arrivée d'Albus Dumbledore qui prit soin de refermer la porte de la bibliothèque derrière lui, comme s'il avait senti que ce lieu était un refuge pour elle. Elle se releva, glissant un doigt entre les feuilles du livre qu'elle consultait pour ne pas en perdre la page lorsqu'elle le referma.
– Bonjour professeur, j'étais en train de...
– Je sais ce qui vous amène ici miss Evans, l'interrompit le vieil homme en jetant un œil au titre du recueil qu'elle tenait contre elle. Vos recherches se sont-elles révélées fructueuses ?
– Pas vraiment, admit-elle un peu abattue de ne pas avoir au moins réussi cela.
– Je peux peut-être vous aider, répondit-il en s'installant dans l'un des fauteuils tout en lui faisant signe d'en faire de même. James m'a expliqué ce qui s'était passé mais j'aimerais entendre votre version.
– Et bien... dit-elle en s'installant face à lui, tout s'est passé si vite. J'étais en colère et...
– Oui ? s'enquit-il, se penchant en avant, ses yeux brillants d'un intérêt bien mal dissimulé par ses verres en forme de croissant de lune.
– Je voulais les protéger.
– Incroyable, murmura-t-il.
Elle n'avait jamais détesté l'idée d'être différente, ou tout du moins pas avant que Pétunia ne la traite de monstre. Ses insécurités avaient été apaisées lorsqu'elle avait découvert l'existence d'un monde composé de personnes qui lui ressemblaient. Elle était différente de Pétunia mais elle n'était pas un monstre. Elle appartenait à la communauté magique. Avec ce qui s'était passé au Ministère face à Voldemort et ses troupes, elle sentait ses certitudes se fissurer. Elle était encore une fois différente et elle n'était pas certaine de vouloir que ce soit le cas.
– Vous avez sauvé de nombreuses vies ce jour-là Miss Evans. Être unique est une chose que vous devriez embrasser et non craindre.
– Et si je blessais quelqu'un sous le coup de la colère ?
– Ce n'est pas la colère qui vous animait mais la volonté de protéger les personnes que vous aimiez. L'amour ne blesse pas.
Elle aurait voulu lui répondre que l'amour est ce qui blesse le plus mais ils furent interrompus par l'arrivée du maître des lieux : James. Il passa la tête dans l'embrasure de la porte. Il sembla surpris de voir Dumbledore. Ce dernier se leva, la gratifiant d'une sourire tout aussi énigmatique que le reste de sa personne.
– Je vais vous laisser tous les deux. Monsieur Potter a des choses à dire si je ne m'abuse.
– Je devais partir aussi, dit-elle en se levant précipitamment, incapable de rester seule avec « lui ».
Elle dépassa rapidement le vieux mage et se faufila hors de la bibliothèque en évitant soigneusement tout contact avec le garçon qui n'eut pas le temps de la retenir tant elle avait été rapide.
– Evans ! l'entendit-elle lui crier sans pour autant s'arrêter.
L'air coupable qu'il affichait ainsi que l'intonation de sa voix ne laissait plus aucun doute sur ce qu'elle avait tenté de nier. Il avait passé la nuit avec Hestia. Elle courut jusqu'à la grille du manoir, et une fois dehors, elle sorti sa baguette pour transplaner, avant d'être arrêtée par une main qui s'enroula autour de son poignet.
– Lily !
– Ne me touche pas ! dit-elle en se dégageant de son emprise. Ne me touche plus jamais !
Elle transplana. Loin de lui. Loin de sa trahison qui n'en était pas vraiment une. Ils n'étaient pas ensemble. Ils n'étaient rien.
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Holding a Heart - Tome 2
Fanfiction{TERMINÉE} Après l'assassinat de Marlène Mckinnon, Lily Evans décide de se retirer du monde magique alors que les Maraudeurs continuent d'oeuvrer pour l'Ordre. Les années qui ont suivis Poudlard ... jusqu'à la fin. - fin alternative - (Jily - Wolfst...