Chapitre 54 - Yes

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CHAPITRE 54

Lily n'en croyait pas ses yeux. Il avait choisi LA maison. Celle dont elle était tombée amoureuse lorsqu'elle avait rendu visite à Dumbledore avec Sirius. C'était probablement une simple coïncidence ou tout du moins un concours de circonstances. Le vieux mage vivait dans la petite ville de Godric's Hollow, nul doute qu'il était celui qui avait conseillé à James d'acheter cette maison lorsqu'il avait appris qu'elle était à vendre. Son cauchemar n'en était peut-être pas tout à fait un. Elle aimait l'idée que leur enfant naisse et grandisse ici. Sa magie ne serait pas une aberration. Elle comprenait la politique du secret. Elle comprenait la nécessité de se cacher. Cela ne signifiait pas qu'elle appréciait cet état de fait. Elle avait espoir qu'un jour, moldus et sorciers coexisteraient en harmonie. Que la peur issue de l'ignorance ne soit plus qu'un lointain souvenir malheureusement il s'agissait d'une utopie qu'ils étaient bien loin d'atteindre. Elle en voulait à Voldemort d'éloigner un peu plus cette réalité à laquelle elle aspirait. Le monde magique n'était pas prêt à quitter le refuge que lui offrait le secret, et il l'était chaque jour un peu moins à cause du mage noir.

– Il y a trois chambres à l'étage, l'informa James tout en lançant un sort pour soulever les cartons entassés sur le trottoir et les « porter » à l'intérieur.

Elle le suivit-lui et la longue file de cartons-en ignorant son cœur qui semblait n'avoir de cesse de se briser à chaque fois que le garçon s'adressait à elle. Elle ne se faisait pas d'illusions. Ils feraient bien évidement chambre à part. Cette maison aurait été parfaite s'ils étaient encore un « nous » mais aux vues de leur relation actuelle, sa taille plutôt imposante serait un handicap. Il pourrait l'éviter autant qu'il le voudrait, il y avait assez d'espace pour ça. L'avait-il choisi pour cette raison ? Lorsqu'il lui avait tendu les clés le soir de son anniversaire, elle était loin de se douter qu'il s'agissait d'un cadeau empoisonné.

Elle se sentit un peu coupable de faire preuve d'autant d'ingratitude, mais elle aurait voulu un cadeau plus personnel... moins « pratique et utile » et surtout moins « imposant ». Elle se sentit d'autant plus mal de formuler ça ainsi. C'était pourtant ce qu'elle ressentait. Elle avait toujours détesté ce fossé économique entre eux. James avait à sa disposition une fortune colossale et sans lui, elle n'aurait certainement pas pu s'acheter une maison. Sans compter que son statut de sang l'aurait probablement empêché d'acquérir celle-ci par les temps qui courent. Elle avait cette impression de toujours lui devoir plus sans aucun moyen de lui rendre la pareille.

– Si elle ne te plaît pas, commença-t-il lorsqu'elle l'eut rejoint dans l'entrée.

– Elle est très bien, le coupa-t-elle immédiatement en agitant la main.

– Ce n'est que provisoire de toute manière, ajouta-t-il en commençant à ouvrir les cartons sans se rendre compte qu'il venait une fois de plus de la poignarder en plein cœur.

Une fois que la menace qui pesait sur leur enfant à naître serait écartée, ils n'auraient plus à cohabiter. Elle se demandait comment les choses se passeraient s'ils remportaient ce combat contre Voldemort. Opteraient-ils pour une garde partagée ? Elle posa inconsciemment sa main sur son ventre, une bouffée de possessivité l'envahissant à l'idée d'être séparée de son enfant.

– Quelque chose ne va pas ? demanda James qui avait remarqué son geste et s'était rapproché, posant sa main par-dessus la sienne, les sourcils froncés sous l'effet de l'inquiétude.

– Je ne sais pas, mentit-elle, ne voulant pas qu'il s'écarte trop vite, se laissant aller à son contact, aussi infime soit-il.

– Tu as mal ?

– Non, répondit-elle, s'obligeant à être plus raisonnable. Ça va. Fausse alerte.

Elle ne pouvait pas utiliser l'enfant pour se rapprocher de lui. C'était ce qu'elle avait craint le plus. Elle refusait de basculer là-dedans. Même si ça signifiait dire au revoir à une vie de famille stable... Elle espérait que son enfant ne lui en voudrait pas d'avoir tout gâché. Elle regarda James s'éloigner de nouveau pour ouvrir un énième carton et faire voler vaisselles et linges de maison dans les placards et autres espaces de rangements, sans plus se soucier d'elle. Elle l'imita, ouvrant l'un des cartons au hasard. Elle n'avait pas pris le temps de vérifier s'il s'agissait bien des siens... Elle ne comprit que trop tard qu'il appartenait à James mais elle ne le referma pas. Glissant sa main à l'intérieur pour en sortir un écrin qu'elle ne reconnut que trop bien puisqu'elle était celle qui le lui avait offert des années plus tôt. À Noël. Pourquoi avait-elle cette impression atroce d'être constamment en deuil ? Le souvenir de sa demande en mariage était une véritable torture. Ils avaient été si heureux... Elle ne pouvait accepter d'être reléguée au rang de souvenir.

Elle n'avait jamais été une grande séductrice et sa confiance en elle avait été mise à rude épreuve ces derniers temps, mais elle était certaine d'une chose. James avait un faible pour elle. Un faible particulièrement fort d'ailleurs. Et ça sans qu'elle n'ait jamais eu à lever le petit doigt. Elle avait déclaré forfait trop tôt. Ça ne lui ressemblait pas. Quel exemple cela donnait à son enfant ? Elle devait se battre pour lui et pour eux. Avec les armes qu'elle avait à disposition : soit une maison vide, du temps et...

– Je vais prendre une douche, soupira-t-elle avec lassitude bien qu'elle ne fût pas le moins du monde fatiguée, déboutonnant son chemisier sans attendre d'être dans la pièce prévue à cet effet.

– Elle est à l'... commença James en se tournant vers elle, s'interrompant lorsque ses yeux se posèrent sur son chemisier entrouvert.

Ce dernier laissait entrevoir sa poitrine bien plus généreuse à cause... ou plutôt « grâce » à sa grossesse. La dentelle noire de son soutien-gorge contrastant à la perfection avec sa peau d'un blanc que rien ne venait altérer si ce n'est ses tâches de rousseur. Celles-ci étaient d'un rouge orangé aussi enflammé que l'étincelle de désir qu'elle lut dans le regard du garçon. Elle glissa ses doigts jusqu'au bouton suivant avant de suspendre son geste. Elle le vit retenir son souffle. Elle le tenait.

– À l'étage ? s'enquit-elle d'une voix presque innocente.

– ... oui, balbutia-t-il.

Elle lança un regard à l'écrin. Il avait dit oui une première fois. Il le dirait à nouveau.

Holding a Heart - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant